Comme chaque année, de nouveaux romans apparaissent dans les librairies des villes bretonnes, avec une préférence certaine pour les stations balnéaires où affluent les touristes. Prenons l’exemple de la presqu’île guérandaise. Cette année 2019, au moins trois romans qui viennent de sortir se déroulent à La Baule et à Guérande.
Les ensevelis d’Escoublac**
En 1751, un séisme et une très violente tempête s’abattent sur la presqu’île guérandaise. Les habitants d’Escoublac trouvent refuge dans la petite église. Mais celle-ci est ensevelie jusqu’au clocher. Le père Boniface, curé d’Escoublac, sentant la fin prochaine, demande à ses paroissiens de se confesser publiquement. Il compte en effet, pour gagner du temps, donner l’absolution à tous en une seule fois. Chaque paroissien révèle ainsi à tous ses pires péchés. Les uns ont commis des vols, d’autres des viols… Même la bonne du curé avoue coucher avec celui-ci chaque mardi !
Qui sait que sous la dune de la forêt de La Baule sont ensevelis les deux anciens bourgs d’Escoublac, dévastés par un raz-de-marée en 1450 et une tempête en 1751 ? Un roman évoque la tempête de trois jours qui, en 1751, achève l’invasion de la dune. Celle-ci atteint le toit de la chapelle bénédictine.
Né en 1946, Marcel Cario, comme beaucoup de Nazairiens, entre aux Chantiers de l’Atlantique en 1971, jusqu’à sa retraite en 2001. C’est à ce moment qu’il entame une carrière d’écrivain. Il imagine, avec beaucoup d’humour, les torts de chacun des villageois. Son style incisif accentue l’aspect drolatique du récit. On regrette seulement quelques abus du scenario, comme la condamnation au buché de l’avorteuse ou le droit de cuissage exercé par le noble.
Marcel Cario, Les ensevelis d’Escoublac, 15 €, 140 pages, Editions du Traict.
J’étais sûr que tu me trouverais **
Dans son dernier ouvrage, Bernard Tabary retrace le destin exceptionnel, pendant la Seconde Guerre mondiale, des quatre frères Mahé et de leur mère, originaires de Guérande. C’est Josick Lancien, le président de l’association des Amis de Guérande, qui lui a révélé le destin de la famille Mahé.
Eugène Mahé, le père, meurt en 1937, à Nantes, des suites d’une blessure subie pendant la Grande Guerre. Il laisse son épouse, Charlotte, et quatre enfants : Jean, Yves, Gilles et Claude.
En juin 1940, c’est la débâcle de l’armée française. Les frères ont respectivement 23 ans, 21 ans, 18 ans et 14 ans. Mais pas question de cesser le combat ! Les frères Jean et Yves se retrouvent à Londres pour suivre de Gaulle. De cette rencontre inattendue provient le titre du roman : J’étais sûr que tu me trouverais. Par la suite, Jean, officier aviateur formé à Saint-Cyr, participe à la reconquête de l’Afrique équatoriale française auprès de Leclerc. Puis il rallie l’armée américaine et devient commandant du groupe de bombardement Bretagne. Yves, également pilote, intègre la Royal Air Force, se révèle héroïquement lors de la bataille d’Angleterre, puis participe à l’aventure de l’escadrille Normandie-Niemen aux côtés de l’Armée rouge, avant d’être capturé et interné par les Allemands en 1943. Mais il parvient à s’évader. Pendant ce temps, la mère et les deux jeunes frères, Gilles et Claude, aident la Résistance. Charlotte cache ainsi des aviateurs anglais dans son logement à Nantes. Arrêtés, ils sont mis en prison. Gilles, catholique convaincu, critiquant tant le nazisme que le communisme, est même déporté à Dachau puis à Mauthausen.
Toute la famille se retrouve en 1945, dans la maison familiale, à Guérande.
L’ancien professeur de lettres Bernard Tabary, né en 1943 à Guérande, a publié près de quarante récits (contes, romans…), dont plusieurs traitent de l’histoire de sa presqu’île guérandaise. Il est l’auteur de Bastien d’Escoublac aux éditions du Triomphe, en 2007 (tome 1) et 2008 (tome 2), roman décrivant le parcours d’un jeune Breton qui, après avoir suivi Charette et l’Armée catholique pendant la guerre de Vendée, rejoindra la chouannerie de Cadoudal. Puis il réalise des romans enracinés. Dans Le sel de la colère, paru en 2009 aux éditions de l’Ecir, il célèbre la vie dans les marais salants. Dans Le dernier sonneur, il raconte la vie d’un sonneur de veuze dans les marais de la Brière au début du XXe siècle. Il s’était déjà intéressé à Guérande pendant la guerre. Dans son roman Mauricette, l’insoumise de la Poche de Saint-Nazaire, paru en 2012 aux éditions du Petit Pavé, il décrit le parcours d’une jeune Guérandaise qui entre dans la Résistance mais fait la rencontre d’un officier allemand…
Bernard Tabary, J’étais sûr que tu me trouverais, 22 €, 352 pages, Éditions du Petit Pavé.
Avec vous demain *
En 2050. Pilote d’un airbus A810, Lucas Lagadec atterrit à Roissy. Puis il prend sa voiture volante vers La Baule. Il vit dans cette ville balnéaire avec son épouse Diane et ses deux enfants. Il va devoir résoudre une crise conjugale…
Le retraité Georges Paumard avait publié Les quartiers d’avenir de La Baule pour suggérer des orientations à la station balnéaire. Il imagine qu’en 2050, La Baule a déjà créé une faculté de tourisme, une école d’hôtellerie et de restauration, un établissement pour personnes en perte d’autonomie… et un bar a pris place sur l’île des Evens !
Il traite également de thèmes essentiels pour les prochaines décennies :
– la nécessaire inversion des flux migratoires. En 2050, le continent africain est en pleine expansion démographique. Mais des dirigeants africains parviennent à convaincre la jeunesse que l’avenir est dans son pays d’origine.
– les dangers de l’intelligence artificielle et du transhumanisme.
– l’insécurité, en forte baisse avec le développement de drones de surveillance armés.
– la mise en œuvre de moyens techniques pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique.
– les dangers de la drogue, notamment du cannabis.
Georges Paumard, Avec vous demain, 18,90 €, 196 pages, Editions Sydney Laurent.
Kristol Séhec
Crédit photos : DR
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