Pêche en Mer celtique : Les pêcheurs de Bretagne déplorent « l’échec de la diplomatie française »

La diplomatie française joue-t-elle réellement les intérêts bretons en matière de pêche ? Ce n’est en tout cas pas l’avis de l’Organisation de Producteurs Les Pêcheurs de Bretagne suite aux décisions du Conseil des ministres européens fixant les TAC et quotas pour 2020.

L’organisation affirme qu’elle « n’admet pas la violence des mesures prises visant à dessein les pêcheurs français et particulièrement les pêcheurs bretons adhérents à LPDB ». Dans un communiqué adressé à la presse, elle précise sa position :

L’introduction de nouvelles mesures techniques en Mer Celtique visant à « protéger le cabillaud et merlan » impactent très lourdement l’activité économique de 60 navires produisant 8900 tonnes pour un chiffre d’affaires de 23 millions d’eurosLe cabillaud représente à peine 3% des captures et le merlan 4%.

Dans la zone concernée ces deux espèces sont des prises accessoires pour des flottilles qui visent d’autres espèces comme l’églefin ou la baudroie. LPDB détient 47% du TAC européen d’églefin.

Alors que le sujet devait porter sur les stocks de merlan et surtout de cabillaud, pourquoi la Commission Européenne a-t-elle finalement introduit des mesures pour les pêcheurs ciblant l’églefin ?

La Commission Européenne en s’appuyant sur une proposition de l’Irlande a volontairement ciblé les pêcheurs français. Cette collusion qui vise à imposer un engin « testé » par les scientifiques irlandais dont la validité des résultats n’est aucunement attestée a pour seul objectif de mettre à mal l’activité des pêcheurs bretons. Son entrée en vigueur engendrerait une perte de chiffres d’affaires de 44% pour les navires concernés, car un certain nombre d’espèces comme la baudroie, la cardine ou l’églefin ne serait plus capturables. Concernant l’églefin on atteint le paroxysme, le TAC augmente de 30% conformément aux avis scientifiques mais on nous empêche de le pêcher dans le même temps. Des mesures incohérentes prises en vertu d’un raisonnement dogmatique.

Les adhérents de LPDB nourrissent une frustration et une colère car c’est tout le travail fait en amont pour faire des propositions sérieuses et ambitieuses sur la base des avis scientifiques pour permettre la protection du cabillaud et du merlan qui a été balayé sans considération et prise en compte des arguments. Les mesures d’amélioration de la sélectivité, déjà mises en oeuvre courant 2019 et qui donneront leur plein effet dans les mois à venir, n’ont pas plus été prises en considération.

La Commission Européenne est dans un jeu de postures politiques qui ne prend pas en compte la réalité de l’activité des pêcheurs. Elle est même incapable d’intégrer les évolutions évidentes comme le réchauffement climatique qui influe sur l’abondance des stocks dans certaines zones. Elle ne connaît qu’une seule variable d’ajustement : les pêcheurs.

Un jeu politique dans lequel les professionnels ne font que subir. Le nouveau Commissaire Européen en charge de la pêche a humilié la France. Il a voulu répondre aux attentes des ONG et à la feuille de route fixée par la Commission Européenne, le GREEN DEAL. La délégation française menée par le Ministre en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation se satisfait d’avoir repoussé́ de 5 mois l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, « c’est le maximum qu’on pouvait faire » et de dire aux professionnels : « vos arguments n’étaient pas les bons et vos propositions pas assez ambitieuses ». C’est un point de désaccord profond que le conseil d’administration de LPDB ne peut accepter. L’administration française s’est trouvée « isolée » par manque de préparation et d’anticipation.

L’organisation se dit inquiète de la capacité française à négocier et à défendre les intérêts des pêcheurs français : « Nous appelons au plus haut niveau de l’Etat pour une réelle prise conscience de l’inquiétude qui monte de voir les pêcheurs français sacrifiés sur la scène européenne dans les mois prochains. La France étant incapable de tenir son rang en tant que pays et acteur majeur des pêches en Europe. « Faut-il croire que la Commission Européenne avec les ONG guident notre avenir et qu’un bon pêcheur sera un pêcheur qui ne pêche rien ? »

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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