Pari réussi pour pour La Manif Pour Tous. Rassemblé à Paris ce dimanche pour protester contre la PMA pour toutes et la GPA, le mouvement de défense de la famille a réuni beaucoup plus de monde que prévu. Sans surprise, les adversaires de LMPT se sont également fait entendre toute la journée, notamment sur les réseaux sociaux.
La Manif Pour Tous annonce 600 000 participants, la police 42 000…
Écrans géants, enceintes crachant de la musique, drapeaux colorés, cris de joie : sans aucun doute, ce dimanche La Manif Pour Tous était de retour dans les rues de la capitale. Combien de manifestants ? D’après les comptes de LMPT, ils étaient plus d’un demi-million à battre le pavé. Un chiffre bien sûr contredit par la police, qui annonce 42 500 manifestants, et par un organisme « indépendant », le Cabinet Occurrence, qui annonce qu’ils n’étaient « que » 74 500. Sans sourciller, BFM indiquait sur son compte Twitter qu’ils étaient « plusieurs centaines ». Peut-être la chaîne pensait-elles aux manifestants venus de Bretagne.
Fondé en 2012 à l’ouverture du débat sur le mariage homosexuel, La Manif Pour Tous est désormais habituée à des cortèges de grande ampleur « bon enfant ». Si ceux du printemps 2013 avaient débouché sur des affrontements avec la police, LMPT tâche depuis d’éviter tout débordement, préférant assumer une image parfois ringarde et naïve plutôt que d’être catalogué comme casseur.
Dans un communiqué diffusé à l’issue de la manifestation, on apprend que les forces de l’ordre ont appelé les organisateurs à ouvrir des itinéraires alternatifs devant la très forte influence.
Ludovine de la Rochère, présidente de LMPT, et son bras droit, Albéric Dumont, indiquent par ailleurs qu’il ne s’agit que du début de la mobilisation. Ils appellent ainsi les militants à réserver plusieurs dimanches dans leur agenda, les 1er décembre, 19 janvier, 8 mars, 17 mai et 14 juin, lors desquels se dérouleront diverses actions qui seront déterminées en fonction des réponses du chef de l’état.
L’ouverture de la procréation médicalement assistée aux lesbiennes et aux femmes seules fait partie d’un ensemble de projets de loi débattus actuellement à l’Assemblée nationale. La Manif Pour Tous et ses sympathisants y voient notamment une rupture à la filiation, privant sciemment les enfants d’un père.
Tous les discours prononcés sur l’estrade à l’arrivée du cortège peuvent-être réécoutés via la chaîne YouTube officielle.
Les personnalités politiques à La Manif Pour Tous
Agnès Thill était l’une des personnalités politiques les plus remarquées de la manifestation. Élue député de l’Oise sous les couleurs de La République en Marche en 2017, elle s’est fait exclure du parti en juin dernier pour diverses déclarations polémiques, dont certaines hostiles à la PMA. Agnès Thill était toutefois favorable au mariage homosexuel.
Plus habituel, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, était également de la partie.
Le jeune Erik Tegnér, partisan de l’union de la droite, en était aussi. Il en a profité pour tacler Les Républicains et le Rassemblement National pour leur absence.
600 000 manifestants contre la #PMAsansPere ! C’est ça « la France rabougrie »? Avis aux dirigeants du RN & de LR: si vous continuez à nous mépriser, vous finirez dans les oubliettes de l’histoire. Bravo à @JulienAubert84 @GLarrive & @NicolasBay_ pr leur venue! #MarchonsEnfants pic.twitter.com/5BQjQq8Iwn
— Erik Tegnér (@tegnererik) October 6, 2019
En septembre, Jordan Bardella indiquait qu’il était opposé à la PMA mais qu’il ne serait pas au rendez-vous du 6 octobre. D’autres membres du RN ont cependant choisi de rejoindre les rangs de la Manif Pour Tous, à l’image de Jean Messiha, candidat à la Mairie de Paris, du sénateur Stéphane Ravier ou de Nicolas Bay, député européen.
LR pouvait de son côté compter sur le député de l’Yonne Guillaume Larrivé ou encore sur Julien Aubert, député de Vaucluse.
Une « contre-manifestation » numérique
Comme à chaque Manif Pour Tous ou marche pour la Vie, un véritable torrent d’insultes s’est abattu sur les réseaux sociaux envers les manifestants, démontrant le réel clivage sur ces thématiques et les méthodes pas vraiment pacifiques de certains militants LGBT.
« Fachos », « homophobes », « haineux », sans oublier certains qualificatifs plus vulgaires… Les termes habituels étaient accompagnés de caricatures et autres photos provocatrices, attaquant notamment les catholiques. Si le dialogue et le « pas d’amalgame » sont de mise envers les musulmans, ou que l’opposition juive aux nouvelles mesures sociétales passe entre les gouttes, l’Eglise, ses prêtres et ses fidèles sont diabolisés et injuriés à outrance.
https://twitter.com/NawakNawak/status/1180807438284578823
https://twitter.com/NawakNawak/status/1180795400766345217
https://twitter.com/NawakNawak/status/1180788800403976193
En fin de journée, le mot clé « YesIMLGBTQ » (« Oui je suis LGBTQ ») s’est par ailleurs classé 1er des tendances sur Twitter. Dessus, de jeunes gays et lesbiennes français affichaient leur fierté d’être homosexuels, « emmerdant » parfois « les homophobes ».
https://twitter.com/mathieu1seulT/status/1180901357122916352
Si Paris était « anti-PMA » aujourd’hui, le web avait semble-t-il choisi un autre camp.
Alexandre Rivet
Crédit photo : DR
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