Au conseil régional de Bretagne, on n’oublie pas la question de la réunification. Le groupe de travail propose l’organisation d’un référendum en Loire-Atlantique…
On se souvient que le conseil départemental de Loire-Atlantique avait rejeté le droit d’option (articles L 4122-1 et L 4122-1-1 du code général des collectivités territoriales) qui permet de notifier les « limites territoriales des régions ». « J’ai décidé d’inscrire à l’ordre du jour de la prochaine session, dès le 17 décembre, le droit d’option c’est-à-dire de demander aux 62 élus de ce département de s’exprimer sur la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne », avait expliqué Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique (Le Télégramme, samedi 1er décembre 2018). Ce qui était prévisible se produisit : 30 voix contre, 13 voix pour, 15 abstentions et 4 absents (lundi 17 décembre 2018). Les élus des cantons urbains (PR et associés) ont voté contre ou se sont abstenus, tandis que les ruraux ont plutôt voté pour.
Une pétition signée par 105 000 citoyens de Loire-Atlantique
Le débat avait été initié à la suite de la pétition organisée par l’association Bretagne réunie ; cette pétition avait été signée par 105 000 citoyens de Loire-Atlantique, d’où ce débat au conseil départemental (article 1112-16 du code général des collectivités territoriales). Gros soulagement pour Philippe Grosvalet et Christelle Morançais (LR), présidente du conseil régional des Pays de la Loire, puisque la question de la réunification semblait enterrée. Même si un second vote avait fait l’unanimité puisqu’il s’agissait de « demander à l’État et aux parlementaires d’engager un débat serein et constructif sur la mise en place d’un processus référendaire visant à modifier les limites administratives de l’ouest de la France ». 55 ont voté pour, 3 contre et 3 abstentions (Ouest-France, Loire-Atlantique, mardi 18 décembre 2018).
C’était une façon élégante de botter en touche car on savait bien que l’État n’était pas décidé à modifier le découpage régional de 2015 fabriqué par François Hollande : la Bretagne (4) d’un côté et les Pays de la Loire de l’autre (loi du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions). Mais l’affaire vient d’être relancée au sein du conseil régional de Bretagne. C’est ce qu’explique Didier Gourin dans Ouest-France (Bretagne, jeudi 5 décembre 2019). « Depuis trois ans, un groupe de travail d’élus du conseil régional de Bretagne travaillait sur cette question de la réunification de la Bretagne ». Et il vient de faire treize propositions. D’abord les choses sont claires : la région Bretagne réaffirme son attachement « à ses frontières historiques ». Quant à la région des Pays de la Loire, elle n’est qu’une collectivité « créée de toutes pièces, et, en somme artificielle ». La treizième proposition préconise « l’organisation d’un référendum en Loire-Atlantique sur le retour, ou non, du département dans ses frontières historiques ».
Des « démocrates » d’un genre un peu particulier
On imagine la tronche de Christelle Morançais et de Philippe Grosvalet en apprenant que le débat repartait. Pourtant ils croyaient bien être débarrassés de ce boulet… Tous les deux sont, certes, des « démocrates » mais d’un genre un peu particulier : des « démocrates » qui se méfient des électeurs et préfèrent donc ne pas les consulter. Ils savent bien qu’un référendum organisé en Loire-Atlantique dégagerait une majorité en faveur de la réunification. Ce dont les élites nantaises et les milieux d’affaires ne veulent pas entendre parler car ils rêvent du « Grand Ouest ». Sans oublier les élus et les fonctionnaires du conseil régional qui pensent qu’ils risqueraient de se retrouver au chômage…
Une observation : cette initiative du conseil régional de Bretagne n’a pu se prendre qu’avec le feu vert de Jean-Yves Le Drian…
Bernard Morvan
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