La bande dessinée Compte à rebours décrit une enquête judiciaire contre une cellule djihadiste opérant sur le sol français. Réalisme garanti par son scénariste, le mi-Breton mi-Basque Marc Trévidic, célèbre juge antiterroriste.
Décembre 2016. Des parents reçoivent un terrible appel téléphonique : « ton fils est mort en Shahid. Il est au paradis. Mes félicitations ». Ils apprennent ainsi que leur fils Jean-Frédéric, devenu Abou Othman lors de sa conversion au djihad mené par l’État islamique, vient de mourir en « martyr » en Syrie. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui surveille la famille de ce jeune djihadiste français, apprend ainsi sa mort, bientôt corroborée par d’autres sources. Le juge d’instruction Antoine Duquesne doit dès lors lever les mesures de recherches (mandat d’arrêt, la fiche S…). Pourtant, il a encore des doutes. Et si Abou Othman se faisait passer pour mort pour mieux échapper à la police française et ainsi perpétrer de nouveaux attentats ? Effectivement, le juge découvre que ce dangereux terroriste est déjà sur le sol français. Les attentats s’enchaînent. Au Louvre, sous la pyramide de verre, des islamistes déchargent des rafales de kalachnikov sur les visiteurs et déclenchent une ceinture d’explosifs. Mais Abou Othman reste insaisissable. Obstiné, le juge finira par retrouver la trace d’Abou Othman sous la protection d’un Prince saoudien. La raison d’État l’emportera-t-elle…
Cette bande dessinée en trois tomes est scénarisée par Marc Trévidic. Né d’un père breton et d’une mère basque, il a passé les premières années de sa vie en Bretagne. Ce juge d’instruction au pôle antiterroriste du TGI de Paris a été chargé de l’attentat de Karachi, du génocide rwandais, du massacre des moines de Tibhirine… Il s’est inspiré de son expérience de lutte anti-terroriste pour fournir une intrigue captivante en dévoilant la complexité des procédures judiciaires. En effet, il montre qu’un juge d’instruction doit souvent prendre des décisions dangereuses pour démanteler les réseaux terroristes. Il dénonce aussi le manque de personnel et critique la lourdeur administrative des services français de l’antiterrorisme (DGSE, DGSI…). Mais c’est le pouvoir politique, craintif de l’opinion publique, qui nuit le plus souvent à la lutte antiterroriste.
Marc Trévidic reçoit l’aide du scénariste Matz pour adapter son scenario, particulièrement crédible, en bande dessinée. L’écriture concise et rythmée tient en haleine jusqu’à la fin.
Le dessin réaliste de Giuseppe Liotti, proche du crayonné, et la colorisation informatique légèrement terne, mettent en valeur ce récit.
Kristol Séhec
Compte à rebours, t. 1 « Es-Shahid », t.2 « Le piège de verre », t. 3 « Opération Tora bora », 15 euros chacun (Éditions Rue de Sèvres).
Crédit photos : DR
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