SNCF : Guillaume Pepy avait préparé sa retraite

Bizarrement, les syndicalistes de la SNCF n’ont jamais « secoué » leur ancien patron Guillaume Pépy au sujet des revenus annexes dont il bénéficiait chez Suez.

Qui dit SNCF, dit régime spécial de retraite. Un sédentaire peut liquider sa retraite à 57 ans, 52 ans pour les agents de conduite ; mais cela signifie une pension très faible. Stéphane Le Moing, agent de maintenance à Nantes (il entretient et dépanne les TER), militant CGT, envisage donc de travailler et de cotiser pendant 43 ans comme les salariés des autres régimes – après être entré à la SNCF à 18 ans, ce qui lui donne aujourd’hui plus de 25 ans de cotisation. M. Le Moing travaille en « trois huit », sept jours sur sept. « On touche 2,70 bruts de l’heure en plus si on travaille la nuit. 4,50 euros le dimanche. » En incluant ces primes, il parvient à un revenu net mensuel d’environ 2 000 euros (Ouest-France, jeudi 5 décembre 2019). Ce n’est donc pas Byzance pour les ouvriers.

Les cheminots justifient leur régime spécial par ces conditions de travail sortant de l’ordinaire. Malheureusement, vu la diminution importante des effectifs, l’État est contraint de verser une subvention d’équilibre : 3,2 milliards d’euros en 2019 pour le régime spécial de retraite où il n’y a plus que 140 000 cotisants pour 256 000 bénéficiaires à la SNCF (Le Journal du dimanche, 8 décembre 2019). Pour M. Le Moing, « le nombre de cotisants baisse car l’État impose des réductions d’effectifs à la SNCF. Il a l’obligation légale de compenser ce déficit démographique » (Ouest-France, jeudi 5 décembre 2019).

Les (gros) privilèges de Guillaume Pépy

On peut inviter ceux qui dénoncent ces « privilèges » – petits au demeurant – à s’intéresser aux gros privilèges. Par exemple à ceux dont bénéficiait Guillaume Pépy, patron de la SNCF, il y a encore quelques mois. C’est ce que raconte Sophie Coignard dans son récent ouvrage Les faux jetons (Fayard) : « Il existe une solution pour toucher des jetons de présence dans un groupe privé quand on dirige une entreprise 100% publique. Il suffit d’être coopté comme « administrateur indépendant ». Guillaume Pépy, à la tête de la SNCF de février 2008 à septembre 2019, s’évadait de temps à autre de la « gréviculture » qui sévit chez lui pour s’intéresser aux comptes de Suez, principale filiale d’Engie. Ce conseiller d’État, ancien directeur du cabinet de Martine Aubry au ministère des Affaires sociales, est même président du comité d’audit et des comptes de Suez – qui contrairement à la SNCF, gagne de l’argent ! Cette activité annexe lui a rapporté 77 731 euros en 2016, 59 819 euros en 2017 et 73 055 euros en 2018. Si les cheminots savaient ça ! »

Bien entendu ces « douceurs s’ajoutaient à son salaire de président du directoire de la SNCF, salaire qui s’élevait en 2005 à 450 000 euros…

Louise Michel plutôt que Machiavel…

Pour mémoire, selon Capital, « en 1982, lors du séminaire d’intégration de l’ENA, où les étudiants choisissent un nom pour leur promotion, Guillaume Pepy et le futur député socialiste Pierre Moscovici sont restés debout sur la table jusqu’à 4 heures du matin pour convaincre leurs camarades de voter en faveur de « Louise Michel » plutôt que « Machiavel », proposé par le camp adverse. »

Bernard Morvan

Crédit photo : Claude Truong-Ngoc/Wikimedia (cc)
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