Le Canard enchaîné se recopie. Dans son numéro du 11 septembre, il révélait que le téléphone de Steve Maia Caniço, mort à Nantes la nuit de la fête de la musique 2019, « bornait » encore à 4h33 selon la PJ de Rennes alors que le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) rendu public le 30 juillet évoquait un dernier relais à 3h16. « L’Intérieur savait que le rapport de l’IGPN clochait », titre l’hebdomadaire ce 18 septembre. La « cloche » est le fait… que le téléphone de Steve Maia Caniço « bornait » encore à 4h33 selon la PJ de Rennes alors que l’IGPN évoquait un dernier relais à 3h16. Rien de nouveau, donc.
L’Intérieur aurait dû « savoir que la principale information du rapport de l’IGPN était erronée », insiste Le Canard enchaîné. Mais c’est la principale information de son article qui est erronée. La PJ et l’IGPN ne parlent pas de la même chose, un relais n’est pas un bornage – et l’on a peine à croire que Le Canard l’ignore. Steve a envoyé un SMS à 3h16 ; il était donc encore en vie à cette heure-là. Son téléphone a envoyé un « ping » à l’antenne téléphonique à 4h33 ; il était donc encore en fonctionnement à cette heure-là. Point. Ces deux informations sont sûrement des éléments pour l’enquête judiciaire mais ni l’une ni l’autre ne prouve quoi que ce soit.
Qui plus est, l’heure du dernier SMS n’était évidemment pas la « principale information du rapport de l’IGPN ». L’IGPN était chargée d’enquêter sur le travail de la police et non sur le décès de Steve – contrairement à la PJ. Quand le Premier ministre a présenté le rapport le 30 juillet, il n’a pas fait la moindre allusion au téléphone. Seul Le Canard enchaîné affecte d’y voir une information capitale.
Pourquoi l’hebdomadaire satirique cherche-t-il à faire du neuf avec du vieux ? Parce que l’Inspection générale de l’administration (IGA) a publié son propre rapport entretemps, laisse-t-il entendre. Or l’IGA ne dit pas un mot du téléphone. Elle note expressément qu’elle reste à l’écart de ce qui concerne l’enquête judiciaire en cours.
Elle « cogne comme une sourde sur le commissaire C., chargé d’évacuer les teufeurs le 22 juin », assure Le Canard. En fait, comme Breizh-info l’a déjà signalé dans son analyse du rapport de l’IGA, cette dernière ne reproche au commissaire qu’un « manque de discernement » et non une faute (ce qui n’empêche pas Le Canard d’évoquer un « commissaire fautif »). Est-ce là cogner comme une sourde ? Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre…
Qu’a encore retenu Le Canard enchaîné du rapport de l’IGA ? Que le préfet « passe entre les gouttes » malgré une « salve de reproches ». Et c’est tout.
Pourtant, le rapport adresse une salve de reproches plus vive encore à la ville de Nantes : elle connaissait les risques et était responsables de la sécurité publique sur son territoire. L’article n’en dit pas un mot. Sa vraie révélation est donc dans ce qu’il ne dit pas : toujours prêt à critiquer la police, quitte à torturer un peu la vérité, Le Canard enchaîné évite de relayer les reproches adressés à la maire socialiste.
E.F.
Crédit photo : titres dans Le Canard enchaîné des 11 et 18 septembre.
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