Une fois encore, notre littoral breton sert de cadre naturel à la réalisation d’un film qui, sans nul doute, va ravir notre caste politico-médiatique. Mille mercis donc à Roman Polanski pour son dernier opus : J’accuse. Et son choix de la Pointe de Primel à Plougasnou (22) pour évoquer le bagne de Cayenne.
Un J’accuse qui renvoie – sortez vos mouchoirs – à l’Affaire Dreyfus. D’après la version d’un officier… dreyfusard ! En l’espèce, le lieutenant-colonel Picquart dont l’implication partisane lui assura une fin de carrière des plus confortables : général de brigade et ministre de la Guerre dans le cabinet Clemenceau.
L’affaire Dreyfus relatée par Polanski n’est pas sérieuse
Disons-le d’emblée : sous un tel éclairage, l’affaire Dreyfus relatée par le cinéaste Polanski, apparaît aussi sérieuse et crédible que l’Histoire de France enseignée par nos hussards noirs. Ou l’Histoire de la Russie tsariste par les tueurs bolcheviques. Pure propagande, et mauvaise de surcroît !
Car pour « l’innocence » du capitaine Dreyfus, on reste là, dans le dogme républicain le plus pur. Un article de foi, dont il est blasphématoire de douter. Mais qui illustre fort bien cet acharnement avec lequel la bien-pensance veille au verrouillage des grands instruments du savoir et de la communication sur certains sujets historiques sensibles ou fondateurs.
Rappelons tout de même que Dreyfus fût, à deux reprises, reconnu coupable de trahison par nos tribunaux militaires. De façon équitable et sur pièces probantes. Et qu’au final, l’État républicain-maçon a violé sa propre loi (article 445), en cassant sans renvoi, le 12 juillet 1906, le verdict Dreyfus. Forfaiture que nos autorités publiques se gardent de crier sur les toits.
Mais d’autres aspects du même tonneau surgissent, si l’on plonge dans les méandres de l’Affaire. Ainsi, on découvre que la légende du pauvre capitaine Dreyfus – condamné en raison de son appartenance ethnico-religieuse par des juges réactionnaires et antisémites – ne tient absolument pas la route. Donc, très loin de l’image d’Épinal à laquelle adhèrent la majorité de nos concitoyens après plus d’un siècle de bourrage de crâne scolaire et médiatique. Tant il est vrai qu’un mensonge – en l’occurrence un mensonge d’État – mille fois répété, devient vérité.
On apprend bien vite, en fouillant un peu, que TOUT l’appareil d’État républicain est impliqué en faveur de Dreyfus. Présidents de la République, présidents du Conseil, ministres, magistrats etc., sont à la manœuvre. Tout d’abord, il y a les fortes pressions ministérielles sur les militaires pour stopper l’instruction. En vain. Puis, les démarches répétées pour réorienter l’enquête vers d’autres directions. Moins probantes, mais plus conformes aux intérêts oligarchiques. D’où la démission successive de six ministres de la Guerre.
Viennent s’ajouter les diverses machinations du puissant parti dreyfusard (l’argent coule à flots). C’est le fameux « Syndicat » qui ne recule devant aucun procédé (intimidation, injures, tentatives de subornation de témoins…) pour disculper Dreyfus. Il y a les manœuvres du fourbe Picquart pour substituer à Dreyfus, un autre coupable (Esterhazy), en fabriquant un faux (le célèbre Petit Bleu). Puis, aussi, la partialité de certains magistrats, les dépositions de complaisance, les disparitions de documents préjudiciables à l’accusé. Enfin, les morts mystérieuses de témoins à charge, survenues fort opportunément au cours de cette affaire qui dura douze années…
Bien sûr, on objectera que « le faux du commandant Henry » a jeté un doute sur la culpabilité de Dreyfus. Certes, mais ce faux fabriqué deux ans après la condamnation de Dreyfus, n’a influé d’aucune sorte sur le jugement en question. Et que sa découverte révélée au public par ces mêmes juges militaires apporte la preuve irréfutable de leur impartialité et de leur honnêteté foncière.
