« Gagnons-les toutes et renvoyons les chez eux ! ». Ce défi que Matteo Salvini lançait à Rome le 19 octobre a été relevé en Ombrie ce dimanche 27 octobre. En effet, la région a changé de couleur politique après 50 ans de gouvernance de gauche.
Un test pour le gouvernement actuel
Comme le souligne Il Quotidiano di Puglia (les Pouilles sont l’une des prochaines régions à voter en 2020), le vote avait aussi une valeur de test de soutien au gouvernement actuel ainsi qu’une mise à l’épreuve de l’unité du centre-droit et à long terme de sa capacité à gouverner. Et en effet le verdict est sans appel, avec un taux de participation exceptionnel de 64,4% (+ 9% par rapport à 2015).
Le nouveau gouverneur, Donatella Tesei (Ligue), à la tête de la coalition de centre-droit, obtient 57,5% des voix. Dans le détail, la Ligue obtient 37% des voix, Fratelli d’Italia réalise un exploit avec 10,4% des voix surpassant le M5S (contrairement à une moyenne de 8% pour toute élection jusque là) et Forza Italia obtient 5,5% des voix. La gauche tout entière, conduite par un candidat inconnu, Vincenzo Bianconi, ne dépasse pas les 37,5%.
La débâcle du M5S
L’une des données la plus significative est la chute brutale du M5S qui n’obtient que 7,4%. Il perd 20% par rapport aux élections nationales de 2018 et ce bien qu’il ne soit directement impliqué dans aucun scandale – au contraire du PD (gauche italienne) récemment accusé d’avoir négocié en direct avec des trafiquants de migrants libyens en 2017. Le retournement de veste – le M5S a lâché son partenaire gouvernemental (la Ligue) pour gouverner avec un PD honni – et les promesses non tenues sont seuls responsable de cet écroulement. Le PD lui n’obtient que 22,4% et le parti communiste, 1%.
Ce basculement de la région était toutefois prévisible et annoncé : lors des élections européennes la Ligue avait obtenu 38% et était en pole position dans 62% du territoire. Matteo Salvini exulte en évoquant une « victoire historique ». « Quelques-uns auront matière à réfléchir. […] Les italiens n’aiment pas les traîtres et les gens attachés à leur fauteuils ». Et le parti a enchainé directement sur la campagne régionale dans les Pouilles avec un rassemblement à Bari le 27 octobre dernier.
Prochaine échéance : Les Pouilles
Toutefois, dans les régions qui voteront prochainement, la douche froide prise en Ombrie fait peur à la coalition de gauche qui s’est réunie déjà dans les Pouilles pour mettre en place une alliance et ce malgré les tensions. Ettore Rosato, coordinateur national du parti de Matteo Renzi, Italia Viva, a déjà adressé son message aux Pouilles : « Dans les Pouilles, il faut une rupture. […] aux régionales, nous y serons ! ».
Les élections régionales dans les Pouilles seront cruciales, notamment sur les questions de la gestion du sud (Mezzogiorno) dirigé depuis longtemps par le centre-gauche (M5S) et qui souffre d’une grande pauvreté et d’une gestion migratoire catastrophique.
De notre correspondante en Italie, Hélène Lechat
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