Après Notre-Dame-des-Landes, Françoise Verchère est repartie au combat avec Anticor. Immense chantier que la corruption !
Un tempérament indépendant
Françoise Verchère fut maire et conseiller général de Bouguenais (près de Nantes) avec l’étiquette PS. Mais, de tempérament indépendant, elle abandonne l’entreprise de la rue de Solférino pour se lancer à fond dans le combat contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en devenant la présidente de l’association qui regroupait les élus hostiles au projet – il y en avait quelques-uns ! Aujourd’hui, elle s’est reconvertie référente de l’association Anticor en Loire-Atlantique. Dans ce département, une soixantaine d’adhérents épluchent les dossiers d’urbanisme à litige ou l’attribution des marchés publics – autant dire que ce travail peut occuper sept jours sur sept les militants de la lutte anticorruption.
Les dossiers en cours, d’après Françoise Verchère : « On suit une histoire de square au Pellerin, devant le tribunal administratif. On accompagne également la maire de La Remaudière, à cause d’une construction stoppée d’une salle polyvalente, sous l’ancienne municipalité, qui plombe les finances communales. On ne regrette pas d’être intervenus dans le dossier YelloPark à Nantes. À Nantes toujours, on regarde de près les Machines de l’Île et l’Arbre aux hérons, car il y a beaucoup d’argent public. » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 16 septembre 2019)
Le projet Yellopark
Effectivement, Mme Verchère et ses camarades avaient soulevé un lièvre avec l’ancien projet de nouveau stade de Football du FC Nantes (projet Yellopark), affirmant que le prix de vente de La Beaujoire par la Ville, était sous-estimé de manière « stupéfiante ». Mais ce n’est pas tout, « l’association entend suivre de près les conclusions de l’enquête de la police judiciaire chargée de vérifier les comptes et la régularité des marchés publics des Machines de l’Île, notamment dans le cadre du projet du Carrousel du monde marin (10 millions d’euros) » (Presse Océan, mardi 24 septembre 2019).
À coup sûr, si Laurence Garnier et ses amis de droite n’étaient pas des manchots, ils trouveraient dans ces dossiers matière à « dynamiser » la campagne pour les prochaines élections municipales. Mais il ne faut pas trop leur en demander… surtout s’ils ont voté en faveur de ces projets au conseil municipal.
Le rôle d’Anticor est loin d’être négligeable. Ainsi dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, le parquet de Brest avait d’abord classé sans suite, en octobre 2017, l’affaire en considérant notamment qu’une partie des faits étaient prescrits. Mais grâce à une plainte d’Anticor, l’enquête a été relancée à Paris, puis à Lille. Richard Ferrand (LREM), député de Carhaix et président de l’Assemblée nationale, a finalement été mis en examen le 11 septembre 2019 à Lille pour prise illégale d’intérêt.
Le point faible d’Anticor
Pour autant, Anticor a un point faible : son financement. « Anticor fait campagne pour la transparence mais se garde bien d’en appliquer le principe, souligne Florian Bachelier (LREM), député de Rennes-Saint-Jacques-de-la–Lande. Les ligues de vertu sont rarement vertueuses. » L’élu s’interroge sur les dons dont bénéficie l’association et s’étonne que l’identité des donateurs ne soit pas publique, alors que leur montant a triplé depuis 2016 (d’environ 37 000 à 112 402 euros l’an passé). « Nul ne sait donc qui finance Anticor, dont le train de vie est certes modeste (un local à Paris et deux salariés, un budget annuel de 200 000 euros), mais qui suit 70 dossiers en justice pour lesquels il faut rétribuer les avocats. » (Journal du dimanche, 6 octobre 2019). On peut répliquer à M. Bachelier qu’on ne connaît toujours pas l’identité de celles et de ceux qui ont fait des dons à Emmanuel Macron pour sa campagne présidentielle !
Bernard Morvan
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