Décrypter les climats du passé pour comprendre le présent et anticiper le changement climatique futur, tel est l’objectif d’un groupe de chercheurs du CNRS. Va-t-on retrouver le climat de l’époque des dinosaures ?
Lire l’avenir climatique dans le passé ?
La connaissance de notre avenir climatique résiderait-elle dans des éléments du passé ? C’est en tout cas la piste suivie par des chercheurs du CNRS travaillant au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), en région parisienne. Leur objectif est de réaliser un état des lieux complet du changement climatique depuis des centaines de milliers d’années. En cartographiant notamment les cycles répétés de réchauffement et de refroidissement ayant eu lieu sur notre planète afin de comprendre plus amplement leur mécanisme.
Pour y parvenir, les scientifiques étudient des morceaux de glace mais aussi des arbres ou des sédiments. Selon le directeur adjoint du LSCE et chercheur au CNRS Didier Roche, comme les mesures directes n’existent que depuis environ 70 ans, il est donc obligatoire « d’aller dans le passé » afin « de comprendre comment le climat fonctionne ».
Un projet européen et de la glace vieille de 800 000 ans
Par l’intermédiaire du projet européen EPICA (European Project for Ice Coring in Antarctica), des carottes de glace ont été extraites sur le continent Antarctique jusqu’à 3,2 kilomètres de profondeur. Certaines seraient vieilles de 800 000 ans et contiennent de minuscules bulles d’air emprisonnées. De quoi en analyser par la suite la teneur de l’atmosphère en dioxyde de carbone et en méthane.
D’autre part, les poussières peuvent aussi raconter leur histoire aux scientifiques et leur en dire davantage sur la présence jadis de feux de forêts en Patagonie ou sur l’aridité en Australie.
Quant aux arbres, ceux-ci offrent une mémoire de plusieurs centaines d’années via leurs anneaux de croissance et peuvent ainsi donner des indications sur la température, la lumière du soleil ou encore l’humidité. Par ailleurs, le carbone 14 permet également de voir à « quelle vitesse un écosystème peut s’adapter à un changement climatique », selon une chercheuse au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives).
Des températures en hausse
D’autre part, les chercheurs ont reproduit les climats du passé à partir d’un logiciel en se basant sur certains éléments (atmosphère, océans, hydrologie, végétation…). Puis ils comparent ensuite leurs modélisations avec les données récoltées par l’intermédiaire des échantillons afin de vérifier « si chaque modèle est bon par rapport aux données », comme l’explique la directrice de recherche au CNRS et responsable de la modélisation au LSCE Masa Kageyama. Cela permet « de sélectionner les modèles pour le futur ».
La précision de ces modèles est un enjeu majeur pour prévoir au mieux les changements climatiques. Les scientifiques français du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de Météo-France participent également aux travaux servant de base au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Et, selon les dernières projections, la planète pourrait se réchauffer de 3,4 à 3,9°C d’ici la fin du siècle aux dires du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) si les émissions de CO2 se poursuivent au rythme actuel. Dans une configuration où les États signataires de l’accord de Paris respecteraient leurs engagements, la hausse du thermomètre atteindrait tout de même 3,2°C.
Enfin, selon Didier Roche, une hausse de 6 à 8°C par rapport à la période pré-industrielle correspondrait à « des climats comparables à l’époque des dinosaures (disparus il y a 66 millions d’années) avec des températures très chaudes ». Une comparaison inquiétante mais le scientifique précise tout de même que celle-ci est difficile et ces climats sont moins bien connus car « les continents étaient différents et pas à la même place ». De quoi relativiser (un peu) la situation actuelle…
Crédit photos : Pixabay (Pixabay License/Papafox) (Photo d’illustration)
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