L214 révèle aujourd’hui des images tournées en septembre 2019 dans un important élevage intensif de cochons du Finistère (élevage du groupe Triskalia). L’association a annoncé par ailleurs vouloir porter plainte auprès du procureur de la République de Brest contre l’élevage pour mauvais traitement et sévices graves envers des animaux.
L’enquête a été menée dans un élevage du Finistère sur la commune de Dirinon (29460). Cette ferme XXL a l’autorisation d’élever 800 truies reproductrices et d’engraisser plus de 8000 cochons à un instant t. Elle est affiliée à la coopérative Triskalia, fournisseur de référence des abattoirs de l’entreprise Bigard-Socopa.
« Les locaux de l’élevage sont dans un état d’hygiène déplorable : enclos crasseux, accumulation de déjections, profusion de mouches, eau stagnante… Des cadavres jonchent le sol de l’élevage : des cochons de tout âge, adultes ou porcelets. Certains sont en état avancé de putréfaction, laissés dans les couloirs et même dans les enclos des cochons, au milieu des animaux vivants. De nombreux antibiotiques sont utilisés (certains sont classés d’importance critique par l’OMS). Des hormones de croissance (dexaméthasone, produit dopant interdit pour les sportifs) sont également présentes dans l’élevage. »explique l’association, qui exaspère toutefois de nombreux acteurs du monde rural en Bretagne de part notamment les méthodes employées.
Les images parlent toutefois d’elles mêmes : elles montrent des naissances de porcelets. Leurs pattes se coincent dans les fentes du caillebotis (sol ajouré). Beaucoup meurent à la naissance, parfois écrasés par leur mère, laquelle est immobilisée dans une cage l’empêchant de se mouvoir ou de se tourner vers ses petits. L’enquête révèle également que de nombreux cochons sont en état de détresse, affaiblis, présentant des blessures sévères. Ceux qui présentent des plaies ouvertes sont dévorés par leurs congénères au lieu d’être isolés comme l’exige la réglementation. Tous les cochons ont la queue coupée ; il est pourtant interdit de pratiquer cette mutilation de manière routinière.
Pour Yann Arthus-Bertrand, qui est en quelque sorte le « parrain » de cette nouvelle enquête : « Sans lanceur d’alerte, les images […] de ces pauvres cochons, enfermés toute leur vie dans un élevage intensif, vous ne les verriez jamais. C’est pourtant la triste réalité, et il faut bien l’admettre, le sort que nous réservons à ces animaux, c’est tout simplement l’enfer sur Terre. »
En France, 95 % des cochons sont élevés dans ces conditions alors que 88 % des Français sont opposés à l’élevage intensif. Les cantines scolaires s’approvisionnent largement auprès d’élevages intensifs de ce type, même lorsqu’elles font appel à des fournisseurs locaux. La commande publique est dirigée par les municipalités qui peuvent donc décider de ne plus soutenir l’élevage intensif par ce biais.
Sébastien Arsac, cofondateur de l’association L214, explique : « Les enfants sont des consommateurs captifs, ils n’ont pas le choix de ce qu’ils mangent à la cantine. C’est donc le choix des maires que de leur servir des produits issus des élevages intensifs ou pas. La commande publique doit montrer l’exemple et contribuer à une sortie effective de ces modes de production délétères pour les animaux, les humains et l’environnement. »
De son côté, Triskalia ( 16 000 agriculteurs adhérents et 4 800 salariés ) a réagi rapidement, en dénonçant le mode opératoire de l’association (certains agriculteurs nous ont confié être terrorisés par les méthodes de L214, qui utilise la communication, souvent face à des agriculteurs isolés et sans défense médiatique, pour parvenir à ses fins). Le groupe reconnait par contre clairement la mauvaise gestion de l’élevage estimant que les animaux blessés doivent être séparés et amenés à l’infirmerie tout en indiquant que cette enquête ne reflète en rien la réalité des élevages
Crédit photos : DR
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