Étrange révélation de Presse Océan ce samedi. Le quotidien nantais a consacré deux pages entières à ce « fait du jour » annoncé sur cinq colonnes à la Une : « Mort de Steve : quelles leçons tirer du drame ? ». Il y aurait donc du nouveau ? Pas vraiment.
Dans son Rapport relatif à l’organisation et aux événements survenus lors de la Fête de la musique à Nantes les 21 et 22 juin 2019 rendu public en septembre dernier l’Inspection générale de l’administration (IGA) a formulé dix recommandations. La dixième était adressée à la préfecture de Loire-Atlantique : « organiser avant la fin de l’année 2019 un exercice d’intervention en Loire des services de secours » afin d’intégrer le risque de chute en Loire dans le plan Orsec « si le retour d’expérience de cet exercice en confirme le besoin ». Cet exercice doit avoir lieu le 22 novembre.
Trois semaines avant l’exercice, annoncer sur deux pages quelles « leçons » en tirer aurait été un joli scoop divinatoire. Presse Océan ne va pas jusque-là. Hormis l’annonce de la date du 22 novembre, le journal se contente de reprendre une fois de plus des aspects sélectionnés du rapport de l’IGA. Il y lit deux conclusions :
- « Le rapport […] a constaté un « manque de discernement dans la conduite de l’intervention de police » quai Wilson ».
- « Il pointe aussi des dysfonctionnements dans la gestion et la coordination des opérations de secours ».
Cette lecture est incomplète : le rapport de l’IGA pointait bien d’autres manquements individuels et collectifs. Sur le premier point ci-dessus, l’IGA note en réalité que « par manque de discernement, un traitement mieux adapté de cette crise n’a pas été rendu possible ». Quant au second point, à propos des opérations de secours, elle n’utilise pas le mot « dysfonctionnement ». Elle relève que « les services de secours ont eu à gérer un nombre relativement faible de blessés et sans gravité particulière. Une coordination plus forte de leurs interventions respectives […] aurait facilité la gestion des opérations. » L’exercice du 22 novembre vise à renforcer cette coordination pour l’avenir. Il n’en est attendu aucune « leçon » sur la mort de Steve Maia Caniço, laquelle fait l’objet d’une enquête judiciaire.
L’IGA a expressément désigné les responsables de l’insuffisante coordination : « le 6 juin 2019, les services de la ville de Nantes et de Nantes Métropole ont tenu une réunion de coordination pré-opérationnelle pour l’organisation des manifestations festives ». La ville de Nantes était en effet « organisatrice de ces festivités ». L’IGA préconise que la coordination soit désormais assurée par la préfecture plutôt que par la ville. Celle-ci est ainsi désavouée implicitement. On peut le comprendre au vu des reproches que le rapport lui adresse.
Reproches dont les lecteurs de Presse Océan n’ont pas appris grand chose. L’ange gardien qui veille à occulter tout lien entre Johanna Rolland et les incidents de la fête de la musique continue a bien faire son travail.
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