Une provocation à Crossmaglen, ville frontalière en Irlande et Irlande du Nord, dans le sud d’Armagh ? C’est en tout cas ce pensent des citoyens après la diffusion sur twitter d’une photo du chef de la police d’Irlande du Nord, Simon Byrne, avec des hommes la police de Crossmaglen, en armes, tout sourire, avec notamment de fusils d’assaut.
Une photo qui a provoqué une levée de boucliers, notamment de la part des Républicains irlandais et du Sinn Féin, qui ont qualifié la photo d’offensive, surtout venant du plus haut représentant de la police d’Irlande du Nord. Une photo qui intervient alors que ce dernier visitait les installations de police à Crossmaglen : « Je tire mon chapeau à mes collègues qui travaillent dans une partie si particulière du territoire géré par la police d’Irlande du Nord. Leur sens du devoir et leur optimisme sont une inspiration. Restez en sécurité et merci. »
On Christmas morning great to meet the team policing Crossmaglen @PSNINMDown I take my hat off to colleagues policing such a unique part of @PoliceServiceNI Their sense of duty & optimism is inspiring. Stay safe and thank you . pic.twitter.com/2Bj4bV9d48
— Simon Byrne (@ChiefConPSNI) December 25, 2019
Mais c’est surtout la photo, sur laquelle deux officiers de police posent avec des armes automatiques, qui a suscité les condamnations sur twitter, en cette période agitée, de Brexit et de crainte de rétablissement d’une frontière en dur entre les deux Irlandes. Un mauvais message envoyé à la population, selon de nombreux observateurs. Une honte, pour une députée du Sinn Féin, Megan Fearon. « C’est une insulte totale aux habitants du sud d’Armagh – une communauté généreuse, aimable et fière », a-t-elle dit, critiquant l’allure militaire de la caserne de Crossmaglen et poursuivant : « Ce tweet ne fait que saper davantage la confiance de la population en la police d’Irlande du Nord dans le sud Armagh. Les officiers lourdement armés qui posent avec le chef de la police reflètent le style militaire du maintien de l’ordre que la communauté du sud de l’Armagh a dû endurer ces dernières années ? Cette communauté n’est pas différente des autres, toute tentative de différencier le style de maintien de l’ordre n’a pas été et ne sera pas tolérée »
En réponse, le chef de la police a indiqué que son tweet avait été mal perçu et mal compris.
Please see my statement below following the response to my Christmas Day tweet from Crossmaglen. pic.twitter.com/adkbhEuZ6u
— Simon Byrne (@ChiefConPSNI) December 26, 2019
« Les officiers portent des armes et malheureusement, c’est la dure réalité de l’environnement policier dans lequel ils travaillent, s’attaquant à la grave menace terroriste ». Tout en invitant à une rencontre les citoyens et les élus, sans toutefois fixer de date ni de lieu.
Pas certain que cela soit suffisant, eu égard du tollé provoqué par ce tweet. Pour bien comprendre, il faut savoir que Crossmaglen a toujours été un bastion nationaliste irlandais, de par sa proximité avec la frontière.
Durant les Troubles et la guerre civile, l’armée britannique a eu une présence importante dans la région. Crossmaglen et la région plus large de South Armagh/South Down étaient un bastion républicain et les paramilitaires républicains étaient très actifs. Cela lui a valu le surnom de « pays des bandits ». La députée travailliste Clare Short a déclaré en 1983 : « Il est ridicule que des troupes britanniques soient ici à Crossmaglen. On prétend qu’elles sont en Irlande pour maintenir la paix entre les deux communautés. Mais il n’y a qu’une seule communauté dans le sud de l’Armagh, alors que font-ils ici ? Pendant les troubles, au moins 58 policiers et 124 soldats ont été tués par l’Armée républicaine irlandaise provisoire (IRA) dans le secteur, dont beaucoup à Crossmaglen même.
Crédit photos : DR
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