La campagne des municipales a démarré à Nantes, mais curieusement, ce n’est pas sur l’insécurité galopante, les fusillades régulières ou l’usure des voiries que s’écharpent certains candidats, mais sur un projet de métro aussi fumeux qu’incertain. Pendant ce temps-là, le principal marché nantais, Talensac, est laissé à l’abandon. Voici cinq raisons qui plaident pourtant pour sa rénovation urgente.
1. La gestion des déchets
Avec un compacteur régulièrement en panne et un état de saleté, dehors et dedans, devenu banal, la gestion des déchets est le premier indicateur de l’échec patent de la ville de Nantes à y assurer la propreté – et ce bien que l’hygiène soit l’une des compétences historiques des mairies. Régulièrement en panne, le compacteur est non moins régulièrement remplacé par une benne ouverte et donc malodorante, qui attire mouettes, rats et frelons asiatiques.
À qui la faute ? Un peu au matériel acquis par la mairie, un peu aussi aux usagers – nous y avions vu il y a moins de 15 jours une femme de ménage balancer son seau et son balai. Le compacteur n’est censé accueillir que des déchets putrescibles. « Voilà pourquoi il est si souvent en panne, les gens jettent n’importe quoi dedans », commentait un agent de Nantes Métropole, lui aussi présent sur place et assistant à la scène.
Cependant, lorsque le compacteur est plein, ou en panne, ce sont les bennes qui sont remplies. Avec des déchets parfois putrescibles, alors que ces bennes – fermées – ne doivent recevoir en théorie que des cartons ou des caissettes. « Quand on compare le marché de La Baule, qui est aux normes, avec Talensac, c’est clair, on n’est pas du tout aux normes », avoue un commerçant. « Mais pour l’instant ça continue ainsi, malgré la taille franchement imposante des rats qu’on peut croiser parfois ». Selon nos informations, la mairie de Nantes aurait fait cependant dératiser et vider la cave – inutilisée – du marché.
2. L’usure générale du bâtiment
Il y a aussi beaucoup à dire sur le bâtiment du marché, pourtant restauré et mis aux normes en 2003-2004, il y a maintenant un quart de siècle. En bas du marché, face à la ville, le visiteur est accueilli par des marches au carrelage en grande partie écaillé. C’est le cas aussi pour les volées de marches intérieures. Plus haut, un néon tombé pendouille, au niveau d’une porte. Entre les bancs, de la rouille au côté droit d’un extincteur.
Les ragréages, régulièrement refaits, sont eux aussi à revoir. Tout comme l’état de l’alarme-incendie, propre à se déclencher toute seule, surtout en pleine nuit, quand personne ne répond à la mairie de Nantes – et que les pompiers eux-mêmes n’ont pas la clé du marché, ni du local du placier, pour la couper.
3. La propreté des auvents et des abords
Les riverains de Talensac l’ont remarqué : seuls sont nettoyés les terre-pleins, mais pas les rues avoisinantes, qui gardent leurs tapis de feuilles. Quant aux commerçants, ils constatent des lacunes évidentes dans le nettoyage sous les auvents. « Quand on s’installe, il peut y avoir de la pisse, de la gerbe, de la saleté, des tags. Ce n’est pas ragoûtant ». De facto, les murs de Talensac n’ont pas été nettoyés depuis longtemps – si bien qu’un tag, en haut de l’auvent du côté du lycée de Talensac, indique même d’autres tags à nettoyer (!) et ce depuis des semaines. Pis : l’état du plafond d’où pendent des toiles d’araignées et divers fils. Idem dans le marché où le plafond, comme les bâches situées au-dessus des bancs, mériteraient un bon coup de frais.
4. Les fuites
Bien que la toiture semble en bon état vue du bas, il y a des fuites. À la dernière réunion des commerçants, Beillevaire et le marchand de plats préparés situé en bas du marché se récriaient tous deux sur les fuites, et l’inaction de la mairie, qui dure depuis des années. En se baladant dans le marché, il n’est pas non plus compliqué de voir qu’une gouttière présente des traces de fuites (auvent côté rue Talensac, à mi-hauteur), et qu’on en voit d’autres sur le marché. Sur le toit côté droit (rue Basse-Porte), un petit arbre pousse dans la gouttière. « Donc qui dit arbre, dit racines, donc fuites », relève, désabusé, un commerçant.
5. Nantes mérite mieux
La dernière rénovation ample du marché date d’un quart de siècle. Alors que les villes situées sur la côte de la Loire-Atlantique ont rénové récemment leurs marchés (La Baule, Le Pouliguen, Guérande), l’écart avec Nantes s’accroît, y compris sur le plan du respect des normes. Plutôt que de courir après un métro fantomatique ou un encore plus incertain déplacement de l’aéroport de Nantes-Atlantique, ne serait-il pas temps de procéder à une rénovation et une remise aux normes d’ampleur, réclamée tant par les commerçants que les clients ?
Louis Moulin
Crédit photos : DR
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