Entretien avec Philippe Randa qui vient de rééditer Mussolini intime aux Éditions Déterna ; livre écrit par le fils du Duce Vittorio Mussolini.
Il y a près d’un siècle apparaissait un nouveau vocabulaire politique : celui du fascisme dont les idées devaient marquer le XXe siècle en lettres de feu et de sang…
Philippe Randa : Découvrir le créateur du fascisme, c’est précisément ce à quoi nous convie Vittorio Mussolini, le fils du dictateur italien. Découvrir Mussolini au quotidien, son vécu au jour le jour en famille, raconté au gré d’une mémoire qui, volontairement, néglige l’homme public pour mieux cerner le souvenir du « Padre ». Il s’agit véritablement, comme le titre du livre l’indique, de Mussolini dans l’intimité.
Ce livre est aussi celui de l’histoire d’une famille très forte, très unie, très italienne, dont le nom domina un pays tout entier pendant plus de vingt ans…
Philippe Randa : Nettement divisée en deux clans, celui des hommes et celui des femmes, cette « famiglia » typique, que l’on aurait fort bien pu croiser dans les faubourgs de Marseille ou de New York voici encore trente ou quarante ans, possède son histoire propre, fondée sur la misère, l’opiniâtreté, le courage et l’espérance, qui sont le lot des émigrés. Mussolini qui rêva de l’Amérique partit finalement à la conquête de son propre pays. C’est chez lui qu’il fit fortune.
Voici Mussolini et ses femmes – épouse, filles ou maîtresses – construisant simultanément sa propre légende, l’histoire de sa patrie et le bonheur fragile de sa famille. Mussolini travailleur infatigable, socialiste et fasciste, humble chef de famille et potentat, lucide et illuminé, froid et désemparé, Mussolini vivant, réanimé par son fils Vittorio, son propre sang.
Ce fils, Vittorio, était très proche de son père, notamment durant la République de Salo ; il l’accompagnait jusque chez le Führer…
Philippe Randa : En effet, ce fut le cas notamment après la libération par Otto Skorzeny, en septembre 1943 de Mussolini, prisonnier au Grand Hôtel du Campo Imperatore. Vittorio rejoignit son père directement au grand quartier général du Führer où celui-ci demanda au Duce de retourner en Italie afin d’y reprendre le pouvoir. Le 16 septembre suivant, celui-ci annonça à la radio : « À partir d’aujourd’hui, je reprends la direction suprême du fascisme en Italie. »
Ce fils Vittorio, qui était-il ?
Philippe Randa : Passionné de cinéma, Vittorio Mussolini (1916-1996) dirigea le magazine Cinéma et fut président de la maison de production, l’Alliance Cinématographique Italienne. À la mort de son frère Bruno en 1941, il hérita de la présidence de la Fédération de boxe italienne. Durant la république de Salo, il s’activa pour la reconstruction d’un gouvernement fasciste en Italie. Producteur de films, scénariste dans les années 1940, il s’exila en Argentine où il vécut sans plus s’occuper de cinéma. Revenu en Italie en 1967, il y passa le reste de ses jours.
Mussolini intime, Vittorio Mussolini, éditions Déterna, collection « Documents pour l’Histoire », 212 pages, 25 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
Propos recueillis par Aliénor Marquet
Photo d’illustration : DR
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