Quand j’ai vu la première couverture de cette série sur Facebook « Lili et Max ont un tonton en prison » j’ai cru à un montage comme on en voit avec la série des Martine, comme celui qui a valu des ennuis à un haut fonctionnaire « Martine prend l’avion et se fiche de Greta Thunberg ».
Cependant, quand j’ai vu une photo d’un tourniquet rempli de livres de ce type, j’ai été pris d’un doute et j’ai vérifié sur Amazon. Oui ! il existe bien une série, Max et Lili, dont je cite quelques titres : « le cousin de Lili et Max se drogue » « Lili n’aime pas que sa maman boive » « Lili se fait piéger sur Internet » « Max et Lili ne font pas leur devoir » « Max se fait insulter à la récré » « Lili va chez la psy » « La copine de Lili est en famille d’accueil » « Lili a été suivie » « Max ne pense qu’au zizi » « Le chien de Max et Lili est mort » « M. et L. volent des bonbons » « Le père de M. et L. est au chômage » « La maison de M. et L. a été cambriolée » .
À côté de ces titres choc on trouve d’autres plus anodins, plus « gentillets » (ils sont même bien plus nombreux) : « Max et Lili ont peur du noir » « Lili ne veut manger que des frites » « Lili ne veut plus se laver ». Si les premiers sont trop violents à mon goût, je trouve les derniers tout à fait attrayants et je pourrais les acheter pour mes petits-enfants. Ces courts romans vendus 5,5 € l’unité et mettent en scène deux enfants espiègles un frère et une soeur. Une centaine de titres sont parus depuis 1992 et présentent tout un petit monde de personnages récurrents entre parents grands-parents, amis, ennemis et animaux de compagnie.
Le but des quelques livres problématiques (encore une fois, ils sont une minorité) est de préparer les enfants à affronter toutes sortes de situations dysfonctionnelles. L’humour et le côté enfantin du dessin permettent paraît-il de traiter « en douceur » des sujets parfois difficiles Est-ce louable ? Est-ce utile d’angoisser les enfants en leur présentant une vie imaginaire, noire et inquiétante ? Combien d’enfants ont un proche incarcéré ? Vu le nombre de personnes en prison, on peut estimer à 300 000 au maximum le nombre d’enfants et d’adolescents ayant un parent (père, oncle, grand-père) en cellule sur 15 millions. Ce n’est quand même pas une situation de la vie courante. À quel public est bien destiné « M. et L. ont un tonton en prison ? ». Le fléau de la drogue touche plus de familles, mais reste heureusement marginal. Peut-être que si votre enfant est harcelé à la récréation lui offrir un livre sur ce phénomène peut l’aider à relativiser et à surmonter le problème.
Et si ces titres sont une nécessité ou sont simplement utiles, ne conviendrait-il pas aller plus loin ? Je propose une nouvelle série bien plus dure que Lili et Max qui est respectable et a toute sa place dans la littérature. Je suggère : « A. apprend une prière en arabe qui lui sauve la vie » « La maman de P. est poignardée par un déséquilibré », « Le cousin de P. se radicalise sur Internet », « A. est prostituée par un réseau pédophile. » « A. rencontre un vieux monsieur qui aime trop les enfants » « P. veut changer de sexe » « Le papa de P. devient sa maman » « P. va à la manifestation LGBT ». « A. avorte à 10 ans »
Je vous laisse compléter la liste au gré de votre imagination. Je serais quand même perplexe devant ce type de lectures.
Pour ma part je continuerai à lire à mes petits-enfants des livres de la série « Petit ours brun » « Petit Ours brun aime beaucoup sa maman » est quand même plus mignon que « A. ne cesse de donner des coups de pieds à sa maman ».
Christian de Moliner
Crédit photo : DR
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