Cela fait déjà trois ans que Donald Trump a été élu 45ème président des États-Unis à l’issue d’une longue et improbable campagne. Arrivant de nulle part et bousculant la hiérarchie du parti républicain en un temps record, l’homme d’affaires a déjoué tous les pronostics et mis à mal la candidate démocrate, Hillary Clinton, pourtant grande favorite.
Depuis sa victoire comme lors de la campagne, Donald Trump subit en permanence les attaques, voire les insultes de ses opposants et des médias dominants.
Au sein de la population, pourtant, il ne suscite pas que des critiques et a même de nombreux partisans. La prochaine course à la Maison Blanche, dont le dénouement aura lieu en novembre 2020, s’annonce à nouveau très brutale. Breizh Info a pris la température de l’autre côté de l’Atlantique…
Pourcentages et résultats de 2016
Il faut avant tout rappeler quelques résultats de l’élection présidentielle de 2016.
Donald Trump a récolté 62 984 828 voix soit 46,09 %. C’est moins bien qu’Hillary Clinton, qui a convaincu 65 853 514 électeurs, soit 48,18 % d’entre eux, mais dans des États moins importants.
Le président américain est en effet élu non pas à l’issue du scrutin mais un peu plus tard par des grands électeurs, plus ou moins nombreux dans chaque État. Ainsi, mieux vaut gagner deux États « clés » comptant cinq grands électeurs que trois moins importants n’en comptant que deux.
Finalement, Donald Trump a pu compter sur 304 grands électeurs contre seulement 227 pour son adversaire.
Hillary Clinton est arrivée en tête dans toutes les grandes villes, y compris celles situées dans les États ayant majoritairement voté pour Donald Trump, ainsi que dans les États traditionnellement démocrates comme la Californie, l’Illinois ou l’État de New York.
La Floride, le Texas et les autres bastions républicains, notamment au sud du pays, ont penché en faveur de Donald Trump. Si Clinton a obtenu l’adhésion des citadins, Trump a fait un « raz de marée » dans les milieux ruraux. 67,40 % des électeurs du Wyoming ont voté pour lui, mais aussi 68,50 % en Virginie Occidentale et même 73,92 % dans le Nebraska !
Trump, phénomène de foire… et source d’espoir
Au pays de l’Oncle Sam, le président Trump est omniprésent, tant dans les discussions des habitants que dans les lieux touristiques.
L’homme est à la tête d’un véritable empire comprenant notamment des hôtels dans plusieurs villes majeures comme New York, Chicago ou Vancouver. Il possède aussi son gratte-ciel à Las Vegas.
Celui-ci, inauguré en 2008, est snobé par certains guides en français et certaines agences de voyages. Il s’agit pourtant de l’un des établissements au meilleur rapport qualité-prix. En outre, le service y est luxueux.
Si les accusations de racisme pleuvent sur Donald Trump, ses hôtels emploient de nombreux Afro-Américains.
Son image et ses phrases chocs amusent la galerie et font même l’objet d’animations au milieu des casinos.
En échangeant quelques minutes avec un chauffeur de taxi éthiopien de la ville, on comprend d’ailleurs que la question est plus complexe que prévue et que la fracture est plutôt sociale qu’ethnique. Aux yeux de cet homme modeste devant rouler de longues heures pour gagner sa vie, la politique de préférence nationale prônée par le président est non seulement bonne mais nécessaire.
La baisse historique du chômage et la prise de position de Donald Trump en faveur des manifestants de Hong Kong lui permettent à la fois de présenter un bilan économique très positif mais aussi une image de « défenseur de la liberté » chère aux Américains.
La Californie contre Donald Trump
Changement de ton dans les beaux quartiers de Los Angeles où les Blancs les plus aisés sont aussi les plus hostiles à Donald Trump. Ces derniers en feraient presque un héritier du Ku Klux Klan mais l’on comprend vite que le problème n’est pas là. Donald Trump a su s’attirer les faveurs des conservateurs mais aussi, comme évoqué précédemment, la sympathie des terres rurales, avec ses familles chrétiennes et traditionnelles mais encore ses classes laborieuses, ses laissés-pour-compte, ses pauvres. C’est là que le bât blesse : en Californie, État d’Hollywood et de la Silicon Valley, on est élitiste et la question sociale est une perte de temps. L’histoire d’un chômeur de Cleveland ou de Detroit retrouvant du travail ne permettra pas d’écrire un scénario digne de remporter un Oscar. Le redneck (que l’on pourrait traduire par « plouc ») de l’Olklahoma, lui, n’a pas d’excuses à son malheur, contrairement au délinquant de Baltimore.
À Beverly Hills, Granada Hills, Malibu ou Hollywood, tout le monde espère une destitution pourtant peu probable, voire fantaisiste.
Les plus jeunes sont également de farouches opposants au président. À l’image des lycéens français qui s’offusquent du moindre propos de Marine Le Pen – peu importe, si, elle aussi, touche les populations précaires –, ils jouent la carte de l’antiracisme puéril, bruyant et à côté de la plaque.
La situation est cocasse lorsqu’ils profèrent des injures vis-à-vis de Trump devant une boutique de souvenirs tenue par des Asiatiques.
La guerre des goodies
Le « marchandising » à l’effigie de Donald Trump se trouve dans chaque lieu touristique mais aussi dans des commerces plus reculés et fréquentés par les locaux. On assiste en fait à une véritable guerre des goodies qui se prolonge jusqu’à l’aéroport international de Los Angeles. Les gadgets en son honneur, avec la fameuse casquette rouge « Make America Great Again » (made in China !), les tasses et les pins, font face aux objets moqueurs ou grossiers. Certains détournent le logo de campagne de Trump en mettant le nom de Poutine comme candidat à la vice-présidence en lieu et place de celui de Mike Pence. Les figurines à tendance scatophile ne manquent pas non plus.
Donald Trump aura-t-il convaincu assez d’Américains durant son mandat pour être réélu en 2020 ? Réponse dans un an.
Il est certain en revanche que la communication du président ne laisse personne indifférent.
Alexandre Rivet
Crédit photos : Alexandre Rivet
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