A quelques mois des municipales, le RN semble mal parti en Pays de Loire pour tenter de peser aux élections locales, notamment suite aux tensions internes de son groupe au conseil régional, mais pas que.
En Sarthe, alors qu’un élu RN local avait réussi à bâtir une liste d’union des droites pour le Mans, le RN a exigé qu’elle porte l’étiquette du parti. Ceci risque désormais de faire imploser la liste et de laisser au milieu du gué le conseiller municipal LR Philippe Bougler. Il avait soutenu cette initiative, ce qui depuis l’a fait blacklister de la majorité de droite.
Pourtant selon l’élu régional sarthois Pascal Nicot (RN) qui pourrait être sur la liste, celle-ci serait quasi-complète. Les dix premiers noms devraient être annoncés sous peu, « avec le soutien du RN, du PCD et peut-être de Debout la France ». Le même a annoncé travaillé « sur des listes au Lude, à Sablé et la Flèche », sans être sûr d’en venir à bout.
« On va vers un désastre », relève un élu régional. « En Anjou Aymeric Merlaud [proche de Chenu] a détruit sa fédé, il n’y aura pas de liste RN aux municipales contre 3 en 2014. Un maire rural s’était rallié, on ne le voit plus. Résultat, Merlaud est promu, il pourrait avoir la tête de liste de Maubeuge. Des Mauges à Maubeuge, voyez un peu la cohérence ! » Aymeric Merlaud n’a cependant pas encore été investi officiellement, mais il le serait selon nos informations.
« En Vendée, Fillet et Narquin ont d’abord annoncé 15 listes, puis 6-7, s’ils en font trois ou quatre, ce sera bien ». Sont pour l’heure concernés : les Sables d’Olonne, dont le candidat François-Charles Brion se place au sein d’un « Rassemblement vendéen » plus large que le RN, une sorte d’union des droites locales – le RN est d’ailleurs censé soutenir 17 candidats du Rassemblement vendéen au cours de ces municipales – Saint-Hilaire de Riez où le secrétaire départemental du RN jean-Patrick Fillet est candidat, peut-être la Roche-sur-Yon et Brétignolles sur Mer. « Pour Grand-Landes, la Chaize-Girault et d’autres communes plus rurales, on n’entend plus parler de rien », explique un adhérent vendéen.
En Loire-Atlantique, on n’est sûr pour l’instant que de Saint-Nazaire [même si le RN travaille au moins sur quatre autres projets de liste selon nos informations] alors qu’ils en ont annoncé une dizaine. A Nantes, le nom de Benoist Rouaud est annoncé – « il y a effectivement une volonté de faire une liste au niveau national, Marine le Pen fait pression pour ça », relève un proche du dossier. « Cependant, déjà il faut réunir la liste et ce n’est pas gagné, ensuite à Nantes il n’y a que des coups à prendre et rien à gagner – c’est une ville où le RN n’est même pas assuré de faire 10%, d’autant qu’il va y avoir du morcellement à droite avec LR et peut-être même l’UPR ».
Un élu local abonde : « ça m’étonnerait beaucoup que le RN arrive à faire une liste, il n’y a plus d’espace politique pour eux, et nombre de nantais qui votent RN ou à droite ne votent plus à Nantes depuis longtemps, mais dans leurs campagnes ou villégiatures respectives. A Nantes on va avoir un match entre bobos : crypto-communistes de Nantes en Commun, socialistes avec Johanna, rouges dedans verts dehors avec Julie Laërnoes, rupins avec En Marche. Les autres feront de la figuration ».
Quant à la Mayenne, « ils disent qu’ils feront une liste à Laval – en 2014 Bruno de la Mornière, local très bien implanté, a eu énormément de mal. Le nouveau secrétaire départemental est carrément inconnu au bataillon, ça paraît irréaliste », explique un élu. « La seule façon d’y arriver dans l’Ouest – c’est à dire la Bretagne et les régions proches, le Maine, l’Anjou, la Vendée etc. c’est de faire l’union des droites. Or aujourd’hui chacun tire la couverture à soi, et le RN fait tout pour ne surtout pas permettre l’union des droites. Dans ces conditions, ils se coupent de toute possibilité de victoire ici », résume un maire rural du nord de la Loire-Atlantique.
Des difficultés qui risquent d’être accentuées pour le RN suite à la scission du groupe au conseil régional. Ce 17 octobre, 5 élus officialisent leur départ et la création d’un groupe « traditions et libertés » : Pascal Gannat (Sarthe), Pascal Nicot (Sarthe), Bruno de la Moriniere (Mayenne), Samuel Potier (Nantes) et Jean-Claude Blanchard (Saint-Nazaire). Des poids lourds locaux du parti dont l’implantation locale n’est plus à démontrer. « Nous quittons la maison de fous qu’est devenue le RN », nous a confié Pascal Gannat.
Louis Moulin
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