L’année 2018 avait été mauvaise en France sur le front de la délinquance. L’année 2019 est pire : c’est ce qui ressort des statistiques publiées jeudi soir par le ministère de l’Intérieur dans son bulletin statistique Interstats Analyse. Il s’agit d’une « première photographie » précédant le bilan complet attendu pour fin mars, avec des précisions régionales. Mais l’image est déjà nette : la décivilisation française progresse.
Il ne s’agit pas seulement de délinquance crapuleuse. La délinquance sexuelle, témoin d’un changement culturel, continue à progresser fortement. Le ministère de l’Intérieur le reconnaît sans détour : « Après une année 2018 marquée au niveau national par une hausse sensible du nombre de violences sexuelles enregistrées (+19 %), l’année 2019 affiche également une augmentation très nette de ces violences (+12 %) ». Le phénomène est général : « toutes les régions françaises ont connu des augmentations du nombre de viols, agressions et harcèlement sexuels ».
En forte hausse aussi, les escroqueries (+ 11 %), les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plu (+ 8 %) et les homicides. Ces derniers restent cependant peu nombreux : 970 cas en 2019.
De grandes inégalités entre territoires
Les régions françaises ne sont pas égales devant la délinquance. Ainsi, avec 0,009 homicides pour 1 000 habitant, soit cinq fois moins qu’en Corse, la Bretagne reste la région où l’on tue le moins. Elle est aussi l’une des moins touchées par les cambriolages. Hélas, sa bonne place est en partie artificielle : les statistiques de l’Intérieur ne portent que sur la région administrative ! Car la Loire-Atlantique souffre particulièrement de la hausse de la délinquance. Elle figure ainsi, avec la Gironde et la Haute-Garonne, « parmi les départements les plus touchés par les cambriolages de logements en 2019 ». Elle est aussi le département où le nombre de vols de voiture a le plus augmenté. Les vols dans les véhicules ont été un peu moins nombreux en 2019 mais la Loire-Atlantique demeure, avec les Bouches-du-Rhône et la Haute-Garonne, sur le podium des départements les plus touchés.
Mais la vraie différence ne se situe ni à l’échelon régional, ni à l’échelon départemental. Car un énorme écart sépare les plus grandes agglomérations et les zones rurales. Ainsi, « le nombre de vols violents sans arme enregistrés pour 1 000 habitants augmente de manière très marquée avec la taille des agglomérations. En moyenne, ce taux par habitant est 60 fois plus élevé dans l’agglomération parisienne que dans les communes rurales ». Pour les vols avec arme, l’écart est de 1 à 10. Au sein même de l’agglomération parisienne, Paris et la Seine-Saint-Denis sont beaucoup plus touchés que les banlieues ouest et sud. Cambriolages, coups et blessures volontaires, vols de véhicules ou vols dans les véhicules figurent aussi parmi les faits surreprésentés dans les grandes villes.
En cause, la Loire-Atlantique… ou Nantes… ou certains quartiers
Le ministère de l’Intérieur signale ainsi, pour les vols avec violence sans arme, une « forte hausse dans les Pays de la Loire ». Mais il note que cette hausse est tirée par la Loire-Atlantique – qui est, derrière Paris, le département où le nombre de vols violents a le plus augmenté en 2019. Et il explique le phénomène par la présence d’une grande agglomération !
Ces statistiques confirment donc implicitement la forte augmentation de la délinquance à Nantes (ou en tout cas dans certains quartiers de Nantes). Une augmentation dont Breizh-info a rendu compte à de nombreuses reprises en 2019. Et dont même Johanna Rolland semble s’être aperçue à l’approche des élections municipales.
Mais en quoi donc les habitants de Nantes sont-ils si différents de ceux de Gourin ou de Moncontour ? Les statistiques de l’Intérieur ne le disent pas : elles traitent de la délinquance, pas des délinquants
E.F.
Illustrations : extrait d’Interstats Analyse n°24, janvier 2020 et DR
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