Ce natif de Suartone, dans le sud de l’île de Beauté, est un vivant exemple de la start-up nation. Fils d’un instituteur, il a créé son entreprise, Alpha, en 1983. Spécialisée dans l’expertise comptable, elle emploie aujourd’hui 1000 salariés et réalise 150 millions de chiffre d’affaire. Il est également le père de Marc Ferracci, brillant économiste d’inspiration sociale-libérale et ami proche d’Emmanuel Macron (ils ont été témoins de mariage l’un de l’autre).
Le rapport avec la CGT ? Le père de Pierre Ferracci était un cadre du parti communiste corse dans les années de Guerre Froide et la CGT a été le meilleur client de l’entreprise Alpha.
Ferracci et la CGT depuis les années 80 : aider le patronat à licencier dans les meilleures conditions sociales
L’entrepreneur Ferracci a pu mettre à profit ses connections pour percer dans un business en pleine expansion. Avec la gauche au pouvoir, les restructurations industrielles imposées par la mondialisation s’enchaînent, le syndicat marxiste n’a rien de consistant à mettre en avant pour s’y opposer efficacement.
Alors la CGT s’invente une nouvelle raison d’être : faire en sorte que les futurs chômeurs obtiennent les meilleures conditions de départ. Les élus des instances représentatives du personnel font appel à l’entreprise de Ferracci pour auditer les aspects financiers des plans de licenciement. Alpha assure même le service après-vente puisqu’elle s’occupe du reclassement des travailleurs licenciés.
On reste entre hommes de gauche au grand coeur. Les loges VIP de Ferracci au Stade de France ou à Rolland-Garros servent les meilleurs champagnes aux différentes nuances de tribuns du prolétariat et comme en n’est pas sectaire, aussi à des pontes de l’oligarchie. Ferracci est « pote avec Jacques Attali, Alain Minc, Christine Lagarde, Benoît Hamon, Philippe Martinez, François Hollande et bien d’autres » (Le Canard enchaîné, 18/12/2019).
Ferracci a aussi plusieurs villas dans son île natale, dont une vient d’être dynamitée le 20 décembre par des « écologistes » en cagoule trouvant trop lente la justice. https://www.corsematin.com/article/bonifacio/corse-du-sud-attentat-contre-les-villas-ferracci
Les cégétistes : en majorité des vainqueurs de la mondialisation et des électeurs de Macron
Une ambiance bling-bling qui contraste avec l’image de la CGT, syndicat le mieux implanté de tous dans l’industrie et la petite fonction publique. Une place qui a été conquise par de militants de base, qui y ont parfois laissé des plumes.
Mais cet aspect de la CGT ne représente qu’une moitié de la réalité. Comme l’ont montré les études sociologiques de Dominique Andolfatto et de Dominique Labbé, la majorité des membres et des cadres de la CGT ont des qualifications et des niveaux de salaires supérieurs à la moyenne des salariés français. Ils bénéficient plus de la mondialisation qu’ils n’en souffrent.
Beaucoup de ces militants ne font pas grève pour une retraite égale pour tous (une sorte de communisme du troisième âge où ils seraient mathématiquement perdants) ; ils veulent seulement conserver au maximum leurs acquis sociaux. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas les moyens d’exercer un rapport de force. On laisse ces Gilets Jaunes crever, en toute charité prolétarienne.
Ce que cachent les moustaches du maréchal Plekszy-Gladz
On comprend que Ferracci soit actionné pour réconcilier Macron et Philippe Martinez, selon les informations du Canard enchaîné (qui les trouve où ? dans quel but ?). A condition d’accepter un système inégalitaire, il y a moyen de s’entendre entre gens raisonnables.
Les moustaches de Staline qu’arbore fièrement le camarade Philippe Martinez, chef de la CGT, sont mal comprises. Pour les journalistes du Canard enchaîné, elles sont le signe d’un attachement surjoué à la classe ouvrière. Il est vrai que les journalistes du Canard aiment distiller les jeux de mots à deux balles et les clichés bien simples pour son lectorat du troisième âge : Ferracci est ainsi un Corse authentique puisqu’il a « un Physique de boxeur, un phrasé en douceur ».
La Belle Epoque de la CGT : à l’Est, l’économie communiste ne produisait que la pénurie (c’était connu de tous car impossible à cacher). Surnageait une élite d’apparatchiks qui vivaient très bien, grâce à un système de priorité. Les dirigeants de la CGT aspiraient en connaissance de cause à étendre ce système inégalitaire à l’Ouest. La chute du Mur de Berlin a brisé ce rêve. C’est la nostalgie de cette époque qui est derrière les moustaches de Plekszy-Gladz.
A partir des années 90, les cadres syndicaux se sont mis à la remorque de « l’Europe », des entreprises multinationales et des politiciens comme Macron, avec le même professionnalisme qu’ils avaient mis au service de la nomenklatura soviétique. Ils ont seulement changé de donneurs d’ordre.
Source principale : le Canard enchaîne, 18/12/2019
Yffic