Le site libéral-conservateur Méchant Réac a établi comme chaque année depuis 2019 son classement des députés, mais aussi des sénateurs selon leur activité. Basé sur les données du site Nossenateurs.fr il prend en compte les présences en séances et commission, les interventions orales et la production écrite (rapports, questions écrites, propositions de loi…). Force est de constater que les sénateurs bretons ne brillent guère, pas plus que le leader de la droite en Pays de Loire Bruno Retailleau.
Parmi les moins mal classés, dans le top 50 des 348 sénateurs, on trouve la sénatrice UDI d’Ille-et-Vilaine Françoise Gatel (29e), le sénateur UDI du Finistère Michel Canevet (33e) et le sénateur écolo de Loire-Atlantique Ronan Dantec (45e), surnommé par ses ex-petits camarades « le sénateur à veste réversible » depuis qu’il a rejoint la maire PS de Nantes Johanna Rolland, pourtant bien peu populaire auprès des Nantais, plutôt que de soutenir la liste écolo de Julie Laernoes.
Présente 36 semaines en hémicycle et 105 fois en commission, Françoise Gatel, ex-maire de Chateaugiron (2001-2017), est aussi intervenue 164 fois en commission, 319 fois au Sénat, a rédigé 3 rapports ou encore 10 questions écrites. Et ce bien qu’elle préside aussi la fédération UDI d’Ille-et-Vilaine.
Michel Canevet fait un peu mieux – 37 semaines de présence, 143 présences en commission – mais intervient moins (153 fois en commission, 247 en hémicycle) ; il a en revanche rédigé 7 rapports, 2 propositions de loi et 31 questions écrites – bien loin du leader en la matière, le mosellan Jean-Louis Masson (DLF, 407) et de sa collègue Christine Herzog (DLF, 229).
Ronan Dantec pourra répondre à ses détracteurs que s’il a choisi une élection plus assurée, il bosse lui : 29 semaines de présence, 64 présences en commission, 89 interventions en commission et 246 au Sénat, 1 rapport et 6 propositions de loi signées.
Un quarteron d’autres sénateurs truste le milieu du tableau, du bon côté : Joël Labbé (EELV, Morbihan, 96e), Sylvie Robert (PS, Ille-et-Vilaine, 99e), Michel Vaspart (LR, Côtes-d’Armor, 108e) avec 32 propositions de loi signées et 33 questions écrites, Jean-Louis Tourenne (PS, Ille-et-Vilaine, 113e) avec tout de même 126 interventions au Sénat, Muriel Jourda (LR, Morbihan, 116e), Michelle Meunier (PS, Loire-Atlantique, 119e), Maryvonne Blondin (PS, Finistère, 122e). Bien plus bas, Joël Guerriau (UDI, Loire-Atlantique, 156e) et Christine Prunaud (PCF, Côtes-d’Armor, 164e), sont nettement moins actifs.
Retailleau : plutôt un petit boulot pépère au Sénat que les turbulences en Pays de Loire
Dans la moitié infamante du tableau, on trouve Dominique de Legge (LR, Ille-et-Vilaine, 189e), puis le leader de la droite en Pays de Loire, Bruno Retailleau (LR, Vendée, 194e). Celui qui a préféré les ors du Sénat à la Vendée et aux Pays de Loire, au prix d’une forte polémique, ne se foule guère.
Bruno Retailleau n’a ainsi que 31 semaines de présence et 30 présences en commission, 19 interventions en commission et 86 sur les bancs du Sénat, mais tout de même 14 propositions de loi écrites, 18 signées et 12 questions écrites. Sa dernière question orale, d’actualité, date de juin 2019 et concerne fort logiquement la SNSM, peu après la mort de trois sauveteurs aux Sables-d’Olonne. Mais mieux valait pour lui les ors de Paris que d’assumer, difficilement, l’échec de Notre-Dame des Landes, toujours pas digéré par les élites LR et PS locales – mais qui, suprême humiliation, a donné raison à son ex-mentor Philippe de Villiers et aux entrepreneurs vendéens opposés à l’aéroport.
Un peu plus bas, on trouve encore Jean-Luc Fichet (PS, Finistère, 217e), Yannick Vaugrenard (PS, Loire-Atlantique, 221e), Yannick Botrel (PS, Côtes-d’Armor, 241e), Jacques Le Nay (UDI, Morbihan, 251e), Christophe Priou (LR, Loire-Atlantique, 257e). L’ancien député de Loire-Atlantique, connu pour ses petites affaires immobilières, recasé au Sénat au profit de la candidature de Franck Louvrier en 2017 ne s’illustre guère que par les 19 propositions de loi cosignées et les 15 questions écrites. Quant à Franck Louvrier, promis à une élection de maréchal, il a échoué face à une candidate LREM combinarde et fantôme – elle a fui les débats aux législatives, n’a plus de permanence électorale fixe – et n’en aura pas non plus aux municipales de La Baule où elle se présente en tant que « commissaire de la défense » qu’elle n’est évidemment pas.
Enfin, ferme la marche chez les Bretons le sénateur LR du Finistère Philippe Paul (322e), avec 30 semaines de présence en séance et 53 présences en commission, mais seulement 7 interventions en commission et 3 dans l’hémicycle – et cependant 13 propositions de loi signées et 16 questions écrites.
Il est loin cependant des véritables sénateurs fantômes payés à ne rien faire : quatre battent tous les records. La sénatrice LR d’Indre Frédérique Gerbaud n’a été présente que 14 semaines au Sénat et 19 fois en commission. Quatorze semaines de présence et 16 fois en séance pour le sénateur corse UDI Joseph Castelli.
Deux sénateurs fantômes en Alpes-Maritimes et Lozère… à 5 400 € nets par mois
Alain Bertrand (LREM, Lozère), maire de Mende de 2008 à 2016, fait encore mieux avec 1 semaine de présence et 1 fois en commission, en mai dernier – il est vice-président de la commission des Affaires économiques. Il est pourtant battu à plates coutures par Colette Giudicelli (LR, Alpes-Maritimes), jamais présente – sauf pour rédiger 21 (!) questions écrites. Elle est pourtant vice-présidente de la commission des Affaires sociales du Sénat.
Dans la mesure où un sénateur perçoit la bagatelle de 5380,72 € net par mois, hors avantages en nature et indemnités pour frais de mandat, cela fait cher payé par le contribuable pour ces sénateurs fantômes. Depuis quatre ans, le Sénat s’est enfin décidé à imposer des malus aux élus absentéistes, mais cela n’est guère dissuasif – en catimini, 14 se sont vus imposer 2100 € d’amende pour insuffisance de présence au dernier semestre 2015, et leurs noms n’ont pas été divulgués.
En 2017, Gérard Collomb (PS), par ailleurs maire de Lyon, y avait eu droit et s’était plaint que ses revenus étaient tombés à 4 000 € par mois – un salaire que bien des Français qui travaillent dur, voire qui risquent leurs vies pour sauver celles des autres auraient aimé avoir.
Louis Moulin
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