Courage, La fille de Vercingétorix, J’apprends mieux à la maison, Objectif La Mecque, Heureux qui comme mon aspirateur : voici la sélection littéraire de la semaine.
Courage ! Manuel de guérilla culturelle
De François Bousquet
Il y a des mots qui sonnent comme des charges de cavalerie ou des symphonies héroïques. « Courage » en fait partie. François Bousquet l’a tiré des vieux volumes d’histoire pour lui redonner chair et le faire claquer comme un étendard. Sabre au clair, il signe, avec ce Manuel de guérilla culturelle, un manifeste fondateur à l’usage des jeunes générations – et des moins jeunes. Un bréviaire pour les cœurs rebelles qui ouvre des perspectives concrètes pour notre temps, sous réserve de renouer avec l’éthique européenne de nos pères : du courage en chaque chose. Sans lui, pas d’avenir. Sans lui, notre sort est scellé d’avance. Sans lui, notre épitaphe est connue de toute éternité : « Mort de trouille, quelque part entre le XXe et le XXIe siècle ».
Un livre particulièrement vivifiant dans la morosité ambiante. Un livre qui incite à la fois à se ressourcer auprès d’auteurs d’un autre siècle, tout en allant de l’avant, en prenant son courage à deux mains, et en agissant, ici et maintenant, pour remporter la guerre culturelle qui se déroule actuellement. En avant, à l’abordage, et pas de quartier !
François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments et directeur de La Nouvelle Librairie, est notamment l’auteur de La Droite buissonnière (éditions du Rocher).
Courage, manuel de guérilla culturelle – François Bousquet – La Nouvelle Librairie éditions – 12 €
J’apprends mieux à la maison
De Carmen Daudet
L’instruction des enfants est aujourd’hui obligatoire dès l’âge de 3 ans. L’instruction, et non l’école. Rien ne vous interdit donc de la donner vous-même à vos enfants. Peut-être êtes-vous déjà tenté par cette alternative, persuadé que la massification de l’enseignement qui ne tient aucun compte des particularités de chaque enfant ne peut être que contre-productive, que l’exposition de votre petit à une idéologie dominante contraire à vos propres valeurs sera source de conflits, ou que votre bambin est trop jeune pour subir déjà l’angoisse d’une longue séparation et la confrontation quotidienne avec les tensions de groupe. Peut-être êtes-vous également désireux d’approfondir cette relation unique que vous construisez avec votre enfant, de lui transmettre ce que vous seul pouvez lui transmettre : une certaine sensibilité au monde, une manière d’aborder les apprentissages, le bonheur de découvrir en confiance. Ou tout simplement avez-vous envie d’être là pour lui et d’avoir le temps de répondre avec enthousiasme à sa curiosité naturelle… Toutes ces raisons se cumulent et se font écho. Mais au-delà des questions financières, qui hélas ! rendent parfois difficile cet engagement à rester à la maison, peut-être doutez-vous de vos capacités à bien faire, de vos dons pédagogiques ; peut-être avez-vous peur de ne pas savoir organiser la progression des différents apprentissages de votre petit : langage, découverte de l’écriture, des nombres, de la nature, expression corporelle ou artistique !
Ne doutez plus, faites-vous confiance, vous êtes le mieux placé pour éduquer et instruire votre enfant ; et ce guide est là pour vous accompagner tout au long de ces trois années fondamentales pour son éveil et son développement.
Un livre revigorant, pour les parents qui se retrouvent face au marasme de l’Éducation nationale en France, et qui ne veulent pas laisser leurs enfants devenir les proies de vautours désireux d’en faire des robots idiots. C’est de la fabrique d’hommes et de femmes libres dont il est question, dès la plus tendre enfance !
Carmen Daudet a travaillé auprès d’enfants entre 3 et 11 ans et a longtemps gravité dans la sphère de l’éducation, que ce soit par ses études, ses relations ou par le biais d’associations dans lesquelles elle s’est investie. Mère de deux enfants, elle a pratiqué elle-même l’école à la maison.
