Dès qu’il s’agit de parler de racisme, Rokhaya Diallo n’est jamais bien loin. Sur France Culture cette fois-ci, elle a dénoncé la discrimination latente que constitueraient le sparadrap de couleur claire et le CAP coiffure… Encore du « racisme systémique » ?
Le « privilège blanc » des sparadraps
Des coiffeurs français pas suffisamment formés aux cheveux crépus, des pansements de couleurs trop claires qui seraient discriminants pour les individus d’origine extra-européenne à la peau plus foncée… Pas de doute : pour la journaliste et écrivain Rokhaya Diallo, la France de 2019 est structurellement raciste.
Au micro de la radio France Culture il y a quelques jours, elle a notamment fustigé l’Éducation nationale qui délivre des CAP coiffure ne sanctionnant pas « le fait de pouvoir coiffer des cheveux crépus ». Une situation qui « contraint » Rokhaya Diallo à aller chez des coiffeurs spécialisés. Ce à quoi elle ajoute que sa couleur de peau noire lui est « rappelée en permanence dans des gestes extrêmement quotidiens ».
« Ma couleur de peau noire m’est rappelée dans des gestes extrêmement quotidiens, par exemple pour le sparadrap qui est rose pâle. » Cela peut paraître anodin, mais ça ne l’est pas. @RokhayaDiallo dénonce le #racisme subi par les Noirs en France. pic.twitter.com/GXVtK828hM
— France Culture (@franceculture) October 14, 2019
Et puis vient le cas du sparadrap, « privilège blanc » s’il en est aux yeux de la militante « antiraciste ». Ce sparadrap beige, « pensé pour être invisible sur les peaux blanches », est destiné à des personnes qui n’ont pas « à penser à leur couleur de peau au quotidien ».
Toutefois, si des tentatives de commercialisation de pansements de couleurs plus foncées ont déjà eu lieu en France comme sur le marché américain, force est de reconnaître que les produits n’ont absolument pas eu le succès escompté. Si Rokhaya Diallo n’en est pas à sa première intervention sur le sujet, les sparadraps de couleur claire ne semblent donc pas perturber outre mesure les consommateurs à la peau plus foncée.
Rokhaya Diallo : du « privilège blanc » à la « fragilité blanche »
Excédés par cette énième déclaration laissant sous-entendre une culpabilité des Blancs, de nombreux internautes ont réagi à la suite des propos de Rokhaya Diallo. Laquelle n’a que peu goûté ce retour de bâton et s’est fendue d’un tweet explicite. Tweet qui par ailleurs n’épargne pas non plus ceux qui, jusqu’alors, refusaient d’observer ces phénomènes en se pensant comme Blancs :
« La fragilité blanche illustrée par le flux de commentaires. Si l’exemple des sparadraps est si ridicule, pourquoi tant de colère ? Parce que cela contraint des gens qui n’y avaient jamais réfléchi à se PENSER comme Blancs et ça c’est très douloureux quand on s’est toujours cru neutre ».
La fragilité blanche illustrée par le flux de commentaires. Si l’ex. des sparadraps est si ridicule, pourquoi tant de colère? Parce que cela contraint des gens qui n’y avaient jamais réfléchi à se PENSER comme Blancs et ça c’est très douloureux quand on s’est toujours cru neutre. https://t.co/M09iIi0J1l
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) October 14, 2019
Ces propos de Rokhaya Diallo risquent de diviser chez les « antiracistes », qui comprennent de très nombreux Blancs dans leur rang en France. Mais l’écrivain a visiblement décidé d’en finir avec les « privilèges blancs », y compris chez les défenseurs de la cause féministe. Ainsi, elle déclarait au début de ce mois d’octobre à ce sujet :
« Je suis féministe. Je me reconnais comme “intersectionnelle” : je considère qu’il faut tenir compte du racisme, des LGBTQIAphobies, du validisme et de toutes les oppressions qui coexistent. Le féminisme dit “universaliste” ? Quel nom arrogant. S’autoproclamer ainsi quand on appartient à une mouvance majoritairement composée de femmes blanches socialement avantagées, sans interroger cette constitution, c’est étonnant. »
Les tribulations à venir entre la nouvelle gauche indigéniste et ses anciens protecteurs majoritairement issus de cette bourgeoisie « bon teint » ayant jadis la main sur toutes ces causes sociétales nous réservent en effet des évolutions « étonnantes »…
Crédit photos : Wikimedia Commons (CC/Chris93)
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