MAJ : Les E-busway ont fini par reprendre du service, mais pour combien de temps. « Ce qui est sûr c’est qu’il ne fallait pas les mettre en service si vite », lâche un agent de la TAN en charge de la maintenance. « Non seulement on ne sait toujours pas les faire fonctionner correctement, mais en plus on ne sait pas ce qui va tomber en panne et où. La seule chose qu’on sait, c’est que ça va tomber en panne ».
Un chauffeur de bus de la TAN complète : « que les voyageurs s’énervent car de fait on teste sur eux les jouets coûteux voulus par Johanna ça se comprend. Surtout, les e-busway n’ont rien réglé : ils n’ont fait qu’aggraver les problèmes que connaissait déjà l’exploitation de la ligne. Cette histoire montre bien que ceux qui prétendent diriger la TAN – à commencer par notre patronne à tous Johanna – n’y connaissent rien ».
Il est intéressant pour les Nantais de constater avec quelle régularité la presse locale mainstream, groupe Ouest-France en tête, retourne sa veste après avoir assuré le service après-vente de la mairie et avoir loué sur tous supports les lubies de la mairie socialiste, « innovantes », « modernes », « écologiques » etc. Ainsi des E-Busway, nous avons été les premiers à dire ce que les Nantais constataient au quotidien : ça ne marche pas. Début janvier, ils sont retirés du service.
Une coûteuse innovation
La coûteuse innovation – qui a valu d’importants travaux d’aménagement aux deux terminus – n’apporte guère de places en plus (40) et est déjà saturée. Quand elle marche – des pannes à répétition ont retardé la mise en service de septembre à mi-octobre, puis elles sont devenues répétitives et régulières. Jusqu’à ce qu’un communiqué de la TAN ce 7 janvier annonce la mise au rancart provisoire de l’innovation.
« Depuis hier [6 janvier] nous rencontrons aléatoirement des pannes sur les E-Busway, essentiellement sur un des organes central appelé convertisseur (gestion de la chaîne de traction électrique). Par souci de qualité de service et pour éviter de pénaliser la clientèle par des pannes bloquantes, la Semitan en lien avec le constructeur ABB a préféré momentanément suspendre l’exploitation des E-Busway pour permettre aux équipes d’effectuer un meilleur diagnostic avec l’objectif d’une résolution du problème dans les meilleurs délais ». Finalement, trois des 22 E-Busways ont été remis en service.
Sur ce dossier, Johanna Rolland n’en finit en effet pas de payer l’erreur originelle – le Busway avait été préféré à un tramway pour arriver en terminus place Louis XVI et pouvoir passer le pont de la Rotonde, mais aussi parce que les bus à haut niveau de service (BHNS) en site propre étaient alors mieux subventionnés que le tramway. Ce qui lui vaut au passage des manœuvres difficiles pour accéder au fameux terminus.
« Les nouveaux E-Busway sont plus longs [24 m au lieu de 18] que les anciens, et sont plus difficiles à manier », relève un agent de la TAN. « Il suffit d’être un peu à l’écart de la trajectoire idéale matérialisée par des lignes au sol Place Foch ou qu’une voiture soit garée n’importe comment sur le côté nord de la place pour avoir les pires difficultés pour accéder. Franchement, un terminus à Cité des Congrès ou même vers Gare sud n’aurait pas changé grand-chose pour les voyageurs, mais serait nettement plus facile à desservir pour nous, avec bien moins de manœuvres hasardeuses. Ce nouveau matériel, le E-Busway, est clairement fait pour n’aller qu’en ligne droite, et même comme ça, ça ne marche pas toujours ».
Des pannes à répétition
Les pannes à répétition des E-Busway ont des répercussions ailleurs sur le réseau, car les anciens Busway devaient aller remplacer les bus articulés de la ligne C5, insuffisants face à la charge de la ligne, qui eux-mêmes devaient être envoyés ailleurs sur le réseau. L’incapacité de la TAN à faire fonctionner ces E-Busway un brin trop novateurs, « et clairement mis en ligne bien trop tôt », estime un chauffeur, met le désordre sur d’autres lignes.
« Pendant que la mairesse promet le métro aux Nantais, ceux-ci s’entassent dans des bus pleins comme des bétaillères et s’énervent après nous », relève un agent de la TAN. « Les syndicats sont fortement invités par la direction politique à se taire et à verrouiller le mécontentement, mais il y a quand même un très fort malaise. L’histoire des E-Busway montre bien qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion et qu’on nous laisse gérer au jour le jour, seuls, au milieu de la violence devenue banale et du plus grand n’importe quoi dans la gestion ».
D’autant qu’ils ne sont pas donnés : leur achat aura coûté 1,2 million d’euros pièce, soit 26,4 millions d’euros le tout, rien que pour le matériel – et encore autant pour les travaux d’infrastructure, leur décoration par des artistes – souvent avec des lettres ou des aplats de couleur – et autres installation de matériels. Soit 53 millions d’euros – bien plus que l’Arbre aux Hérons – dépensés dans des E-Busway qui pour l’heure ne sont pas fiables et tombent régulièrement en panne ; le coût original prévu en 2017, à la commande, était de 43 millions d’euros et a déjà dérapé (+23 %). Comme en matière d’infrastructures artistiques, Johanna Rolland est bien dépensière… avec l’argent des contribuables de Nantes et des communes de sa métropole.
Les E-busway ont fini par reprendre du service, mais pour combien de temps ? « Ce qui est sûr c’est qu’il ne fallait pas les mettre en service si vite », lâche un agent de la TAN en charge de la maintenance. « Non seulement on ne sait toujours pas les faire fonctionner correctement, mais en plus on ne sait pas ce qui va tomber en panne et où. La seule chose qu’on sait, c’est que ça va tomber en panne ».
Un chauffeur de bus de la TAN complète : « Que les voyageurs s’énervent car de fait on teste sur eux les jouets coûteux voulus par Johanna ça se comprend. Surtout, les e-busway n’ont rien réglé : ils n’ont fait qu’aggraver les problèmes que connaissait déjà l’exploitation de la ligne. Cette histoire montre bien que ceux qui prétendent diriger la TAN – à commencer par notre patronne à tous Johanna – n’y connaissent rien ».
Louis Moulin
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