Les CRS ont 75 ans : sont-ils tous lâches, violents et stupides ? [L’Agora]

Les CRS ont 75 ans ! Pourtant, peu nombreux seront sans doute les Français à leur souhaiter un bon anniversaire en ce 8 décembre.

Fondés en 1944 pour remplacer les Groupes mobiles de réserve qui servaient le régime de Vichy, les Compagnies Républicaines de Sécurité ont depuis acquis une réputation exécrable.

Le slogan « CRS SS » résonne à pratiquement chaque manifestation organisée depuis mai 1968 (bien qu’il apparût dès 1948 lors des manifestations des mineurs) tandis que les accusations de violences pleuvent chaque année.

L’image du CRS dans la culture populaire est du même ordre. Que ce soit dans les rassemblements étudiants, les luttes ouvrières, les milieux politiques radicaux ou encore les stades de football, celui-ci est représenté comme le dernier des imbéciles, mais aussi comme violent, alcoolique, et, lorsque cela vient de la gauche, comme profondément raciste.

Il faut dire que le CRS est parfois le bras armé du système. Son « collègue » gendarme mobile s’occupe aussi de la sale besogne mais a la chance d’avoir un statut moins clair et un nom moins identifiable et « mythique » que le CRS (SS, bien sûr).
Le CRS s’occupe du cheminot, de l’étudiante, du supporter, du militant (ou des gosses) de la Manif pour Tous, bref, son gaz lacrymo, sa matraque et son bouclier ne sont pas là pour faire beau et lui n’a qu’un but : disperser ce que son supérieur, dont le supérieur suprême n’est autre que le président de la République, lui a ordonné de disperser. De gré ou de force.

Il n’y a pas plus ingrat que le rôle du CRS, cet homme mal payé « qui va au charbon » et prend les coups à la place des dirigeants politiques, des grands patrons ou des supporters du club rival.

Mais pourquoi le plaindre ? Celui-ci a choisi son métier et en connaissait les risques. Comme le dit l’un des points godwins les plus célèbres : « le nazi aussi faisait son boulot, ça ne l’excuse pas pour autant ».

Je dois dire que je partageais ce point de vue pendant longtemps, ayant moi-même fréquenté nombre de manifs et de stades. J’étais révolté quand les CRS ont évacué le Bastion Social de Lyon, qui ne faisait rien d’autre qu’essayer de venir en aide aux Français les plus démunis. J’étais révolté quand ils ont gazé les gosses de la Manif pour Tous en 2013 sous les hourras de Manuel Valls et des autres bandits de l’Assemblée nationale. J’étais révolté lorsqu’ils ont crevé l’œil de la jeune Fiorina et amoché bien d’autres Gilets jaunes au lieu de venir renforcer leurs rangs.

Il ne fait aucun doute que les CRS me révolteront encore. Pourtant, je ne peux me résoudre à tous les insulter, les pourrir et à les humilier. Je ne suis pas partisan du « ACAB ».

Je vois déjà les plus virulents me traiter de « pute », de « suceur » ou de « cocu ». Non, je ne suis rien de tout cela, et je ne me fais aucune illusion, je sais que les CRS et les policiers en général (mais aussi les militaires) ne défendent pas les Français mais répondent aux désidératas d’un gouvernement qui piétine à peu près tout ce en quoi je crois et tout ce que je défends.

Cependant, j’ai un ami CRS. Au lieu de le balayer de ma vie du jour au lendemain, comme le ferait un militant gauchiste en découvrant que son pote a glissé un bulletin « Le Pen » dans une urne, j’ai essayé de prendre du recul sur mes passions, d’écouter et de comprendre.

Je sais déjà qu’ils défendent plus les Français que ce qu’on imagine. La justice et l’État ne donnent pas souvent suite à leurs interventions mais les CRS ne sont pas des planqués qui fuient les cités et les coins chauds pour s’en prendre uniquement aux travailleurs et aux cibles faciles. Ils sont la plupart du temps confrontés aux pires crapules : violeurs, voleurs, tueurs, dealers, islamistes, drogués… Une lutte qui les fait régulièrement se confronter aux « migrants », soi-disant angéliques. Les CRS prennent cher et font face à des risques insoupçonnés. Figurez-vous par exemple qu’ils sont régulièrement attaqués… par des morsures de clandestins drogués. De quoi les mettre en grand danger et les obliger à passer des heures voire des jours en quarantaine. Et je ne parle pas des frigidaires qui leur tombent sur le coin de la figure lorsqu’ils pénètrent dans un HLM mal fréquenté !

Ils sont en première ligne.

On peut évidemment estimer qu’il faut être schizophrène pour combattre un ennemi qui est là à cause du bon vouloir de ses propres patrons (pas les patrons des compagnies de CRS bien sûr, les dirigeants politiques), mais il faut aussi accepter l’idée que sans eux, les crimes seraient plus nombreux encore.

Il faut bien sûr oublier le manichéisme pour traiter la question, mais tel est le monde des adultes.

Quand je sais que les CRS ont chopé – dans le silence des médias – tel islamiste prêt à passer à l’acte ou tel clandestin violeur récidiviste et qu’ils leur ont pété les dents dans le feu de l’action, j’ai du respect et de la sympathie pour eux.
Quand je sais que les CRS qui ont pété les dents de tel islamiste ou de tel clandestin violeur sont sévèrement sanctionnés pour leur geste, je suis révolté et solidaire.

Il faut aussi voir clair sur les caricatures envers les CRS : elles nous viennent souvent de la gauche et des ennemis de la France. Ce n’est pas anodin s’ils sont représentés par des porcs et taxés de racisme. Les innocentes victimes musulmanes des quartiers ont gagné, le porc est devenu symbole d’impureté. Comme le chien, d’ailleurs.

Cela ne fait pas des CRS nos alliés ou nos camarades pour autant, évidemment, mais la mesure et la bonne foi sont absolument nécessaires.

Je ne suis pas un antifa, je ne cloue pas au pilori le premier type venu qui voit les choses d’une manière différente de la mienne, je ne hurle pas avec les loups.

Un sale con de CRS me crèvera peut-être injustement un œil un jour mais son collègue évitera peut-être à ma fille, ma cousine ou une amie de se faire violer dans les rues de Calais.

Je haïrais le premier et ne lui pardonnerais jamais, je ne remercierais jamais assez le second.

Il faut composer avec cela.

Marceau

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