Mais au-delà de la personne de Dreyfus (dettes de jeu, maîtresses…) dont les états d’âme nous importent peu, à vrai dire, il y a surtout les conséquences militaires de cette Affaire. Elles furent dramatiques. Par la désorganisation de notre État-major et le démantèlement de notre Service de renseignements. Par l’arrivée subséquente de nouveaux officiers supérieurs au seul mérite politique, dont l’incompétence causa directement des dizaines de milliers de morts, dès les débuts du conflit de 1914.
Une guerre qui fut menée avant tout pour assouvir la soif de revanche d’une Marianne que ce capitaine devait tant chérir. Une guerre où l’occasion fut donnée à Dreyfus d’effacer l’opprobre ou le soupçon de trahison, par une action marquante sur les champs de bataille. Occasion qu’il ne saisit pas… Ce qui lui valut malgré tout un cinquième galon ! Alors que nos soldats se faisaient massacrer gratuitement en premières lignes…
Polanski sert les intérêts du régime en place
Mais ces tragiques conséquences semblent laisser de marbre l’homme Polanski. Elles ne le concernent pas ! Ce n’est pas son combat… Son unique but est de réactiver dans nos cervelles la thèse de l’innocence de Dreyfus. Rien d’autre !
En cela, Polanski sert les intérêts du régime en place et ses affidés. Car cette thèse officielle permet de justifier, auprès du peuple crédule, la vaste épuration menée dans le milieu militaire. Moment jubilatoire pour certains, où l’on écarta tous les cadres jugés trop catholiques, trop nationalistes, trop « français » pour tout dire, pour les remplacer par des créatures adeptes du tablier en peau de cochon et de toute la ferblanterie maçonnique.
Dans cette logique épuratrice, il est étrange qu’aucune loi-bâillon n’ait été imposée pour cette affaire emblématique. Avec à la clé, une répression dissuasive pour le misérable qui oserait mettre en doute l’innocence de « ce canaille de D… ! ». Après tout, ce ne serait pas une première ! Ni une surprise, après toutes les censures qui frappent les mêmes secteurs de l’opinion, depuis près d’un demi-siècle.
On n’en reste pas moins étonné de la démesure qui s’attache à ce fait divers. Une banale histoire d’espionnage, somme toute ! Car, si le personnage de cette affaire, qu’il soit coupable ou non, s’était appelé Ronan Le Gall ou Jean Dupont, aurions-nous eu une Affaire Le Gall, une Affaire Dupont ?
Durant cette époque dreyfusarde, un adjudant du nom de Chatelain du 112ème régiment d’infanterie basé à Marseille, avait été envoyé au bagne en Guyane pour faits similaires de trahison. En avez-vous entendu parler ? Pas de tohu-bohu médiatique, pas d’intervention de l’oligarchie, pas de réhabilitation frauduleuse… Alors ? L’égalitarisme républicain ne cessera de nous surprendre…
En revanche, nous ne sommes pas surpris par les déclarations de la ministre des Armées et de sa porte-parole. Tant sur l’appel à la repentance de l’institution militaire envers Dreyfus que sur le très connoté « devoir de mémoire ». L’armée a les héros qu’elle mérite. Picquart et Dreyfus ont tout à fait leur place, en effet, dans cette armée au service des intérêts mondialistes et ploutocratiques. On nous permettra de réserver notre admiration pour les soldats de l’honneur qui ont pour noms : Mercier, Roget, Cavaignac, Cuignet… auxquels l’histoire devra rendre justice.
Si Dreyfus, on l’a compris, ne figure pas dans notre panthéon personnel, nous reconnaissons toutefois une qualité à cette icône républicaine : celle de n’avoir pas fui son pays, contrairement à son apologiste Polanski, pour se soustraire à une condamnation infamante.
Pour autant, nous ne prêterons pas la main à ce qui s’apparente à une énième entreprise de culpabilisation pour frapper encore et toujours la société traditionnelle, son ordre naturel, ses institutions séculaires et ses peuples enracinés.
Jakez GWILLOU
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