La Flandre, une terre de plus en plus hostile aux migrants ? C’est ce que déplore la ministre fédérale chargée de l’Asile et la Migration, Maggie De Block (Open VLD). En pointant du doigt les nationalistes flamands. Et l’influence du Vlaams Belang.
Flandre : « climat pas favorable à l’accueil des migrants »
Le succès du Vlaams Belang aux élections du mois de mai 2019 continue encore de faire des vagues. Si les projets de société voulus par les Flamands d’un côté (à travers leur vote massif pour les nationalistes) et par les Wallons de l’autre paraissent désormais irréconciliables, des voix dans le camps flamand se font aussi entendre en faveur de l’accueil de migrants.
C’est notamment le cas de la ministre fédérale chargée de l’Asile et la Migration, Maggie De Block, membre de l’Open VLD [NDLR : Libéraux et démocrates flamands. Qui s’est confiée à un quotidien belge le 23 novembre.
Elle déclare ainsi : « Pour la première fois, on ressent de véritables difficultés à trouver des places d’accueil pour les demandeurs d’asile. En 2010-2011, il y a aussi eu des critiques quand on a augmenté le nombre de places. Et puis des réactions quand on les a fermées parce que les gens estimaient que le contact avec les demandeurs d’asile était enrichissant. Mais aujourd’hui, on sent qu’il y a, en Flandre, un climat qui n’est pas favorable à l’accueil des migrants. Ce n’est pas le cas partout».
Vlaams Belang et fenêtre d’Overton anti-immigration
Un changement de ton vis-à-vis de l’immigration extra-européenne au sein de la population flamande qui n’est pas totalement le fruit du hasard. Et Maggie De Block se montre perspicace sur le sujet : « La thématique a été fort mis en avant lors des élections […] le discours des partis extrémistes (sic) flamands a pris de l’ampleur ».
La ministre pointe aussi du doigt les nationalistes (très modérés) de la N-VA. Qui auraient fait, selon elle, de la « désinformation sur l’asile » : « Il y a une manipulation des chiffres, on compare des pommes et des poires. C’est purement politique ».
La réalité, c’est surtout que la N-VA, après avoir tenu un discours assez sinueux sur l’accès de la Flandre à l’indépendance au sein d’une Belgique rongée par le socialisme et l’immigration, a dû se résoudre à ne pas se faire doubler sur sa droite par le Vlaams Belang. Qui, après quelques années de disgrâce, est revenu en force sur le devant de la scène. Avec les scores électoraux qu’on lui connait. Un phénomène sur lequel Maggie De Block est également lucide : la N-VA a « perdu beaucoup d’électeurs qui sont allés au Vlaams Belang ». Tandis que, toujours selon elle, « un axe Vlaams Belang/N-VA » se formerait actuellement au Parlement.
Un Vlaams Belang plus actif que jamais qui, sous l’impulsion de ses leaders nouvelle génération, a mis la N-VA face à ses compromissions, obligeant la formation de Bart de Wever à durcir sa ligne sous peine de perdre le reste de son électorat. De son côté, le parti de Tom Van Grieken est désormais la figure de proue de la lutte contre l’immigration en Flandre. Comme lorsqu’il interpelle Maggie De Block au Parlement concernant l’absence de consultation de la population sur l’arrivée de migrants.
Tom Van Grieken réélu à la tête du Vlaams
Signe que le dynamisme actuel est apprécié par ses militants, Tom Van Grieken a a été réélu samedi 16 novembre président du Vlaams Belang avec 97,4 % des voix au sein du conseil de parti. Il était par ailleurs le seul candidat. Un poste qu’il occupe depuis 2014, période où la formation connaissant un net recul dans les urnes.
Sous sa mandature, le Vlaams Belang s’est renouvelé pour devenir à l’heure actuelle le deuxième parti de Flandre derrière la N-VA. Avec l’ambition de passer devant cette dernière dans les prochaines années. Le contexte politique flamand est en tout cas favorable à un tel scénario.
AK
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