J’apprends mieux à la maison – Carmen Daudet – Kontre Kulture – 14,5 € (commander ici)
Astérix : la Fille de Vercingétorix
De R. Goscinny, A. Uderzo (ou plutôt Ferri/Conrad)
Effervescence et chamboulements en perspective. La fille du célèbre chef gaulois Vercingétorix, traquée par les Romains, trouve refuge dans le village des irréductibles gaulois, seul endroit dans la Gaule occupée à pouvoir assurer sa protection. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la présence de cette ado pas comme les autres va provoquer moult bouleversements intergénérationnels…
La fille de Vercingétorix est le fruit de la quatrième collaboration entre le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad. Le duo, toujours à pied d’œuvre pour imaginer de nouvelles aventures, s’inscrit dans le fabuleux univers créé par René Goscinny et Albert Uderzo. Sauf que cet épisode, plutôt réussi (mais qui n’arrive toujours pas à la cheville des anciens) ne peut pas s’empêcher des écueils et des clins d’œil politique, proches de la niaiserie. (On vient pour découvrir une bande dessinée qui berce depuis des décennies, et on se retrouve avec des clins d’œil sur l’homosexualité, sur Greta Thunberg…). C’est dommage de prendre ainsi le lecteur en otage. Mais c’est dans l’air du temps visiblement…
Astérix, la fille de Vercingétorix – Ferri/Conrad – éditions Albert René – 9,99 €
Objectif La Mecque
De Raoul Girodet
Un attentat jihadiste particulièrement meurtrier frappe Paris. Rendues folles de douleur par la perte d’un proche, quelques personnes perdent la raison et décident de se venger. Elles veulent mener une croisade contre l’islam et sont bien déterminées à mettre le monde à feu et à sang. Leur objectif : s’emparer de la Pierre Noire à la Mecque.
L’action nous entraîne de la jungle d’Indochine aux sables du désert en passant par la mer de Barents. Le récit nous fait découvrir une galerie de personnages hétéroclites : un ancien para ayant sauté sur Diên Biên Phu, un chrétien maronite libanais, une Chinoise hackeuse surdouée, un agent des services secrets français caractériel, et un pilote de canadair un peu fou. S’ils parviennent à leurs fins, le monde s’embrasera. Y aura-t-il quelqu’un pour les ramener à la raison ?
Un livre très politique, qui ne révolutionne pas le genre mais qui se lit comme un roman de gare. Divertissant.
Il y a 14 ans, Raoul Girodet a fui la France à laquelle il est pourtant profondément attaché, selon la formule d’Edgar Quinet : « le véritable exil n’est pas d’être arraché à son pays, c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer ». Lassé de voir nos dirigeants adopter une ligne politique totalement opposée aux aspirations des citoyens, il a fui la dictature du politiquement correct et s’est réfugié sur une petite île dans des contrées lointaines, où il continue à suivre de loin l’inexorable déclin de notre société. Et contrairement au dogme en vigueur, le niveau de la mer ne monte pas sur son île !
Objectif La Mecque – Raoul Girodet – Résistance républicaine éditions – 18 €
Heureux qui, comme mon aspirateur… Grandir dans la dictature roumaine
De Florentina Postaru et Serge Bloch
La Roumanie, pays latin situé au sud-est de l’Europe, a connu dans les années 80 la période la plus tragique de son histoire : le régime totalitaire de Nicolae Ceausescu. Arrivé au pouvoir en 1965, il domine cruellement son peuple en l’affamant, jusqu’à sa chute, il y a 30 ans, en décembre 1989. Florentina Postaru avait 13 ans.
Aujourd’hui, vivant en France, elle fait le récit d’une jeunesse sous la dictature, suivie de la découverte de la société d’opulence occidentale. Rien n’est triste dans ses textes, mais tout est poignant. Le plus marquant, c’est le choix délibéré de l’humour. L’auteure l’affirme, son pays aime rire et elle a souhaité avec un humour très roumain, nourri de dérision, de légèreté et d’ironie, évoquer ces années terribles.
Cet humour pour raconter l’oppression, le manque, la peur, mais aussi l’espièglerie enfantine, l’imagination, la joie, donne au récit une force unique qui le rend inoubliable. Les dessins de Serge Bloch, qui font plus qu’accompagner le texte, enrichissent le propos et font de ce volume un « récit graphique » exceptionnel.
Un autre regard sur la dictature roumaine et sur la vie, en Roumanie, à cette époque. Pas transcendant, mais instructif.
Florentina Postaru est née en 1977 en Roumanie, à Tulcea. Après des études de littérature française à l’université de Bucarest, elle se rend en France. À 37 ans, elle décide de s’auto-exiler en Bretagne. Elle est aujourd’hui cadre dans une société d’informatique à Lorient et collabore à une radio associative. Elle intervient régulièrement dans les collèges et anime une émission sur une radio locale.
Serge Bloch est un auteur et un illustrateur mondialement reconnu. Il vit aujourd’hui entre Paris et New York et se partage entre illustrations pour la jeunesse, dessin de presse, expositions personnelles et travaux publicitaires. Il travaille notamment pour différents quotidiens américains comme The Washington Post, The Wall Street Journal, The New York Times… Il est l’auteur, avec Frédéric Boyer, de l’ouvrage : Bible, Les récits fondateurs, paru chez Bayard en 2018.
Crédit photos : DR
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