Après un déclin au XVIIIème siècle, particulièrement pendant la Révolution française, les pardons en Bretagne connaissent au siècle suivant un regain de ferveur qui perdure encore de nos jours. Ce ne sont pas moins de 1 200 pardons qui sont, chaque année, fêtés en Bretagne et les plus importants d’entre eux attirent des milliers de fidèles.
Les pardons en Bretagne n’ont pas d’équivalents en Europe. Ils sont à la fois religieux et profanes, chrétiens et païens, mélange de dévotion chrétienne, de réjouissances profanes où l’on perpétue le culte du feu, des pierres et des eaux. Très souvent les pardons s’achèvent par un tantad (feu de joie) ou la bénédiction d’une fontaine sacrée. L’esprit de communion avec la nature qui animait les anciens Celtes habite toujours leurs descendants. Les Bretons, s’ils ont construit, souvent en pleine campagne, de magnifiques sanctuaires, c’est qu’ils prient mieux en plein air, dans les processions à travers champs, auprès des sources, des menhirs ou des dolmens. A la fin du Moyen Age, ce « mysticisme » populaire n’est pas sans inquiéter le clergé qui le tient pour quelque peu suspect. Il faut le prendre en main, le canaliser et freiner le développement des pardons aux côtés peu orthodoxes et aux réminiscences de pratiques païennes, de « superstitions » comme la vénération des pierres ou des eaux. En vain. Il est mieux inspiré quand il incorpore les manifestations traditionnelles dans les rites chrétiens, dédie les feux de joie du solstice à Saint Jean et bénit les fontaines « guérisseuses ».
Les pardons rythment ainsi la vie bretonne. Le mot pardon provient de l’idée de pénitence permettant de recevoir des indulgences le jour dédié au culte d’un saint. Les Bretons entretiennent en effet des relations particulières avec près de huit cent saints légendaires dotés de pouvoirs mystérieux
Le pardon en lui-même comporte au moins une messe et une procession, trajet entre l’église et un lieu déterminé. Une bénédiction peut avoir lieu suivant le type de pardon. Le lieu d’arrivée de la procession est immuable. Autour de l’église paroissiale, d’une chapelle (près de 6000 maillent la Bretagne), d’un calvaire, d’un oratoire, d’une fontaine… Certains se déroulent tout ou partie en mer sur de magnifiques bateaux décorés. Le déplacement processionnaire est un aller-retour ou est circulaire (troménie). La procession comprend dans l’ordre une croix de procession, la bannière du saint du lieu pour expier ses pêchés, soigner les hommes ou les bêtes, puis les croix et les bannières des paroisses ou congrégations voisines et enfin les reliques du saint entourées par le prêtre responsable de la cérémonie et des autres religieux. La foule accompagne la procession en chantant tantôt en français, en breton et en latin. Après les cérémonies religieuses, au cours desquelles ont été chantés les plus beaux cantiques en langue bretonne, les sonneurs et danseurs donnent libre court à leur talent.
Per Manac’h ( revue War raok)
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