Situé à environ 10 km au nord-ouest de Prizren, le village martyr de Novake est tristement connu depuis mars 2004. Théâtre de terribles pogroms antichrétiens, le bourg s’est vidé entièrement des chrétiens qui y vivaient depuis des siècles. Pris en joue par les extrémistes albanais, les 97 ménages chrétiens ont été forcés à l’exil en moins de 48 heures. Ils ont laissé derrière eux leurs maisons et l’église du village en proie aux flammes incendiaires.
Quinze après ce terrible drame, l’atmosphère est encore chargée d’une émotion particulière. Maisons éventrées, toits effondrés, façades criblées d’impacts de balles, bâtiments calcinés… Novake ressemble à un désert où l’on ne voit âme qui vive. Et pourtant, malgré les apparences, le village n’est pas fantôme : neuf familles chrétiennes sont revenues vivre au milieu du chaos et résistent face aux violences qui continuent de sévir.
Un retour des chrétiens à haut risque
Stefan est le chef d’une de ses familles déplacées de retour sur leurs terres. Il est âgé d’une quarantaine d’années mais son visage est marqué par les turpitudes de son existence. « Je n’ai jamais perdu espoir de revenir au pays avec ma famille. Ici, nous sommes chez nous. » Il raconte leur parcours d’infortune au Père Serdjan venu leur apporter des vivres humanitaires. Assis à ses côtés, autour d’une table de jardin placée à l’abri d’un arbre, ses trois enfants dévorent du regard le paysage. Son épouse serre, à l’étouffer, le petit derniers dans ses bras.
La vigne et la terre pour survivre
Debout, près du groupe, le jeune Andrija se désole : « la Paix n’est toujours pas revenue pour nous. » Car le retour est difficile pour les réfugiés de Novake. Une fois rentrés chez eux, ils vivent sans aucune garantie pour leur sécurité en faisant face aux mêmes persécutions qu’ils avaient fuies. « Nous sommes devenues la cible d’intimidations, de menaces, de chantage, etc… Notre retour n’est pas accepté et on nous le fait ressentir. » Régulièrement, des bêtes sont volés, parfois des troupeaux entiers empêchant les familles de se nourrir du fruit de leur bétail.
Ce climat de peur n’a pas eu raison de leur amour pour leurs terres. Les villageois ont trouvé une alternative pour subsister en se solidarisant autour d’un double projet agricole et viticole. « Puisque nos bêtes étaient systématiquement volées, nous avons décidé de reconvertir notre “activité ressource” dans la vigne et la terre en mutualisant notre travail. Nous partageons tout : la terre que nous cultivons, nos outils de travail et le fruit de nos récoltes. Nous unir, ce fut la seule manière de survivre dans cet environnement hostile ».
Donner les moyens de subsister
Pour les accompagner dans cet effort collectif, l’ONG Solidarité Kosovo a répondu à l’appel à l’aide des jeunes agriculteurs de Novake en les équipant du matériel suivant :
- un système d’arrosage de vigne distribué goutte à goutte à la verticale par des goutteurs,
- un cultivateur pour tracteur permettant de travailler les terrains labourés,
- un broyeur de maïs pour la préparation des aliments pour le bétail,
- une débroussailleuse,
- ainsi que des tronçonneuses.
Scellés tous les soirs dans un entrepôt du village, l’équipement est placé sous la surveillance alternée des chefs de famille. Solidarité Kosovo se réjouit d’avoir accompagné le retour des familles réfugiées de Novake au moyen de cette nouvelle mécanisation qui leur permettra de s’ancrer davantage sur leurs terres ancestrales grâce aux fruits de leur labeur.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V