La défunte RDA n’était pas sous le monopole d’un parti unique. Certes le poids du SED (parti socialiste unifié d’Allemagne) né de la fusion du parti communiste et du SPD dans la zone d’occupation soviétique, était prépondérant. Mais jusqu’à la fin en 1989 d’autres partis ont existé, ont eu de nombreux adhérents, ont disposé chacun d’un quotidien, étaient représentés au Parlement et même au gouvernement.
La RDA est emblématique de la fausse démocratie.
Certains d’entre eux étaient les héritiers de formations politiques de la République de Weimar et avaient leur équivalent à l’Ouest, comme le parti libéral-démocrate d’Allemagne (106 000 membres en 1987), le parti paysan démocratique d’Allemagne (122 000 membres en 1987) ou l’union chrétienne-démocrate d’Allemagne (140 000 en 1987).
À côté d’eux, le Parti National-démocrate d’Allemagne (110 000 adhérents en 1989), dont le sigle n’était pas dû au hasard, avait été créé de toutes pièces en 1945 pour accueillir les anciens nazis, les nationalistes et les militaires. Qu’on ait ainsi légalisé sans complexe, l’héritier du NSDAP d’Adolf Hitler dans un pays communiste laisse pantois !
Tous ces partis étaient réunis avec d’autres organisations satellites du SED, dans le Front National qui seul présentait des candidats rassemblés dans une liste unique ; le peuple avait le droit théorique de rejeter cette dernière, mais mis à part en 1949 où elle n’a recueilli que 66 % des suffrages, la liste était approuvée à plus de 99%. (le passage à l’isoloir avait été supprimé à partir de 1950). Les partis non communistes dirigés par des sous-marins du SED ont d’abord en 1949 demandé la fin du vote bloqué avant de se contenter des députés qu’on leur octroyait (200 sièges sur 466).
La RDA est emblématique de la fausse démocratie. Sa constitution de 1949 était libérale, presqu’autant que celle de la RFA. Des formations politiques offraient une vaste palette idéologique aux citoyens Est-allemands. Mais il ne manquait un ingrédient essentiel pour que la RDA fût un état irréprochable : la liberté de vote.
Or de plus en plus en France des voix s’élèvent pour que notre pays suive l’exemple de la défunte République Démocratique Allemande. On remet en cause « le peuple », qui vote si mal en se choisissant des champions affublés systématiquement de l’étiquette populiste pour les discréditer.
On propose sans frémir, sans rires, que ne débattent à la télévision que des « modérés » de gauche et des « modérés » de droite ces derniers avouant pour finir qu’ils sont progressistes.
jamais Marine Le Pen n’a été aussi proche de gagner une élection présidentielle
Une humoriste de la chaîne publique affirme sans qu’elle ne soit contredite qu’il suffirait d’interdire d’antenne le Rassemblement national pour que les votes en sa faveur s’effondrent. On élève au rang de dogmes obligatoires et irréfutables des opinions qui toutes sont de gauche : l’immigration doit rester sans entraves, le réchauffement climatique est un fait établi sur le modèle d’une vérité religieuse et tout questionnement même minime à son sujet est interdit, les notions de nation et d’identité sont proscrites, la PMA, voire la GPA, sont des progrès intangibles contre lesquels personne n’a le droit moral de s’élever, l’islamophobie, l’homophobie, la transphobie deviennent des armes pour disqualifier à jamais les mal-pensants bien au-delà des problèmes réels de rejet et de haine que ces termes recouvrent.
Et surtout pour les progressistes, seules les associations détiennent la légitimité suffisante pour définir la politique de la nation.
Combien d’articles de médias commencent par « Un collectif dénonce… » au choix, la prison, les tentatives vouées à l’échec de l’état pour contrôler l’immigration, les toilettes non mixtes ? Cette poignée de citoyens, souvent minoritaires dans l’opinion publique, détiennent aux yeux de la presse conformiste l’essentiel du pouvoir du Peuple.
Alors qu’on s’en réjouisse ou pas, jamais Marine Le Pen n’a été aussi proche de gagner une élection présidentielle. Va-t-on pour empêcher ce coup de tonnerre remettre en cause le principe « une femme ou un homme égale une voix »
L’envie de « contrôler » et de « purifier » la démocratie prend de l’ampleur dans les milieux dirigeants, mais sans doute le tabou de la démocratie restera le plus fort. Néanmoins il reste une faible probabilité que se mette en place une liste unique (ou officielle, soutenue par tous les médias) comprenant les partis « autorisés » et épurés des « éléments douteux », (dont en particulier un RN sauce progressiste) une kyrielle d’associations allant des organisations syndicales aux groupements écologistes et féministes.
Le peuple gardera en théorie le droit de refuser cette liste, mais comme en RDA les autorités s’arrangeront pour qu’elle soit approuvée à plus de 60 %.
La « tentation de la RDA » n’a jamais été aussi forte en France…
Christian de Moliner
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