Une année de plus pour l’empire Disney ! Fondé le 16 octobre 1923, la marque américaine est en pleine forme. Symbole du divertissement depuis plus d’un siècle, elle s’est adaptée aux modes successives pour le meilleur et pour le pire, et surtout pour engranger les dollars.
L’histoire de Walt Disney
Toute cette histoire part bien sûr d’un homme, Walt Disney, né le 5 décembre 1901 à Chicago dans une famille modeste d’origine irlandaise. À l’adolescence, en plus de petits boulots dont les revenus sont nécessaires à sa famille, il effectue une école d’art où il apprend à dessiner.
S’il souhaite participer à la Grande Guerre, il est trop jeune et arrive en France après la bataille. Il y travaille un an environ auprès de la Croix Rouge.
Son retour en Amérique est synonyme d’entrée sur le marché du travail. Sa passion pour le dessin le pousse à postuler dans différents journaux et collabore avec plusieurs titres distribués à Kansas Cty, dans le Missouri.
Son avenir commence à se dessiner un peu plus tard lorsqu’il commence à réaliser de courts films d’animations et créé son propre studio au printemps 1922, employant plusieurs personnes. Pas récompensé mais sûr de ses capacités, il part à Hollywood un peu plus d’un an plus tard avec son frère dénommé Roy et décroche un contrat avec une productrice de dessins animés.
Un contrat signé le 16 octobre 1923 et officialisant la création des Disney Brothers Studio, rebaptisés Walt Disney Studio en 1926 et Walt Disney Productions en 1929. La dénomination actuelle, The Walt Disney Company, est apparue en 1986.
Le personnage de Mickey Mouse, indissociable de Disney, est apparu en 1928 et donna lieu au premier dessin animé avec images et son synchronisés.
Walt Disney s’est éteint le 15 décembre 1966 des suites d’un cancer du poumon, laissant un héritage extraordinaire derrière lui, même si des polémiques l’accusant d’avoir été antisémite ont éclaté ces dernières années.
Son parcours a fait l’objet de plusieurs films, notamment Walt avant Mickey (2015) qui revient sur ses débuts et Dans l’ombre de Mary : la promesse de Walt Disney (2013), retraçant le processus de création de Mary Poppins, le long métrage culte de 1964 mêlant acteurs et personnages de dessins animés.
Disney, vendeur de rêves
Le terme de « vendeur de rêves » est sans doute le plus approprié pour qualifier Disney. Cet empire pèse en effet plus de 150 milliards de dollars (soit plus que le PIB de près de 115 pays) engrangés grâce aux innombrables succès cinématographiques produits.
L’argent n’est pas tombé du ciel. De Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) à La Reine des neiges (2013) en passant par Cendrillon (1950), Le Roi lion (1994) ou encore Le Bossu du Notre-Dame (1996) et Le Monde de Nemo (2003), les dessins animés de la firme ont souvent été des précurseurs artistiques et techniques. Ils ont tout simplement inspiré les plus grands studios concurrents, que ce soit dans le domaine de l’animation classique ou dans celui de l’image de synthèse.
Les histoires racontées sont souvent inspirées de comtes célèbres, faisant – du moins jusqu’au début des années 2000 – des films Disney une parfaite initiation aux mythes traditionnels pour les plus jeunes. Il faut simplement accepter l’idée que l’œuvre proposée est une adaptation destinée aux enfants et qu’il vaut donc mieux que Quasimodo ne se laisse pas mourir après avoir assisté à la pendaison d’Esmeralda ou encore que la princesse Aurore ne se fasse pas violer pendant son sommeil.
La morale enseignée fut elle aussi très positive pendant longtemps, avec la promotion de valeurs comme le courage, la fidélité, la franchise ou l’amour familial.
En plus de ses fameux dessins animés, la Walt Disney Company a produit de nombreux films très populaires (Davy Crockett, La Coccinelle, Zorro, Pirates des Caraïbes…) et plus récemment racheté certains des plus grands studios. Lucasfilm (qui produit la saga Star Wars), Marvel et la Fox ont tous été absorbés par la souris aux grandes oreilles ! Le rachat de la Fox il y a quelques mois, studio à qui l’on doit des films comme Titanic, Avatar, Alien ou X-Men, a coûté la bagatelle de 71 milliards de dollars !
Les franchises à succès sont ainsi mises à l’honneur dans les parcs à thèmes, autre facteur clé du succès de Disney.
Si le parc français a ouvert en 1992, celui de Los Angeles a été inauguré dès le 17 juillet 1955 sous la supervision de Walt Disney en personne ! Il en existe désormais six, en développement perpétuel, comme le prouve le nouvel investissement de 2 milliards d’euros prévu à Marne-La-Vallée. Là encore, comme pour ses films, Disney est à la pointe de la technologie.
Le géant américain a plus d’un tour dans son sac pour remplir son compte en banque !
En France, une famille avec deux enfants devra débourser plus de 200 euros pour une journée dans le Parc en période creuse (56 euros par adulte, 51 euros par enfant).
Une multinationale dans l’ère du temps
Disney a tout intérêt à ne froisser personne et à plaire à tout le monde pour poursuivre à régner sans partage sur l’industrie du divertissement. La firme s’adapte à son environnement et renie peu à peu le modèle familial traditionnel et plus globalement la culture occidentale.
Il faut désormais toucher le marché asiatique, le film Mulan sortira ainsi au cinéma en 2020, 22 ans après le dessin animé éponyme. Deux parcs ont d’ailleurs été construits sur le continent, à Shanghai et à Hong Kong.
Disney doit mettre en avant des princesses afro-américaines (La Princesse et la Grenouille en 2009) mais surtout créer des personnages féminins forts, indépendants et sans prince charmant (Vaiana en 2016, Rebelle en 2012).
Le studio a aussi intégré un personnage homosexuel dans son adaptation en prise de vues réelles de La Belle et la Bête en 2017 et un deuxième fera son « coming out » dans Jungle Cruise en 2020. Les séries estampillées Disney ne sont pas en reste avec Andi Mack et Star Wars : Résistance.
Les militants LGBT réclamaient par ailleurs que l’héroïne de La Reine des neiges, Elsa, ait une petite amie dans la suite prévue pour le 20 novembre prochain.
Les parcs reflètent cet état d’esprit puisqu’une parade LGBT est organisée depuis une trentaine d’années dans celui de Floride tandis que celui de Paris a vu ses responsables organiser la première « Magical pride » en juin dernier. Une sexualisation de l’univers enfantin mal vue par des associations comme Citizen Go, dont la pétition sur ce sujet a récolté près de 400 000 signatures.
Disney s’est aussi fait remarquer cet été en annonçant que la sirène Ariel serait jouée par une actrice noire lors de l’adaptation du dessin animé en film, prévue pour 2020.
Le temps où une princesse blonde aux yeux bleus était réveillée par le baiser d’un héroïque prince charmant avant que ne retentisse l’hymne royal français (La Belle au bois dormant, 1959) semble bel et bien révolu.
« Business is business » et la plateforme de streaming Disney+ qui sera lancée dans quelques semaines ne contredira pas cela.
Alexandre Rivet
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V