La semaine dernière, plusieurs personnalités bretonnes avaient appelé la population à manifester le samedi 14 septembre à Telgruc-sur-Mer contre la pression que La Poste exercerait sur certains maires bretons pour qu’ils francisent les noms de leurs rues. Si La Poste admet que son système de traitement automatique du courrier éprouve des difficultés avec certaines particularités de la langue bretonne, elle a depuis nié toute responsabilité dans cette affaire.
La Poste n’intervient pas dans les noms des rues
Cette affaire de la francisation des noms de rues a enflé après l’appel de certaines personnalités à manifester et après la lettre ouverte de l’homme politique Loïg Chesnais-Girard au PDG de La Poste. L’entreprise nationale de distribution du courrier est soupçonnée de faire pression sur les maires des villes et villages bretons pour qu’ils adaptent les noms des rues aux logiciels de tri du courrier qui comprend mieux le français que le breton.
Après une semaine de vives critiques, La Poste a décliné toute responsabilité dans cette affaire et niait avoir exercé la moindre pression sur les maires bretons. Par ailleurs, en Bretagne, même les prénoms et les noms de famille contiennent bien souvent des particularismes que les logiciels adaptés au français ne comprennent pas. Au même titre qu’il est interdit de pénaliser un CV sur la base d’un nom de famille, La Poste se doit de respecter les particularités de la culture locale.
La langue bretonne pose-t-elle vraiment problème à La Poste ?
Dans son communiqué, La Poste a tenu à clarifier un certain nombre d’éléments. D’abord, elle a admis offrir aux maires de toute la France un service de conseils pour leur permettre de mieux organiser les voies et la toponymie des voies afin de faciliter la distribution du courrier. S’il arrive donc à La Poste de conseiller de changer le nom d’une impasse pour éviter la confusion avec une rue, la décision finale appartient toujours à la mairie.
Cette « séparation des pouvoirs » est strictement respectée par La Poste selon le communiqué qu’elle vient de publier. D’autant plus que l’entreprise a également précisé que son logiciel de tri du courrier n’était pas parfaitement adapté au breton, mais qu’il fonctionnait avec n’importe quelle langue une fois les noms des rues intégrées dans sa base de données. La langue bretonne ne possédant aucune lettre inconnue de l’alphabet latin, mis à part le « K barré », La Poste n’éprouve pas de difficulté particulière à distribuer le courrier en Bretagne.
Pourquoi une telle polémique ?
La réponse de La Poste, n’éteindra pas pour autant la polémique. Sans doute parce que les origines de la colère sont bien plus profondes que cette simple question de la distribution des courriers. La francisation des noms bretons est en marche depuis de nombreuses décennies, mais il y a une multiplicité de facteurs qui ont sans doute des responsabilités dans cette oeuvre destructrice de la culture et de la nation bretonne.
Toutefois, chaque institution qui est aujourd’hui identifiée comme potentiellement antagoniste à la langue bretonne rencontre la résistance d’une partie de la population, et on le comprend. En effet, sans cette résistance, la langue bretonne n’aurait jamais traversé les dernières décennies, c’est une certitude.
Tout comme l’identité bretonne recule, tout comme le sentiment identitaire breton recule notamment en Haute Bretagne, plus francisée que la Basse Bretagne, les noms de rues risquent de se moderniser derrière des appellations destinées avant tout aux touristes et moins aux Bretons. La résistance s’organise toutefois, et La Poste, comme la mairie de Telgruc sur Mer, ne seront pas les dernières institutions à se retrouver épinglées par la colère bretonne.
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