Après Chasseurs d’écume, décrivant l’univers de la pêche à la sardine du côté de Douarnenez, Debois et Fino offrent une nouvelle série bretonne de bandes dessinées : L’or des marées. On découvre, avec le même souffle romanesque, la vie méconnue des goémoniers sur les côtes bretonnes au début du XXe siècle.
1894. Yves Kerléo, gardien de phare depuis de nombreuses années, quitte son métier après avoir failli perdre la vie au milieu d’une mer déchaînée. Anne, sa fiancée, l’attend à terre. Il choisit alors de devenir paysan goémonier et de l’épouser. Il achète ainsi une ferme pour récolter le meilleur des goémons sur la petite île sauvage de Béniguet, au large du Conquet. Un riche industriel du Conquet, Eugène Lemarchand, va accélérer son projet afin d’améliorer le commerce de l’iode. Mais la nouvelle vie d’Yves Kerléo risque de s’effondrer s’il se laisse guider par ses sentiments. En effet, avant d’épouser Yves, Anne était fiancée à un officier de Marine, François, lequel devient le mari d’Estelle, propre fille d’Eugène Lemarchand. Mais celle-ci se sent attirée, à son tour, par Yves…
Après l’adaptation de plusieurs textes d’Anatole Le Braz et d’un roman historique du Nantais Jean-Claude Boulard pour réaliser les Chasseurs d’écume, le scénariste François Debois s’inspire du roman de Joël Raguénès, Le Pain de la mer. Les romans de cet écrivain régionaliste né au Conquet se situent souvent dans la Bretagne du début du XXe siècle. Il connaît bien le sujet, puisqu’il est issu d’une famille qui exploitait le goémon à Quéménès.
François Debois décrit ainsi fidèlement les conditions de vie des goémoniers au début du XXe siècle. On découvre la culture du goémon. Ces algues, une fois cueillies, séchées et brûlées dans des fours en pierre, se transformaient en soude. En effet, à cette époque, l’algue devient une matière première fort prisée, utilisée en médecine et dans la photographie. Recherchant la véracité, François Debois choisit de faire parler en breton les goémoniers de Béniguet. Le scénario insiste également sur le poids des barrières sociales. Certes, son histoire multipliant les relations amoureuses semble un peu trop romancée. Mais c’est sans doute nécessaire pour développer une intrigue sur plusieurs tomes.
Le dessinateur Serge Fino croque avec réalisme la mer et les côtes bretonnes. Ses scènes marines de tempête, autour du phare, sont sublimes. Il nous fait prendre conscience que ses personnages, tous attachants, souffrent de la rudesse de la vie en Bretagne au début du siècle dernier.
On attend avec impatience le deuxième tome…
Kristol Séhec
L’Or des marées, t. 1 : « Les Moissonneurs de la mer », 13,90 euros. Éditions Glénat.
Illustrations : DR
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