L’abbaye d’Engelszell a été fondée par Bernhard de Pramsbach, évêque de Passau, en 1293. Deux ans plus tard, elle a rejoint l’ordre cistercien. Pendant un temps, l’abbaye autrichienne grandit. Mais malheureusement, ça ne dure pas… Elle est touchée par des épidémies et des incendies et se retrouve bien mal en point. Jusqu’au coup de grâce donné en 1786 par Joseph II, qui la ferme définitivement. Pour lui, un ordre contemplatif était inutile… Pendant plus d’un siècle, Engelszell sert de manufacture de porcelaine ou encore de lieux de vacances pour de riches familles. Bref, on est bien loin de la vocation initiale (de prière !) du lieu.
Heureusement, en 1925, des moines trappistes (c’est-à-dire de l’ordre cistercien de la stricte observance) arrivent tout droit de l’abbaye alsacienne d’Oelenberg pour redonner vie à Engelszell. Six ans plus tard, le nouveau monastère d’Engelszell est érigé en abbaye, et devient la seule abbaye trappiste d’Autriche.
Et aujourd’hui ?
Il y a une petite dizaine de moines qui vivent à l’abbaye d’Engelszell aujourd’hui, en suivant la règle de saint Benoît, « ora et labora » (« prie et travaille »). Ils ont six offices par jour dès 5h30 le matin. Le reste du temps, les moines lisent, étudient, et se consacrent au travail manuel. Eh oui, chacun prend sa part aux tâches ménagères, et puis surtout, il faut des petites mains pour fabriquer les liqueurs et la bière que vend l’abbaye !
Une bière trappiste, une vraie !
La brasserie d’Engelszell est une petite nouvelle sur le marché. Elle n’existe que depuis 2012 et c’est la huitième brasserie trappiste au monde (sur les douze qui existent aujourd’hui). Les bières brassées par les moines d’Engelszell arborent fièrement le logo Produit Trappiste Authentique. Ce logo assure au consommateur :
- que la bière est brassée au sein de l’abbaye ;
- qu’elle est brassée par les frères ou sous leur contrôle ;
- que les bénéfices servent à entretenir l’abbaye ou à aider des œuvres caritatives.
Et en effet, les revenus de la vente de bière à Engelszell servent à entretenir les bâtiments de l’abbaye et à préserver leur précieux style baroque. Alors, si vous cherchez une BA (Bonne Action), buvez la bière d’Engelszell !
Trois abbés pour trois bières
Les trois bières brassées à l’abbaye d’Engelszell ont une particularité : leurs noms. Eh oui, chacune porte le nom de l’un des trois premiers abbés de l’abbaye. Bel hommage, n’est-ce pas ?
- La Gregorius est une bière Quadrupel brune. Elle porte le nom du premier abbé de la communauté et se caractérise par une robe foncée, des arômes de miel, de caramel et de sucre, et des saveurs de cacao, de malt grillé et de fruits confits.
- La Benno, quant à elle, est une bière ambrée. Elle doit son nom au deuxième abbé de la congrégation. Au nez, on peut y sentir des arômes de miel, de fleurs et de fruits. Et en bouche, le malt grillé et les notes fumées prennent le dessus.
- Et enfin la Nivard ! Une blonde plutôt légère (5,5 % d’alcool) qui a des arômes de pêche et d’agrumes au nez et des saveurs fruitées en bouche. Et sans surprise, c’est le troisième abbé de l’abbaye d’Engelszell qui lui a donné son nom.
Ces bières sont brassées avec du miel issu des ruches de l’abbaye qui sont exploitées par un apiculteur du coin. Pour les autres ingrédients : le houblon vient d’Autriche, et le malt d’Autriche ou de Bavière. Une bière très locale donc. Et si les moines d’Engelszell fabriquent la bière, ce sont leurs voisins de l’abbaye prémontrée de Schlägl qui la mettent en bouteille : la coopération est la clé du succès !
Crédit photo : DR
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