Le Conseil régional veut-il à tout prix faire de la Bretagne une copie de l’île-de-France ? Les dernières publications de la marque Bretagne ne laissent guère la place au doute. Immigration économique et cosmopolitisme au programme !
Marque Bretagne : 40 000 emplois… pour qui ?
Jamais avare en courbettes envers Paris, la Région Bretagne (B4) est passée à la vitesse supérieure ses dernières semaines. Comme en témoigne la communication de la marque Bretagne, mise en place par le Conseil régional et dont le pilotage a ensuite été confié à Bretagne Développement Innovation et au Comité régional du Tourisme.
La marque est présentée par ses fondateurs comme « une marque de territoire au service de l’attractivité de la Bretagne », cherchant à « enrichir » et à « moderniser » l’image bretonne. Elle entend aussi promouvoir une « Bretagne moderne, innovante, créative et engagée pour répondre aux enjeux d’un développement responsable et durable. »
Mais dans les faits, à quoi renvoient concrètement ces éléments de novlangue ? Il suffit de s’intéresser aux dernières publications de la campagne « Passez à l’Ouest », campagne que nous avons déjà décryptée sur Breizh-info.com. Dans le tweet ci-dessous, il est notamment question de « 40 000 offres d’emploi dans le vent disponibles actuellement ». Avec, en guise d’illustration, un individu d’origine extra-européenne à vélo sur le Mont Saint-Michel de Brasparts. Dans cette région sinistrée des Monts d’Arrée où la situation économique d’une grande partie de la population autochtone est catastrophique !
La Bretagne, ses paysages de rêve, sa qualité de vie…et ses 40 000 offres d’emploi dans le vent disponibles actuellement. #passezalouest https://t.co/U86Ga513i7
— Bretagne (@MarqueBretagne) November 4, 2019
Cosmopolitisme et immigration économique
Cette mise en scène est-elle une maladresse de la part des communicants de la marque Bretagne ou une orientation sciemment choisie ? La deuxième option semble être la bonne lorsque l’on découvre ce nouvel appel aux travailleurs non-bretons dans un énième affichage censé faire de la Bretagne une terre d’immigration économique.
⚡️Besoin d’un Data scientist, UX manager, DPO, Brand content manager #digital #numerique #communication #CommunityManager ➡️ Utilisez les visuels de la campagne #passezalouest ou imaginez les vôtres pour recruter vos talents ? Téléchargez le Kit Digital https://t.co/MVsYh3128k pic.twitter.com/5cyqiGefba
— Bretagne (@MarqueBretagne) November 14, 2019
Cette obsession d’aller chercher en dehors des frontières bretonnes des « talents » nécessaires à l’économie bretonne n’est pas le seul apanage de la marque Bretagne et du Conseil régional. Un certain nombre de patrons bretons sont aussi partisans de faire leur recrutement directement à Paris. Une volonté largement stimulée par le « Club TGV », entité dont l’objectif est de faire la promotion de la ligne à grande vitesse entre la Bretagne et Paris. Ligne pour laquelle le Conseil régional a dépensé 1,1 milliard d’euros pour sa réalisation.
C’est un événement clé pour #passezalouest #bossezalouest ! Le 19 novembre, 60 recruteurs bretons vont à Paris d’un aller-retour TGV pour proposer non pas 600 mais désormais plus de 900 postes en Côtes d’Armor ! Prêts à changer de vie ? Infos sur https://t.co/uGGkKUEU64 pic.twitter.com/M7XA7TzgIP
— Club TGV Bretagne (@clubtgvbretagne) November 7, 2019
Ce club organise même un job dating à Paris le 19 novembre avec une soixantaine de chefs d’entreprise des Côtes-d’Armor afin d’attirer des profils franciliens pour des postes dans la péninsule. Au détriment des Bretons.
Si, parmi les futurs travailleurs choisissant de s’installer en Bretagne, plusieurs d’entre eux seront possiblement des Bretonnes et Bretons n’ayant eu d’autres choix que de s’exiler à Paris pour débuter leur carrière, la Région Bretagne cherche aussi à séduire un tout autre public au vu de sa campagne publicitaire… Une telle débauche de moyens aurait dû être attribuée à une tâche bien plus utile dans l’intérêt de nos jeunes diplômés : celle de faire le maximum pour leur permettre de vivre et de travailler au pays.
Crédit photos : DR
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