Il est des musiques qui traversent le temps, que chacun connaît, sans nécessairement savoir les nommer. Elles font partie intégrante de notre longue mémoire et de notre héritage culturel européen. Les opéras composés par Giuseppe Verdi figurent en bonne place dans cette liste.
Les premiers pas d’un génie
Giuseppe Verdi est né il y a 206 ans, le 10 octobre 1813, dans la région de Parme, lorsque celle-ci était encore française.
De nos jours, l’on dirait de sa famille qu’elle était de classe moyenne, car si son père était un modeste aubergiste, sa mère, fileuse de métier, était issue de la petite bourgeoisie locale.
Les artistes se succédaient à l’auberge familiale, inspirant le jeune garçon qui écoutait religieusement les morceaux d’orgue joués dans son église. C’est sur cet instrument qu’il apprit à maîtriser la musique.
Il poursuivit cet apprentissage lors de ses études et composa dès ses quinze ans une première symphonie. Le génie n’attend pas !
Quatre ans plus tard, il prit la direction de Milan pour rejoindre le conservatoire grâce à l’obtention d’une bourse.
Quand Milan tombe sous le charme de Verdi
De nos jours, le nom de Verdi est étroitement lié à la cité lombarde. Plusieurs lieux importants portent son nom, comme le conservatoire, qui, pourtant, se priva vite de ses services, l’obligeant à prendre des cours particuliers.
La rue menant à la Scala, le mythique théâtre de la ville, a également emprunté le nom de Verdi. On le comprend davantage puisque c’est là-bas qu’il se prit d’intérêt pour l’opéra puis qu’il joua plusieurs de ses œuvres majeures pour la première fois.
Il se passe cependant quatre ans entre ces deux étapes. Boudé par le conservatoire, Giuseppe rentre en effet chez lui pour devenir maître de musique, dirigeant de la Filarmonica, maître de chapelle et organiste. Il en profite en parallèle pour prendre femme et devenir père ! Hélas, ses deux enfants perdront la vie prématurément.
Seule Milan peut lui permettre d’exprimer la pleine mesure de son talent. Après de longs mois de préparations, la première de son opéra Oberto, conte di San Bonifacio a lieu le 17 novembre 1839.
Verdi et la Scala
Après Oberto, six autres opéras de Verdi seront joués pour la première fois à la Scala, dont quatre lors des six années suivantes.
Un giorno di regno en 1840, Nabucco en 1842, I Lombardi alla prima crociata en 1843 et Giovanna d’Arco en 1845.
Nabucco est bien sûr le plus célèbre de ceux-là. Cet opéra en quatre actes retranscrit l’épisode biblique de l’exil des Juifs à Babylone sous le règne du roi Nabuchodonosor II, entre 605 et 562 avant Jésus Christ. Nabucco a eu un écho particulier au sein de la population milanaise qui était alors sous occupation autrichienne. Par cette pièce, Verdi les incitait donc à se battre pour leur indépendance.
Après une longue période loin de la Scala, Verdi y revint triomphalement en 1887 avec Otello, qui plonge le spectateur dans l’histoire d’un général vénitien du même nom, et conclut son extraordinaire parcours avec Falstaff en 1893. Giuseppe Verdi, à qui l’on doit aussi des hymnes, des messes et pléthore de morceaux classiques meurt le 27 janvier 1901 à 87 ans.
Verdi et La traviata
Ses opéras ont marqué ce genre et sont encore joués chaque année dans le monde entier, La traviata étant même le plus joué d’entre tous, tous compositeurs confondus.
Composé à partir de la fin de l’année 1852 et joué pour la première fois à Venise le 6 mars 1853, il fut furieusement critiqué, à cause notamment du choix de l’actrice.
Fanny Salvini-Donatelli, trop « ronde », n’était pas jugée crédible dans le rôle de Violetta, jeune femme prise au piège dans une histoire d’amour impossible. La soprano Maria Spezia reprit le rôle en 1854 devant le public exigeant de la Scala et transforma l’échec en succès retentissant. Le rôle fut magnifié davantage encore entre 1955 et 1956 par Maria Callas, légendaire cantatrice grecque.
La traviata était de nouveau joué à la Scala au début de l’année 2019, dans une mise en scène grandiose de la réalisatrice Liliana Cavani, passionnée par les histoires d’amour difficiles. Violetta était jouée par la soprano lettone Marina Rebeka, qui a visiblement conquis les Milanais puisqu’elle reprendra ce rôle l’été prochain.
Le centième anniversaire de la mort de Giuseppe Verdi, en janvier 2021, devrait à nouveau être l’occasion de voir ses œuvres intemporelles illuminer les yeux des amoureux de l’opéra. En attendant, le public français pourra assister à des représentations de Macbeth et Aida dès l’année prochaine à Paris.
Ils seront par ailleurs retransmis en direct dans les cinémas UGC via le programme « Viva l’Opéra ! ». Oui, vive Verdi et vive l’opéra !
Alexandre Rivet
Crédit photos : AR / PC / DR
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