Ce commerçant en a ouvertement marre. « Johanna Rolland prend des arrêtés où elle est juridiquement incompétente – sur les pesticides – et où Nantes n’est pas concerné. Mais sur ses attributions directes, l’hygiène, elle ne fait rien et se fiche de nous ». Il n’est pas le seul : la saleté et l’abandon du marché de Talensac, au cœur de Nantes, soulève un ras-le-bol croissant des commerçants et des clients.
Le compacteur en panne
Comme en février dernier, le compacteur est à nouveau en panne – et nul ne sait quand il sera réparé. La mairie a mis en place une benne pour le remplacer, relevée à peine deux fois par semaine par une société privée. Le reste du temps, mouettes, mais aussi rats, mouches et frelons asiatiques s’en donnent à cœur joie ; « dommage, ils n’ont pas de carte électorale, alors que nous riverains, nombre de clients et bien des commerçants, si », s’indigne une voisine. Quant aux clients des trois terrasses aux alentours immédiats, ceux du marché et les riverains, ils subissent nuisances et puanteur.
« Ça fait des années que je suis à Talensac, et ça n’a jamais été vraiment propre. Mais là, aussi sale comme ça, je n’ai jamais vu ça », s’exclame un commerçant du haut du marché. « C’est intolérable, c’est la honte. On a tous des pièges à rats », relève un boucher plus bas dans la pente. « Mon patron a déjà appelé Johanna Rolland pour se plaindre de la benne et de la saleté, il est allé à des réunions avec des responsables de la mairie, ça n’a servi à rien », explique encore un autre.
Le président des commerçants aux abonnés absents ?
Le président des commerçants de l’intérieur ? « Il se cache quand on lui en parle, il ne sert à rien », tranche un autre charcutier. « Ce qui l’intéresse, TV Talensac ou l’espace de convivialité, on s’en fout. Nous on veut des conditions d’hygiène dignes pour bosser nous et pour nos clients, lui, il n’en a rien à faire et on se demande franchement à quoi il sert puisqu’il n’en a rien à faire de nos préoccupations et revendications », résume un autre commerçant.
Pire, la mairie de Nantes semble incapable d’entendre les critiques. Samedi 21 septembre au matin, le mur du marché côté lycée Talensac était orné d’inscriptions « de la pisse, de la gerbe, bienvenue dans le plus beau marché de France » et « le 21 septembre c’est la journée de la propreté, Johanna range ta benne ». Nombre de clients et de commerçants les ont vues. « Je ne suis pas pour les tags, mais là ces tags décrivent la réalité : le marché est dégueulasse, il y a des toiles d’araignée qui pendent depuis dix ans, murs et plafonds des auvents n’ont jamais été nettoyés, le matin le sol est dégueulasse », note encore un commerçant.
Des tags insolents
Las – dès samedi après-midi, les tags insolents mais réalistes étaient recouverts à la va-vite de peinture blanche. Sur les briques du monument classé, « ce qui est tout à fait interdit », constate un riverain. « Mais la priorité était probablement d’empêcher les clients du dimanche, ces bobos friqués bios que Johanna courtise, de voir les critiques étalées sur les murs ». Tags et peinture ont finalement été nettoyés lundi.
Entretemps la fameuse benne a été victime d’un incendie dans la nuit de dimanche à lundi. C’est un SDF qui dormait à proximité qui a appelé les pompiers. « Ils ont mis bien une demi-heure à éteindre, et ça brûlait bien », constate un témoin. « Cette benne, c’est un danger public. Encore heureux qu’il n’y avait pas trop de vent et pas de bidon de matière dangereuse dedans ». Ouverte et encombrée de déchets dès le mardi matin, elle a finalement été évacuée mardi après-midi. Une benne municipale devrait la remplacer.
« Mais ça ne change rien. On avait une benne privée qui puait, on va avoir une benne de la ville qui pue, c’est du pareil au même », constate un client habitué du marché ; selon nos informations, les riverains envisagent une « énième » pétition, que nombre de commerçants seraient prêts à signer. « Le matin quand on s’installe, y a de la pisse et de la gerbe par terre. On est obligé de mettre des cartons par terre pour monter le banc », constate une vendeuse sous les auvents. « C’est de plus en plus sale, et la mairie de Nantes ne fait rien. On a l’impression que Johanna Rolland a fait une croix sur Talensac ».
Un ras-le-bol général
Nombre de riverains, de clients du marché et de commerçants partagent un ras-le-bol commun. « On veut de la considération. Johanna Rolland n’aime pas Talensac où elle ne va jamais, soit, mais qu’elle arrête de nous empêcher de travailler », assène un commerçant du marché. « Qu’elle nous laisse vivre, qu’elle arrête d’envoyer les ASVP quatre fois par jour pour pruner les commerçants qui déballent, remballent ou nos clients », affirme encore un autre. « On a le droit à ce que nos rues soient nettoyées, que le marché soit dératisé et repeint. Talensac est une institution et le restera, mais son état actuel est à pleurer », poursuit-il.
Michel, qui habite le quartier depuis plusieurs années, est plus catégorique. « Je discute souvent avec mes voisins, et beaucoup votent ici. C’est comme un village. Nombreux sont aussi ceux – et j’en fais partie – qui sont prêts à voter contre leurs convictions, mais pour le candidat le mieux placé pour virer Johanna Rolland. À quoi sert qu’elle reste maire si elle ignore notre quartier, empêche les gens de travailler, laisse le marché à l’abandon et condamne les riverains et les commerçants aux rats, aux poubelles qui débordent et à la saleté ? On se demande franchement où vont nos impôts. »
Louis Moulin
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