Les retraités et les métropoles vont-ils faire la pluie et le beau temps en Bretagne administrative d’ici à 2040 ? Si l’on en croit les différents scénarios proposés par l’INSEE, c’est fort possible, et cette progression démographique d’ampleur (+ 400 000 personnes possible en 25 ans) ne serait nullement dû à une hausse de la natalité des Bretons, mais à l’arrivée, massive donc, de nouvelles populations.
Cela correspondrait à une augmentation de 12 % en 22 ans, sensiblement supérieure à la croissance nationale projetée suivant la même méthode (8 %). La Bretagne administrative pourrait compter en 2040 entre 3 732 000 et 3 855 000 habitants.
Voici ci-dessous le compte rendu de l’INSEE sur la démographie de la Bretagne à l’horizon 2040
La population bretonne augmente continûment depuis le milieu du XXe siècle. Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient à l’avenir, la Bretagne gagnerait plus de 400 000 habitants entre 2018 et 2040 (+ 0,52 % par an, en regard d’une augmentation annuelle moyenne de 0,34 % en France métropolitaine). Cette hausse s’expliquerait principalement par l’augmentation du nombre d’habitants de 65 ans ou plus. L’effectif des moins de 20 ans resterait stable, tandis qu’entre les deux, la population d’âge actif augmenterait faiblement (+ 45 000 personnes, soit + 0,11 % par an). La croissance démographique se concentrerait dans la partie orientale de la région, couvrant l’Ille-et-Vilaine et une large frange littorale du Morbihan. C’est également dans ces zones que le nombre de Bretons de moins de 65 ans augmenterait le plus.
Ces éléments de projection s’appuient sur l’hypothèse d’un maintien des tendances actuelles en matière de démographie et de mobilités résidentielles. Si ces comportements venaient à changer (méthodologie), l’évolution de la population au sein de la région en serait modifiée. Ainsi, quatre scénarios ont été envisagés pour la Bretagne (encadré). Ils décrivent des changements possibles dans la vie des habitants, notamment quant à leur relation à l’environnement, à la vitalité de l’économie, à l’émergence ou au renforcement de technologies, ou encore à l’organisation territoriale régionale. Ces changements se traduiraient dans les mouvements migratoires, qu’ils soient internes à la Bretagne ou avec les autres régions, modifiant ainsi les évolutions démographiques futures.
Des scénarios possibles pour la Bretagne
La première perspective imaginée, « Changement climatique structurant », est celle d’un contexte où le changement climatique serait structurant et orienterait prioritairement les choix de résidence des habitants. L’attrait du cadre de vie régional se traduirait notamment par des arrivées extérieures plus nombreuses de population d’âge actif. Dans le même temps, les familles avec enfants ainsi que les retraités vivant dans le périurbain se redirigeraient plutôt vers les zones urbaines pour profiter des services offerts et diminuer leur coût de transport. À l’inverse, davantage de familles bretonnes à la recherche d’une meilleure qualité de vie feraient le choix de s’installer dans des zones plus isolées, proches de la nature.
Dans le deuxième scénario envisagé, « Digitalisation et accentuation de la métropolisation », l’attractivité de Rennes et de Brest se renforcerait. Les deux métropoles attireraient à la fois de nouveaux étudiants et de nouveaux actifs qualifiés en provenance d’autres régions. En revanche, les emplois du secteur industriel seraient globalement moins nombreux. Par conséquent, les territoires spécialisés dans l’industrie deviendraient moins attractifs pour les salariés du secteur, qu’ils soient bretons ou en provenance d’autres régions. De plus, les modifications du tissu productif régional recentreraient les emplois sur les zones urbaines, qui attireraient ainsi les familles avec enfants. En parallèle, d’autres familles avec enfants profiteraient de l’essor de la digitalisation pour s’installer sur le littoral grâce au travail à distance.
Dans un troisième scénario, « Renouveau industriel », le développement de la recherche et de l’innovation dans l’industrie attirerait plus d’actifs extérieurs dans les zones urbaines et industrielles. Il freinerait les départs d’actifs depuis les territoires industriels. La nouvelle répartition des emplois régionaux inciterait davantage de familles avec enfants à quitter les pôles urbains pour s’installer en périphérie. L’attractivité des zones universitaires bretonnes serait accentuée par le dynamisme de l’emploi sur l’ensemble du territoire régional et par le développement des emplois hautement qualifiés.
Enfin, un quatrième scénario, « Ralentissement économique », envisage une baisse de l’activité dans la région. Cela se traduirait par une baisse des arrivées de personnes d’âge actif dans toute la région. Reflétant la faible attractivité de la région en termes d’emploi, les arrivées d’étudiants seraient également moins nombreuses dans les villes universitaires. Le littoral resterait alors le seul atout régional en matière d’attractivité, et accueillerait davantage de retraités.
Si ces futurs possibles sont très différents les uns des autres, certaines caractéristiques des évolutions démographiques à venir dans la région restent identiques quel que soit le contexte envisagé.
Une croissance de la population jusqu’en 2040, quelles que soient les hypothèses retenues
Tout d’abord, dans tous les cas de figure envisagés, les Bretons seraient plus nombreux en 2040 qu’aujourd’hui, jusqu’à 3 905 000 en cas de renouveau industriel (scénario 3). Bien évidemment, la survenue d’un ralentissement économique régional (scénario 4) aboutirait à freiner la croissance démographique actuelle, mais les incidences d’une telle situation ne seraient pas suffisantes pour réduire la population bretonne. Dans ce cas le moins favorable, elle s’établirait à 3 642 000 habitants en 2040 (figure 1).
De même, dans tous les scénarios, les classes d’âge supérieures à 65 ans sont celles qui gagneraient le plus d’habitants. Ainsi, quelles que soient les hypothèses sur le plan économique et leurs incidences sur la population en âge de travailler, l’effectif régional des 65 ans ou plus serait systématiquement celui qui progresserait le plus. Selon le scénario, ils seraient entre 1 078 000 et 1 106 000 en 2040, soit plus de 350 000 de plus qu’en 2018.
Enfin, dans toutes les situations envisagées, la croissance démographique se concentrerait dans les territoires à l’est de la région, dans une zone qui couvre l’Ille-et-Vilaine et le littoral morbihannais, en lien avec son attractivité pour les personnes en âge de travailler. Si le nombre de 65 ans ou plus serait croissant sur l’ensemble de la Bretagne, le dynamisme de l’emploi dans l’est de la région et l’attractivité du littoral morbihannais permettraient à ces territoires de continuer à attirer également des personnes d’âge actif, avec leurs enfants, quel que soit le scénario.
Au-delà de ces constats indépendants du scénario considéré, des mouvements de population différents se produisent dans chacun des contextes envisagés. Ceux-ci influent logiquement sur la population totale à l’horizon 2040, mais ces différences ont également des conséquences sur les évolutions localisées de la population, dans son ensemble et par classe d’âge.
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Sur la répartition démographique en Bretagne, lire également cette analyse, toute fraiche, émanant de l’INSEE
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