Ce mercredi 23 octobre 2019, le Parlement européen à Strasbourg mettra au vote une proposition d’objection concernant l’évaluation des produits phytopharmaceutiques sur les abeilles. Un bras de fer est annoncé entre les défenseurs des abeilles, et donc par extension de l’homme et de son écosystème, et les partisans des pesticides de l’autre.
Un bras de fer qui opposera majoritairement les eurodéputés de droite, défenseurs des industries pétrochimiques à ceux qui ont compris que la préservation de la biodiversité, de l’agriculture ou encore de l’Humanité même, dépend de la survie des abeilles : « Les premiers sont en faveur d’une évaluation light et presque superficielles de ces produits chimiques, tandis que les seconds dont je fais partie voulons des évaluations en profondeur, plus efficaces, afin d’être capables d’évaluer correctement l’effet de tous les pesticides sur les insectes pollinisateurs », dénonce Éric Andrieu, eurodéputé PS en charge de l’Agriculture mais aussi de l’Environnement.
La situation au niveau des abeilles à l’heure actuelle
À l’heure actuelle, les protocoles évaluant l’impact des pesticides sur les pollinisateurs sont dépassés et inadéquats. Ils ne prennent même pas en compte les effets sur le comportement et la reproduction des abeilles, ni la toxicité chronique des molécules sur les abeilles adultes, les larves, les reines, etc.
En juillet 2019, les gouvernements des États membres devaient voter un projet de règlement pour la mise en place de nouveaux tests scientifiques qui devaient évaluer les dommages causés par les pesticides sur les abeilles, avant leur mise sur le marché.
« Mais sur l’insistance de nombreux gouvernements, et suite à un long travail de lobby des entreprises pétrochimiques sur certains décideurs, surprise (ou presque), c’est une proposition avec des tests lights qui est sur le point d’être validée par les États membres. Cette version ne garde que les tests de toxicité aiguë pour les abeilles domestiques qui étaient déjà présentes dans sa version obsolète, et d’abandonner les tests de toxicité chronique et larvaire pour les abeilles domestiques et l’ensemble des tests sur les bourdons et les abeilles solitaires : bref une catastrophe » explique Éric Andrieu.
Le Parlement européen, dernier rempart pour les abeilles ?
De nombreux eurodéputés s’opposent à cette version light qui fait peser de graves dangers pour la biodiversité et veulent réduire l’utilisation de pesticides nuisibles aux abeilles.
« Nous voulons pour protéger les abeilles contre une exposition aiguë et chronique. Seuls les pesticides qui ont réussi de vrais tests complets et prouvé qu’ils ne sont pas des tueurs d’abeilles pourraient être commercialisés » explique encore Éric Andrieu.
« Il y a 25 ans, les ruches enregistraient une mortalité de l’ordre de 3 %. Aujourd’hui elle est en moyenne de 30 %, soit 10 fois plus élevée. Défendre les abeilles est clairement un combat d’intérêt général et de survie d’une biodiversité dont nous faisons partie. »
Si l’objection est adoptée par le Parlement européen, la Commission européenne aura l’obligation de présenter une nouvelle proposition aux États membres.
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