À chaque fois que j’ouvre mon portefeuille et que je vois ma carte nationale d’identité, j’ai envie de la balancer dans la première poubelle qui passe, et d’en finir, une bonne fois pour toute, avec ma citoyenneté française et avec cette carte d’identité.
Tout simplement parce que pour moi, être français, ça ne veut plus rien dire. Je n’ai rien en commun avec Ibrahim, Français de la Courneuve dont les parents sont arrivés de Guinée il y a deux générations. Je n’ai rien en commun avec Ahmed, fraîchement français depuis 3 ans, après plusieurs années dans la clandestinité, un mariage blanc, et une entrée illégale sur notre territoire. Pourtant, on voudrait absolument me vanter « la France, cette idée, ce vivre ensemble… » qui nous réunirait tous, que nous soyons Noirs, Jaunes ou Blancs, quel que soit notre nombre, du moment que nous partageons « des valeurs et des idées » et un « esprit républicain ». Du flan tout ça, qui me laisse aussi froid que si Jeanne Calment sortait de son cercueil en nuisette !
Ce qui faisait par le passé que moi et mes parents, ou mes grands-parents, citoyens français de nationalité bretonne, acceptions, éventuellement, de partager une forme de « faire communauté » avec d’autres citoyens français basques, provençaux, parisiens, ou alsaciens, c’était une forme d’homogénéité ethnique, culturelle (malgré déjà d’énormes différences entre le nord et le sud de la Loire, entre Paris et le reste), linguistique (par la force puisque mes ancêtres ont été obligés d’abandonner le breton qu’ils parlaient au quotidien), comportementale, historique également (parfois dans l’adversité). Une homogénéité qu’on retrouve à tous les niveaux d’ailleurs, si je partage ma maison commune avec d’autres Européens. Seule la barrière de la langue nous séparerait alors, mais aujourd’hui, il est certaines langues qui permettent de communiquer avec toute l’Europe sans problème.
Aujourd’hui, je pourrai me « t… » les fesses avec ma carte d’identité française. Car elle m’assimile avec des gens avec qui je n’ai pas envie d’être assimilé. Pas spécialement parce que j’ai quelque chose contre eux, mais simplement parce que je n’ai pas envie d’être relié à eux d’une quelconque façon. C’est mon droit le plus élémentaire, non ? Ne choisissez vous pas qui vous voulez sous votre toit, qui vous ne voulez pas ?
Je ne me sens pas concerné quand un Irlandais me parle de Kilian Mbappé ou de Zinedine Zidane sous prétexte que parce que j’aime bien le football et qu’ayant une carte d’identité française, je devrais dès lors forcément être supporteur des prouesses de ceux qui, au demeurant, sont ou ont été des footballeurs de génie. Et cela alors même que je suis bien plus proche d’un Roy Keane, d’un Ryan Giggs ou de cet Irlandais qui me parle, tout aussi nul au football soit-il.
J’ai honte lorsqu’on me parle du bidonville pour affamés du monde entier qu’est devenu Paris. Ca me fait mal de voir le plus beau service de santé et de solidarité au monde craquer de toutes parts, avec des personnels payés indignement, avec des conditions d’accueil et de travail parfois dignes d’un pays du tiers monde parce que justement, on accepte de soigner gratuitement tout le monde y compris le Tiers monde.
Je suis touché lorsque de nombreux Britanniques blancs installés en Bretagne m’expliquent avoir fui le Royaume-Uni parce que trop de monde, parce que trop d’immigrés et j’enrage lorsque je vois des Bretons, maillot à la gloire de l’équipe de France et de NGolo Kanté sur le dos, pester contre nos cousins Anglais, Gallois, Écossais, qui s’installent chez nous et qui rebâtissent l’immobilier ancien de Bretagne, tandis qu’ils encouragent d’un autre côté les Maliens, Algériens, et autres Turcs, à venir s’installer chez nous dans des logements sociaux fraîchement construits.
Je suis révolté quand je vois ce que l’Éducation nationale prétend faire avec les cerveaux de mes gamins et de ceux des autres, elle qui se refuse à leur apprendre leur histoire, à les cultiver, à leur enseigner les savoirs élémentaires, tout cela pour en faire de meilleurs « citoyens du monde ».
Oui effectivement, je ne partage pas « l’idée de la France » que se font les BHL, les Castaner, les Macron, les de Haas, ou les Omar Sy. Ces gens qui seraient bien incapables de mourir pour ce drapeau bleu, blanc et rouge et qui envoient pourtant à la mort des braves, encore tués au Mali récemment, pour des intérêts qui ne sont que ceux de nos élites, pas les nôtres.
La République française envoie sa jeunesse combattante se faire tuer en opération à l’étranger, pour combattre des maux qu’elle tolère sur son propre sol (l’islamisme) et alors même qu’elle devrait envoyer ses soldats nettoyer nos rues des dealers et autres trafiquants de drogue, et d’êtres humains, qui s’enrichissent dans les rues de nos villes. Il y a de quoi la détester, cette République et ses prétendues « valeurs » !
Néanmoins, cette République doit savoir une chose : contrairement à d’autres individus, qui ont toujours le choix de partir, de retourner sur la terre de leurs ancêtres, je suis chez moi en Bretagne, une terre que mes ancêtres ont contribué à façonner depuis des siècles. Et il y a là comme un gros problème qui pointe le bout de son nez, à l’horizon. Je ne veux plus être Français, je ne veux plus de vos lois scélérates qui oppriment, oppressent et bâillonnent, mais je veux vivre chez moi, sur ma terre, en Breton, en Européen.
Je veux être citoyen d’Europe, de nationalité bretonne. Pas par régionalisme aigu, exigu, et mal placé. Non justement, par volonté d’ouverture, pour faire corps avec les miens. Pas les autres, que je peux, si j’en ai envie, découvrir à l’occasion de voyages exotiques.
J’échangerai volontiers ma carte d’identité française contre n’importe laquelle autre d’Europe, qu’elle soit portugaise ou suisse, hongroise ou russe, irlandaise ou galloise ! Et j’estime aujourd’hui fortement que comme le disait fût un temps un slogan peint sur quelques routes de Bretagne, la France, ou plutôt la République française, en sortir, c’est s’en sortir.
Ils veulent réunir de force, sans consultation du peuple, et sous le même toit, des millions et des millions d’individus si différents et même si opposés ? Ils auront le séparatisme à tous les étages !
La question n’est pas de savoir désormais si cette grande séparation arrivera ou pas (elle est déjà existante dans plusieurs territoires de l’Hexagone et de l’Europe). Mais plutôt de savoir quand, et surtout comment nous procédons pour que tout se passe bien et sans heurts.
Car nos « chers » dirigeants, hormis à nous éliminer physiquement, à nous emprisonner, à nous séparer de nos familles, de nos enfants, ne parviendront jamais, je dis bien jamais, à nous faire renoncer à notre liberté, et notre envie de vivre, chez nous, comme nous l’entendons, selon nos traditions, et avec qui nous voulons. Liberté !
Julien Dir.
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Photo d’illustration : Wikipedia
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