Avec 428 750 inscrits à Pôle emploi, la Bretagne n’a pas besoin de faire appel aux immigrés pour faire face aux « métiers en tension ».
On arrête de rigoler ; il s’agit, selon le Premier ministre Édouard Philippe, de « reprendre le contrôle migratoire », sans céder aux sirènes du « populisme », ni faire de « l’eau tiède ». Sur le volet immigration de travail, la principale nouveauté vient de l’instauration d’« objectifs chiffrés ou de quotas », selon ce dernier. Pour ce faire, « une mise à jour de la liste des métiers les plus en tension » sera établie, annonce la ministre du Travail Muriel Penicaud (Comité interministériel sur l’immigration et l’intégration, mercredi 6 novembre 2019).
Un vieux discours
C’est un vieux discours que celui qui porte sur les « métiers en tension », c’est-à-dire les secteurs où l’on manque de bras ou de cerveaux ; si bien que les entreprises sont contraintes de faire appel à des travailleurs étrangers. Pour le grand patronat, recourir aux services d’une main-d’œuvre docile, peu revendicatrice et moins coûteuse demeure une bonne affaire. Voir le cas des Portugais qu’une société d’intérim fournissait à Eiffage pour le chantier de la LGV Le Mans-Rennes. Il est également habituel d’avancer des chiffres importants pour illustrer la situation des « métiers en tension » sans que jamais une enquête précise auprès des dirigeants d’entreprises – surtout les PME – ait permis de recenser avec précision les besoins.
Évidemment, seule une volonté politique permettrait ensuite de lancer une opération anti-chômage : planification, orientation, incitations financières, formation, revalorisation du travail manuel, logement des jeunes travailleurs… Mais il ne faut pas compter sur des gouvernements libéraux – de droite et de gauche – pour prendre le problème à bras le corps… C’est plus facile de faire appel aux immigrés – ce qui convient aux desiderata du Medef.
Et les demandeurs d’emplois ?
Parallèlement à la « politique migratoire », il y a les « demandeurs d’emplois » dont Édouard Philippe oublie de parler ; ils étaient tout de même 428 750 en Bretagne (5) – chiffre Dares (25 octobre 2019). Soit 378 430 dans les catégories A, B et C, 24 670 dans la catégorie D et 25 650 dans la catégorie E.
Autant dire que la Bretagne n’a pas besoin des immigrés pour régler la question des « métiers en tension » ; on a ce qu’il faut sur place. Mais les politiques préfèrent sans doute regarder ailleurs. Les chômeurs ne les intéressent pas.
B. Morvan
Crédit photo : Jacques Paquier/Flickr (cc)
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