Ni Putes ni soumises : vie et mort d’une entreprise féministe

Au 1er janvier, l’association féministe moribonde met la clé sous la porte. Elle doit quitter son siège social de Montreuil, en laissant 11 000 euros de loyers impayés. Le secrétariat d’état à l’égalité hommes-femmes a fait la sourde oreille à ses demandes de secours : « Le rôle de l’État n’est pas de maintenir des associations sous perfusion d’argent juste sur leur réputation quand les militantes ou les projets ne sont, hélas, pas au rendez-vous », lui a répondu Marlène Schiappa (Journal du Dimanche). Stéphanie Rameau, qui a pris les commandes de l’association en 2016, n’est donc pas parvenue à redresser la barre : avec une quarantaine de bénévoles, les dernières souscriptions militantes n’ont recueilli que 300 euros !

Fadela Amara et la tentative d’introduction du féminisme dans les quartiers immigrés

Fadela Amara, la franco-algérienne qui a fondé la structure en 2003, semble aux abonnés absents. Cette inspectrice générale des affaires sociales (parmi les fonctionnaires les mieux payés de France) aurait pourtant pu en rappeler les plus belles années.

A son apogée l’association avait un chiffre d’affaires de 500 000 euros (100 % subventions publiques) et un siège au cœur de Paris (abandonné en 2017, également pour des raisons d’impayés). Au début des années 2000, Fadela Amara, titulaire d’un CAP comptabilité et alors cadre chez SOS Racisme, se rend compte que le créneau du féminisme dans les quartiers est laissé en friche. Or c’est là pense-t-elle que les besoins sont les plus criants. Les femmes y sont placées par les hommes devant l’alternative : soit rester soumises (au voile, aux mariages arrangés ou forcés, aux mutilations génitales…), soit être traitées comme des putes (harcèlement de rue, insultes, agressions, …).

Ni putes ni soumises rencontre un large écho dans les médias et chez les politiques, mais pas vraiment sur le terrain des banlieues. Cette popularité médiatique va conduire Fadela Amara jusqu’au gouvernement en 2007, comme secrétaire d’état à la politique de la Ville (Ville = banlieue dans le langage administratif).

Les choix perdants d’une association sans base militante

La défaite de Sarkozy en 2012 marque le début de la fin pour l’association (pas pour Fadela qui continue dans la haute fonction publique sans avoir à passer de concours). D’ailleurs la structure n’a pas fait évoluer son business model qui est aujourd’hui complètement déconnecté du féminisme actuel. En effet, selon la version féministe intersectionnelle, les banlieusards ne sont pas plus machos que cela. C’est au contraire du patriarcat blanc que les femmes immigrées doivent être libérées et le voile est un choix comme un autre, voire un symbole d’émancipation décoloniale.

Ce nouveau féminisme tient un raisonnement qui parle à tout le monde, même s’il est factuellement faux : le féminicide par exemple est un phénomène essentiellement extra-européen

Crédit photos : DR
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