Les ventes de produits de grande consommation continuent de marquer le pas dans les enseignes de la grande distribution en France. Jusqu’où ira la « déconsommation » ?
La grande distribution doit-elle s’inquiéter ?
Les habitudes des consommateurs hexagonaux évoluent. Si les grandes surfaces ont connu leurs heures de gloire par le passé, cette âge d’or est peut-être en passe d’être révolu. Une étude de la société IRI récemment publiée indique ainsi que les volumes d’achat ont baissé de 1,4 % en 2019. Ce qui constitue une accélération par rapport à 2018 (0,8%) mais c’est surtout une tendance de fond qui se dessine : la publication souligne qu’en quatre ans « les volumes des produits de grande consommation auront baissé en GSA de 2 % tandis que la population française continue légèrement de croître (+ 0, 6 %) ». De quoi en tirer un enseignement : les GMS ne doivent plus compter sur la croissance démographique pour s’assurer un avenir !
Il faut remonter à l’année 2015 pour retrouver trace de la dernière hausse des volumes d’achats d’articles du quotidien avec +1,1 %. Mais les Français changent progressivement leur regard sur la consommation si l’on s’en fie à ces données.
« Déconsommation » : des modes en mutation
Dans ces conditions, IRI évoque la « déconsommation », un phénomène amorcé l’an dernier qui « s’installe et s’accentue dans les grandes surfaces alimentaires ». Si la limitation du pouvoir d’achat de certains consommateurs constitue une explication pour une partie de cette baisse, la recherche de produits plus sains associée à une prise de conscience est aussi évoquée pour d’autres.
Autre facteur avancé, le vieillissement de la population. Il s’avère que les seniors, dont le nombre a considérablement augmenté ces dernières années, font preuve de plus de sobriété en avançant dans l’âge. En achetant moins. Et en faisant davantage leurs courses dans les petits commerces indépendants.
Par ailleurs, le discours environnementaliste ambiant et les campagnes de communication contre le gaspillage semblent aussi porter leurs fruits. Avec les incidences évidentes que cela comporte sur les achats. Le développement de la livraison de repas à domicile via Uber Eats, Deliveroo et autres est aussi très en vogue dans les aires urbaines françaises. De quoi également contribuer à freiner les ventes de la grande distribution.
Baisse des ventes mais hausse des prix
Paradoxalement, la baisse des volumes d’achat de produits de grande consommation en 2019 a été compensée par l’inflation et la valorisation de ces articles. Une inflation qui s’est élevée à 0,92 % sur l’alimentation à cause de la loi Egalim, loi remontant de 10 % le seuil de revente à perte.
Quant aux prix, l’achat de produits de meilleure qualité et plus chers a permis d’augmenter les chiffres d’affaires des acteurs de la grande distribution de 1,3 %. Avec une hausse de 0,8 % du chiffre d’affaires pour les distributeurs. Mais cette montée en gamme atteint ses limites : « La baisse des volumes va commencer à se voir dans le chiffre d’affaires », selon une spécialiste d’IRI.
Cette grande distribution ne doit par ailleurs pas trop compter sur les campagnes pour maintenir ses ventes. Les ruraux ont eux aussi bousculé progressivement leur routine d’achat. Et optent désormais pour d’autres types de commerces en plus de leur grande surface habituelle : magasins bio, achat en direct du producteur, etc. Sans oublier le e-commerce qui est devenu un concurrent sérieux pour les GMS sur certains segments de produits. Tout comme les sites pour objets de seconde main. La fin d’une époque ?
AK
Crédit photos : Flickr (CC BY 2.0/Stéphane Mignon)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine