De plus en plus de femmes contraintes à la polygamie au Royaume-Uni tout en étant privées de pensions alimentaires en cas de séparation ? Des pratiques qui ne proviennent pas de la culture britannique traditionnelle…
Des mariages religieux… sans obligations légales
Un article du quotidien britannique The Independent, pourtant peu suspect de sympathies conservatrices, retient l’attention. Nous y apprenons ainsi que les femmes britanniques subiraient de plus en plus de pressions en faveur de relations polygames. Une situation qui aurait plusieurs incidences. Ainsi, si un homme peut enchaîner les mariages religieux (l’article mentionnant explicitement les mariages musulmans), ces unions n’ont aucune valeur juridique aux yeux de la loi britannique.
En conséquence de quoi les femmes abandonnées par leur « mari » ne peuvent juridiquement pas prétendre obtenir une pension alimentaire pour élever le ou les enfants issus du couple. Une situation qui révolte des militants des droits des femmes. Sans que ces derniers ne remettent directement en question la pratique de la polygamie. Mais, en 2019, les combats sociétaux en Europe occidentale ne sont plus à un paradoxe près.
Notons au passage que l’article de The Independent est illustré par un édifice religieux chrétien. Étrange choix éditorial lorsque l’on sait que certaines religions se montrent beaucoup plus ambigües que le christianisme sur cette question…
Un « non-mariage » qui facilite la polygamie
Cependant, si les cas de cette nature se sont multipliés outre-Manche, l’arrêt rendu par le juge Williams à la High Court de Londres en juillet 2018 a permis à une femme d’obtenir le versement d’une pension alimentaire de la part de son ancien conjoint. La femme, une dénommée Nasreen Akhter, mariée religieusement avec Mohammed Khan pendant 18 ans et mère de quatre enfants, a longtemps espéré un mariage civil. Qui n’a jamais eu lieu. Avant que son « mari » ne décide de la quitter… pour choisir une autre femme.
Pour ce Mohammed Khan, homme d’affaires âgé d’une quarantaine d’années, il n’était pas question de verser quoi que ce soit à son ex-conjointe, arguant que leur relation constituait un « non-mariage ». Il suffisait d’y penser.
Quant au juge Williams, il déclara dans son jugement que « le témoignage de la femme sur la façon dont le mari l’a mise sous pression en disant que l’Islam permettait la polygamie et qu’elle était une mauvaise musulmane et qu’elle rejetait la parole de Dieu montre un degré de manipulation émotionnelle des plus effrayants ». Cependant, l’affaire n’en est pas restée là et le gouvernement est même intervenu car les avocats du procureur général Geoffrey Cox ont demandé l’annulation du verdict, la décision finale étant attendue d’ici quelques mois.
Relations polygames, une nouveauté culturelle ?
Depuis cette annonce, Southall Black Sisters (collectif féministe britannique historiquement porté sur la défense des femmes noires et asiatiques) s’est invité dans le débat pour dénoncer ce vide juridique. Par l’intermédiaire de la directrice de l’organisation Pragna Patel : « Nous sommes absolument stupéfaits que le gouvernement soit intervenu. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement estime qu’il doit intervenir dans un jugement juste. […] Nous rencontrons beaucoup de femmes dans des situations similaires. C’est un problème croissant et répandu. Il a également des répercussions sur les femmes hindoues et sikhes. »
Et Southall Black Sisters d’évoquer les « tribunaux » religieux, rendant souvent « des décisions au détriment des femmes » et « tentant de forcer les femmes à rester mariées ». Pour les militantes féministes, « ces institutions sont misogynes, patriarcales et antidémocratiques. Ces institutions régissent de plus en plus les droits des femmes. Si la loi va à notre encontre, les femmes seront exclues du système de justice pénale. »
Par ailleurs, toujours selon Pragna Patel, « les normes fondamentalistes croissantes » au sein de la communauté musulmane au Royaume-Uni aggravent encore davantage le problème. Les cas similaires à celui de Nasreen Akhter évoqué précédemment sont en constante augmentation. D’autre part, une enquête réalisée en 2017 a révélé que presque toutes les femmes musulmanes mariées sur le sol britannique avaient eu un mariage religieux et que près des deux tiers n’avaient pas eu de mariage civil en parallèle.
Dans ces conditions, on imagine aisément les situations de détresse de certaines femmes à venir en Grande-Bretagne. Lorsque l’on adopte un modèle de société multiculturelle, il faut aussi en accepter les mauvais côtés. En attendant en vain d’en trouver les bons…
Crédit photos : DR (Photo d’illustration)
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