Daniel Cueff vient de trouver un camarade anti-pesticides : Fabrice Roussel. Mais cela ne fait que deux maires en Bretagne. Trois, si on compte Johanna Rolland, mais là on est dans un coup de com’, Nantes n’étant pas particulièrement exposé aux pesticides.
Nous avons déjà eu l’occasion de regretter que Daniel Cueff (écolo), maire de Langouët, au nord de Rennes, se soit retrouvé bien seul dans son combat contre le préfet d’Ille-et-Vilaine : pas de signatures d’arrêtés anti-pesticides, pas de démissions chez ses collègues bretons. Mais un second combattant vient d’apparaître : Fabrice Roussel (PS), maire de La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes.
Son arrêté interdit l’usage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations. « Cette distance est réduite à 100 mètres en cas d’existence d’une haie anti-dérive continue au bord de la parcelle », ou en cas « d’utilisation de moyens matériels permettant de diminuer d’au moins 66 % les risque de dérive », précise l’arrêté municipal (Presse-Océan, mardi 10 septembre 2019).
Bien entendu, le préfet de Loire-Atlantique, Claude d’Harcourt, va saisir le tribunal administratif. Pour lui, le maire n’est pas compétent pour prendre des décisions sur l’utilisation de produits phytosanitaires, y compris au nom du principe de précaution, un pouvoir réservé à l’État. « Votre arrêté n’établit ni la réalité d’un péril imminent, ni l’existence de circonstances locales particulières qui justifieraient, au regard de la situation nationale, des mesures particulières pour le territoire de votre commune », indique le préfet au maire (Ouest-France, Pays de la Loire, jeudi 12 septembre 2019).
Évidemment, si une cinquantaine de maires bretons suivaient le même chemin, les préfets seraient moins bavards. On imagine la tête des magistrats du tribunal administratif si une cinquantaine de dossiers arrivaient jusqu’à eux… Mais cela ne se fera pas car, même si aujourd’hui les agriculteurs sont minoritaires dans les communes rurales, il n’empêche qu’ils bénéficient du soutien d’une large partie de la population ; cette dernière possédant des liens directs ou indirects avec le monde agricole. Il n’y a que les néo-ruraux à contester le modèle productiviste. Une certitude : la mouvance rurale traditionnelle ne voit aucun inconvénient à l’usage des pesticides. Et les maires tiennent évidemment compte des prochaines élections municipales : mars 2020.
Bernard Morvan
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