Il y aurait actuellement 5 000 plaintes de « pisseurs involontaires de glyphosate » déposées devant les tribunaux en France, pisseurs qui s’estiment contaminés par le glyphosate dans les campagnes. Face à cette offensive, jugée anti-agriculteurs par la FDESA, l’organisation syndicale a décidé de mener un contre-test, avec des plaintes déposées à la clé. Explications.
Depuis, des dizaines de collectifs se créent, accusent, insinuent et pointent du doigt la FNSEA et les agriculteurs utilisateurs de produits phytosanitaires. « Qu’il doit être jubilatoire de participer à un tel mouvement d’éveil des consciences, de tracer la verte voie d’un avenir sans chimie, de trouver des coupables, de désigner des boucs émissaires. Ces discours moralisateurs, catastrophistes ou conspirationnistes ne font en réalité que polluer l’esprit de ceux qui ne connaissent l’agriculture qu’à travers ce prisme déformant » expliquent les responsables de la FDSEA 35 dans un communiqué.
Ces derniers ont décidé de mener la bataille sur le même terrain que leurs détracteurs. Celui de la justice. Ils ont ainsi organisé une campagne de prélèvements et d’analyses auprès de 46 agriculteurs volontaires répartis sur tout le département d’Ille-et-Vilaine.
« Les échantillons ont été analysés par chromatographie par LABOCEA, laboratoire français et indépendant, accrédité COFRAC. Les résultats sont explicites : 42 agriculteurs sur 46 ne présentent aucune trace de glyphosate et d’AMPA. Et pour les 4 agriculteurs présentant des traces, les concentrations relevées dans les urines correspondent à une exposition par voie orale inférieure à 1 % de la dose journalière admissible. Ces résultats s’ajoutent à ceux de la FDSEA du Morbihan et du Calvados. La situation catastrophique tant décriée par les pisseurs n’est pas conforme à la réalité. Nous sommes bien face à une manipulation de masse, à une manipulation des chiffres, à des interprétations d’analyses hasardeuses et mensongères, initiées suite à l’émission ‘Envoyé Spécial’ de Janvier 2019 » dénoncent les responsables de la FNSEA départementale qui réclament des actes et qui s’annoncent déterminés :
« Comparer des taux de glyphosate dans les urines à une norme dans l’eau potable n’a aucun sens, seulement l’objectif de créer la panique et de faire de l’audimat. Jusqu’à preuve du contraire, les plaintes déposées par ces pisseurs sont sans fondement scientifique et l’absence de position claire de l’État et de l’ANSES sur ce sujet ne fait qu’entretenir les tensions. Nous demandons très officiellement à l’État et à l’ANSES de s’exprimer et d’indiquer quelle est la méthode de référence pour la recherche de glyphosate dans les urines : chromatographie ou Elisa ? Dans l’attente de ce positionnement, la FDSEA d’Ille-et-Vilaine va déposer plainte contre le collectif des pisseurs involontaires pour diffamation et dénigrement. L’agribashing, on le sait aujourd’hui, conduit également des agriculteurs au suicide. Ces pisseurs ont-ils seulement conscience des conséquences de leur comportement ? Que ce soit clair, notre coup de gueule n’a pas vocation à défendre aveuglement les produits phytosanitaires. Nous sommes utilisateurs et conscients des précautions à prendre pour les utiliser. La recherche agronomique avance. Nous sommes résolument volontaires et progressistes sur la mise en place de méthodes alternatives. La mutation agricole est en marche ; pas assez rapidement pour certains mais le temps de la recherche, de la science, du vivant et de l’entreprise n’est pas le temps médiatique ».
Ce n’est pas la première fois que des résultats d’analyse sont contradictoires : deux journalistes du Mensuel du Morbihan ont voulu tester la méthode des deux parties, dans un autre secteur, des agriculteurs de la FDSEA et opposants aux glyphosates. Ils ont soumis leur urine aux deux laboratoires, en respectant les protocoles requis par ces derniers.
« Et là aussi, les résultats sont édifiants. Chez BioCheck, leur taux de glyphosate atteint respectivement 0,90 et 2,48 ng/m. Pour le laboratoire du CHU de Limoges, nos deux confrères sont au-dessous du seuil de détection. Les deux labos utilisent en effet des analyses différentes. Le CHU de Limoges privilégie la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse, quand BioCheck applique la méthode Elisa, qui se sert de la spécificité des anticorps pour détecter des molécules. C’est une bataille d’experts qui s’est engagé » expliquent les journalistes de France 3.
La bataille fait en tout cas rage, dans les campagnes surtout, tandis que dans les métropoles, les gens parlent beaucoup, sans forcément tout le temps bien maîtriser leur sujet…
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