« Je fuis une bande de rebeus » : l’humour un peu trop grinçant de certains étudiants de l’école de management et de commerce EM Lyon risque de leur coûter cher.
Le Petit Paumé, guide étudiant à l’humour grinçant
L’humour un peu trop grinçant de certains étudiants de l’école de management et de commerce EM Lyon risque de leur coûter cher. Dans cette école, une publication du nom du Petit Paumé vient de s’attirer les foudres du politiquement correct. La raison ? Ce guide édité par une trentaine d’étudiants de l’EM Lyon, dans sa 51e édition, s’est octroyé quelques libertés pour présenter quelques établissements du centre-ville lyonnais.
Distribué gratuitement sur la place Bellecour samedi 12 octobre, Le Petit Paumé s’est rapidement retrouvé qualifié de « petit facho » sur les réseaux sociaux. En cause, l’une des critiques rédigée au sujet d’un établissement du quartier de la Guillotière, dans le 7e arrondissement de Lyon :
« Alors que je fuis une bande de rebeus place Guillotière, je m’engouffre, un peu par hasard à ho36. Bonne pioche ! Des jeunes blancs travaillent sur leurs ordis, tout en sirotant un bon café latte. Je vais pouvoir me fondre dans la masse. »
Chaque année les étudiants de l’ @EMLYON sortent un guide qui s’appelle « Le Petit Paumé » censé regrouper, selon eux, les meilleures adresses lyonnaises. Et cette année c’est peu dire qu’on hallucine un peu et que wow, la future élite de la nation elle pue le racisme pic.twitter.com/obbqTsBebs
— Mais c’est sa tante (@dontfuckuraunt) October 12, 2019
Outre les multiples réactions prévisibles à la suite de la diffusion de cette publication à l’humour acide, d’autres prises de position ont été plus surprenantes, notamment par leur radicalité.
#petitpaume bande de merdes ! Qui a autorisé ça ! pic.twitter.com/2yO5zlMh76
— Govou Sidney (@GovouSidney) October 14, 2019
Tawhid Chtioui veut un conseil de discipline à l’EM Lyon
Ce fut notamment le cas du directeur de l’EM Lyon Tawhid Chtioui qui s’est répandu en indignations sur Twitter avant d’indiquer qu’il souhaitait la tenue d’un conseil de discipline « en présence des rédacteurs des articles, du rédacteur en chef et du président du Petit Paumé, afin qu’ils répondent de la banalisation ouverte de propos discriminants dans ce guide, en total non-respect des valeurs de l’école ». Rien de moins !
En tant que directeur général @EMLYON mais aussi, et surtout, en tant que citoyen, j’oscille entre indignation, colère et grande tristesse à la lecture de l’édition 2020 du @lePetitPaume.
J’ai demandé que se tienne, très rapidement, un conseil de discipline en présence…— Tawhid CHTIOUI (@tawhidChtioui) October 13, 2019
…des rédacteurs des articles, du rédacteur en chef et du Président du @lePetitPaume, afin qu’ils répondent de la banalisation ouverte de propos discriminants dans ce guide, en total non-respect des valeurs de l’école…
— Tawhid CHTIOUI (@tawhidChtioui) October 13, 2019
Nous voici donc bien loin de l’esprit « Charlie » dont on nous abreuve depuis 2015. Sauf à croire que certains traits d’humour bénéficient de davantage de « liberté » que d’autres…
Par ailleurs, l’affaire est même remontée jusqu’aux sphères politiques locales puisque le président de la métropole du Grand Lyon David Kimelfeld s’est également fendu d’un tweet pour « exiger » des excuses :
.@lePetitPaume est un guide incontournable. Souvent pertinent, parfois drôle. Mais pour la deuxième année consécutive, ils “dérapent”. Après avoir l’an passé fait l’apologie d’un acte terroriste, ils virent cette année dans le racisme ordinaire. Nous exigeons des excuses. pic.twitter.com/gXMW26tTlO
— David Kimelfeld (@DavidKimelfeld) October 13, 2019
Les étudiants s’excusent et plaident le second degré
Dans ce contexte, le temps était donc compté pour l’équipe du Petit Paumé qui n’a eu d’autres choix que de présenter ses « sincères excuses » dans un communiqué. Les étudiants se sont aussi engagés à retirer les passages ciblés de leurs supports numériques.
Avançant timidement l’idée d’avoir voulu « ouvrir les débats » en évitant de tomber dans le piège du « politiquement correct », le Petit Paumé a tenu à rappeler que « cette critique ne reflète en aucun cas une réalité ou une pensée mais des clichés généralistes ». Lesquels sont « loin de notre vision d’un Lyon où le vivre-ensemble est une réalité ». Un « vivre-ensemble » qui, à défaut d’accepter le persiflage, aura été une source d’inspiration plutôt rafraîchissante pour les rédacteurs du Petit Paumé. Avant de devenir un motif d’exclusion de l’EM Lyon pour ces derniers ?
— Le Petit Paumé (@lePetitPaume) October 13, 2019
AK
Crédit photos : Wikimedia Commons (CC/Olivier Ortelpa)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V