Il doit y avoir au sein du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine des spécialistes de la communication « langue de bois », si l’on en juge le dernier communiqué adressé à la presse par Jean-Luc Chenut, socialiste et président du CD 35 et du SDIS 35 (Service départemental d’incendie et de secours).
En effet, ce communiqué, qui évoque le malaise croissant des pompiers professionnels, est un modèle de bottage en touche, communiqué dans lequel par ailleurs sont condamnés les méthodes de protestations des pompiers professionnels (les seules qui pourtant fassent réagir) consistant à inscrire des messages de protestation sur les véhicules dédiés aux interventions. Des menaces de sanctions sont également énoncées, ce qui n’est sans doute pas la meilleure façon d’entamer un dialogue avec des grévistes….
« Sur la forme, je condamne ces pratiques qui enfreignent des règles connues des agents concernés. En effet, ces façons d’agir mobilisant des véhicules dédiés au service ne peuvent être acceptées et sont passibles de sanctions. Le caractère irrespectueux des slogans à l’égard de la hiérarchie ou des élus est d’autant moins acceptable que le dialogue social est permanent au sein des différentes instances et réunions de concertation organisées par le SDIS ».
La suite est un festival : Jean-Luc Chenut condamne les agressions dont les pompiers sont victimes, sans toutefois mettre le doigt sur le profil des agresseurs, ni sur les solutions (il est pourtant président d’une collectivité importante) pour y mettre rapidement fin.
« Dans notre département, depuis le début de l’année, ce sont 27 agressions ou actes d’incivilités à l’encontre des sapeurs-pompiers qui sont à déplorer, contre 12 en 2018. Trois agressions ont été cette année d’une particulière violence et gravité et ont fortement marqué les esprit. Dans ce cadre, les élus et la hiérarchie du SDIS sont totalement mobilisés, chacun dans ses responsabilités, auprès des sapeurs-pompiers : dépôt de plainte systématique, accompagnement psychologique, assistance juridique, soutien de l’encadrement, prise en charge financière des dommages et intérêts en lieu et place des auteurs quand ceux-ci sont insolvables. Par ailleurs, le travail collaboratif avec les différents services (Préfecture, Police, gendarmerie et Justice) a permis d’obtenir dans les cas les plus graves, des sanctions pénales rapides et exemplaires, avec des peines de prison ferme et des mandats de dépôt prononcés à l’audience ». Aucune précision sur les peines prononcées, ni sur les exemples précis de condamnations…
2 millions d’euros pour les pompiers pro, c’est non, 21 millions pour les mineurs isolés étrangers, c’est oui
Mais c’est à propos des revalorisations salariales réclamées par les pompiers professionnels que l’affaire se corse :
« Pour ce qui est de la reconnaissance pour les sapeurs-pompiers du métier à risque, celle-ci semble confortée à ce stade des négociations nationales sur les retraites. Cependant, la revendication associée, de revaloriser une indemnité liée au métier en la portant de 19 % à 28 % du salaire de base fait toujours l’objet de négociations au niveau national. Il convient de préciser qu’elle représenterait un coût de 2 millions d’euros, soit une augmentation de 4,5 % des dépenses de personnel du SDIS d’Ille-et-Vilaine, dont le financement serait à la charge du département, des intercommunalités et des communes ».
Traduction : ces 2 millions d’euros représentent un coût pour la collectivité que Jean-Luc Chenut ne souhaite pas assumer.
Pourtant, ces 2 millions d’euros que l’on refuse aux pompiers professionnels, qui agissent au quotidien pour les citoyens, Jean-Luc Chenut les attribue fièrement, et volontairement, à d’autres populations.
Le président du CD35 déclarait encore récemment « Le Département a aujourd’hui la responsabilité de 550 mineurs non accompagnés (MNA), sur les 3 000 enfants et adolescents accompagnés par nos services de l’aide sociale à l’enfance. Nous en sommes, depuis le début de l’année, à plus de cent nouveaux jeunes mineurs non accompagnés pris en charge (…) Je suis fier de voir à quel point nos agents et nos partenaires se mobilisent pour donner aux mineurs non accompagnés (ou mineurs isolés étrangers), toutes les chances de s’intégrer, de s’épanouir et de construire une vie meilleure en Ille-et-Vilaine. Cet accueil coûte 21 millions d’euros en 2018 au conseil départemental » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, 22-23 septembre 2018).
Ces mineurs que les Bretons n’ont jamais demandé à accueillir sur leur territoire sont pourtant eux aussi donc, à la charge du département, des intercommunalités, et des communes, donc du contribuable. Mais pour eux, Jean-Luc Chenut dépense sans compter… Les soldats du feu eux, attendront. La préférence étrangère en action, au sein d’une même collectivité…
Tanguy Belin
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