Qui aurait imaginé il y a encore quelques années voir la revue Éléments co-organiser un colloque avec une organisation catholique militante comme Académia Christiana ? C’est en tout cas le pari, qui semble en passe d’être réussi, lancé par les organisateurs des deux entités, qui appellent à réunir les Européens, le 26 octobre prochain, lors d’un colloque à Paris intitulé : Regards croisés sur notre identité.
Pour en savoir plus sur ce colloque c’est ici
Pour évoquer ce projet qui arrive très rapidement, nous avons interrogé Julien Langella, l’un des responsables d’Academia Christiana.
Breizh-info.com : Pourquoi ce colloque Regards croisés sur notre identité ? Il semblerait que vous réunissiez pour la première fois des chrétiens et des païens autour de la question de l’identité ?
Julien Langella (Academia Christiana) : Nous réunissons en effet des patriotes, des militants identitaires et enracinés de tout horizon pour échanger sur ce qui fait l’âme de la France et de l’Europe. Nous pensons qu’une barricade n’a que deux côtés et que beaucoup de personnes, catholiques, athées ou agnostiques, se rejoignent pour défendre une certaine idée du beau, du bien et du vrai, face au déferlement de médiocrité qui nous environne, à la laideur du monde moderne et au tsunami migratoire qui défigure le Vieux continent.
Le combat, aujourd’hui, est anthropologique : comme le disait le poète provençal Frédéric Mistral, il ne s’agit pas seulement de faire une majorité électorale mais de refaire un peuple et tous les champions de bonne volonté sont les bienvenus à nos côtés. Que l’on soit païen ou catholique, nous sommes des Bretons ou des Provençaux, des Auvergnats ou des Alsaciens, et puis des Français ainsi que des Européens.
À ce titre, nous sommes tous héritiers, que cela nous plaise ou non, du miracle grec, du génie romain et de l’ordre chrétien. Voilà l’héritage que nous voulons faire perdurer. Toute vérité est nôtre et nous n’avons aucun problème à discuter avec des figures de la Nouvelle droite auxquelles nous devons, entre autres, d’avoir renouvelé la réflexion politique dans notre pays. C’est justement parce que nous sommes intransigeants sur la foi et les principes que nous pouvons parler avec quiconque. Le pape François nous appelle à « aller aux périphéries » ? C’est ce que nous faisons ! Mais en commençant par les nôtres, fidèles au quatrième commandement : « tu honoreras ton père et ta mère »… donc les tiens en premier lieu, comme l’a toujours enseigné l’Église : « celui qui ne prend pas soin d’abord des siens est pire qu’un infidèle » (saint Augustin).
Breizh-info.com : Finalement, n’est-ce pas une thématique assez ésotérique et assez éloignée des préoccupations populaires ? Quel est l’objectif réel de ce colloque ? Présentez-nous les participants.
Julien Langella (Academia Christiana) : L’identité constitue l’âme d’un peuple. Il ne s’agit pas de discussions mondaines dans un salon feutré sur la poésie du XIIIe siècle mais de choses concrètes : qui sommes-nous ? Que reste-t-il encore de la France et de l’Europe ? Quelles doivent être les priorités politiques ? Quel modèle économique promeut l’identité ou, au contraire, la détruit ? Quelle écologie pour les Européens, sachant que le premier écosystème des hommes est leur patrie charnelle ? L’identité est partout, c’est un sujet transversal par excellence.
L’enracinement doit être promu par toutes les facettes de la pensée politique, au plan social, culturel, économique, institutionnel, etc. L’objectif de ce colloque est d’aborder ces problématiques frontalement et de dégager des pistes pour l’action ici et maintenant. Parmi nos participants, nous accueillerons Jean-Pierre Maugendre (Renaissance catholique), Guillaume Bernard (auteur du Mouvement dextrogyre), Alain de Benoist (directeur de Nouvelle École et Krisis), Jean-Yves Le Gallou (Polémia), etc.
Breizh-info.com : La ligne pro-migrants du Pape vient de triompher au sein du Vatican comme nous l’avons souligné dans un article récent. Ne va-t-on pas faire un schisme au sein de l’Église ? De votre côté, en tant que catholiques militants, que préconisez-vous ?
Julien Langella (Academia Christiana) : Le Christ nous a promis selon l’Évangile que « les portes de l’enfer ne prévaudront jamais » sur l’Église, nous sommes donc catholiques, et non démocrates, à jouer les juristes de salon obnubilés par l’obéissance que nous devons ou non au pape François. Un peu de bon sens ! Le pape n’est pas notre chef de section, il est le pape, ambassadeur du Christ sur terre.
Et lorsqu’il aborde les sujets politiques, économiques et sociaux, il n’est que Jorge Maria Bergoglio : nous respectons sa parole mais avons aussi le devoir de la contester si elle nous paraît dangereuse pour l’avenir de nos peuples. « La charité sans vérité n’est qu’une coquille vide » disait Benoît XVI. Nous y croyons plus que jamais.
Concrètement, les catholiques ne se posent pas autant de question : dans les faits, chaque dimanche, ils se rendent à la messe sans se torturer le cerveau pour savoir s’ils sont des « traîtres à la patrie » parce qu’ils communient des mains d’un prêtre reconnaissant François comme pape. Ces cas de conscience ressemblent aux débats byzantins sur le sexe des anges. Nous avons d’autres priorités. Je ne sais pas s’il y aura schisme, qui peut le dire ?
Ce que je sais, c’est que les papes passent et que l’Église reste. 2 000 ans de longévité, quand tous les empires se sont effondrés, pas mal non ? Et puis le pape François, c’est l’arbre du discours immigrationniste qui cache la forêt identitaire : de l’Afrique noire à la Hongrie, le discours identitaire, dans le sillage du cardinal Sarah, prend de plus en plus d’ampleur. La fracture dans l’Église sera un révélateur de l’effondrement des vieux gauchistes cathos honteux, ils entonnent le chant du cygne : c’est au sein des formations traditionnalistes que les vocations explosent, nous sommes l’avenir, de quoi avons-nous peur ?
Breizh-info.com : Pouvez-vous revenir sur la marche arrière de Marion Maréchal concernant sa participation à Academia Christiana cet été. Un manque de courage politique ?
Julien Langella (Academia Christiana) : Je suis bien incapable d’expliquer le fond de ce retrait. Marion Maréchal nous a toujours paru libre, autant à l’égard des vieux dinosaures de la vie politique française que de ses conseillers. Nous formons l’espoir qu’elle le reste.
À vrai dire, cela n’a pas changé grand chose : malgré l’annonce de son retrait, nous avons accueilli 300 jeunes, indifférents aux aléas du Landerneau politique français… Et c’est tant mieux !
Propos recueillis par YV
Crédit photos : DR
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