Décidément, la République française a du mal avec les prénoms Bretons, et particulièrement avec Fañch. Un deuxième petit Fañch est né à Morlaix le 18 novembre 2019, ce qui a entrainé une décision du procureur de la République de Brest de refuser l’enregistrement à l’état civil du n avec le tilde.
La famille vient de décider d’entamer une procédure judiciaire, soutenue par Skoazell vreizh, association de défense des militants pour la Bretagne et les Bretons.
L’association, par la plume de Charlie Grall, vient d’ailleurs de sortir un communiqué dans lequel la démarche est expliquée :
Plus de deux ans après la première affaire Fañch à Quimper, une nouvelle famille bretonne vient de se voir refuser le droit d’écrire correctement en breton le prénom qu’elle désire pour son petit garçon. Après avoir pris contact avec Skoazell Vreizh, cette famille vient de prendre la décision d’entamer une procédure judiciaire pour obtenir, comme le petit Fañch Bernard de Rosporden, le droit d’inscrire le tilde sur le n de Fañch, la justice, au final, ayant tranché favorablement dans ce premier cas. Pour cette nouvelle démarche judiciaire, la famille des environs de Morlaix sera représentée et défendue par Maître Jean-René Kerloc’h, de Nantes, Ce mardi, il a pris contact avec le tribunal de Brest. Les parents du petit Fañch, né à Morlaix le 18 novembre 2019, ont fait le choix personnel de ne pas s’exposer médiatiquement et donc de ne pas communiquer directement. Nous respectons ce choix et espérons que chacun en fera de même. Leur avocat et Skoazell Vreizh seront bien entendu à leurs côtés.
Pour Skoazell Vreizh, cette nécessité d’entamer une nouvelle procédure est marquée du sceau de l’amertume et de l’échec. Car c’est tout de même un échec que les interventions diverses (associations culturelles, Conseil culturel de Bretagne, maires, sénateur, municipalités, département…) et encore ces derniers jours le président du Conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, ne sont pas parvenus à convaincre la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, de la nécessité de faire modifier la circulaire ministérielle du 23 juillet 2014.
Mais dans ce dossier où le bon sens devrait prévaloir, le camouflet le plus blessant est sans doute celui infligé par Nicole Belloubet aux 14 députés macronistes de Bretagne dont l’actuel président de l’assemblée nationale, Richard Ferrand. Le 22 septembre 2017 dans une lettre collective à la ministre et en se réclamant bien de la « majorité présidentielle » ils écrivaient : « Nous vous demandons de bien vouloir modifier cette circulaire afin que les graphies des prénoms en langues régionales puissent être autorisées quand bien même elles utiliseraient des signes diacritiques particuliers. »
Deux ans après cette demande, la ministre n’a pas changé d’une virgule la circulaire ministérielle qui interdit l’usage du tilde à l’état civil ! L’échec est patent. L’humiliation pour tous aussi ! En attendant, une nouvelle famille est dans l’incertitude et doit avoir recours à la justice pour tenter d’orthographier correctement en breton le prénom de son choix !
Skoazell Vreizh, qui fête cette année ses 50 ans, remplira sa mission de solidarité avec l’espoir que le jour viendra où cesseront ces humiliations et que les efforts conjugués des uns et des autres feront tomber le mur honteux du jacobinisme.
Les principes d’écriture des prénoms admis par l’administration sont définis par la circulaire ministérielle du 23 juillet 2014. Pourtant, la décision de justice d’autoriser l’usage du n tilde pour le premier petit Fañch, aurait dû amener les choses à évoluer mais la circulaire n’a toujours pas été changée ; l’usage du n tilde est donc toujours officiellement interdit. Un peu de pression comme les Bretons savent la mettre, et tout cela devrait évoluer, rapidement !
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